D’Andore à Saragosse…

Quand on quitte la nouvelle Mecque de la thune, on passe la douane. Les petits pays enclavés gardent parfois cet archaïsme en képi qui leur va si bien : la frontière. Je dois bien avouer que tout ça n’est pas pour me déplaire totalement ; ça replonge des années en arrière, à cette époque où chaque pays d’Europe était gardé par ces fonctionnaires zélés qui faisaient, certes , perdre des heures aux touristes en transit, mais tout ce rituel donnait vraiment l’impression  que passer d’un pays à l’autre ce n’était pas un truc de rigolo, qu’il fallait oser affronter ces gardiens à petits fronts pour se retrouver de l’autre côté. De l’autre côté c’est l’Espagne, il y fait bien frisquet et consciencieusement, je teste mon équipement. Sur la droite, les Pyrénées Espagnoles enneigées, sur la gauche les vallées de l’Aragon embrumées. Ce va et vient entre les crêtes ensoleillées à plus de mille mètres d’altitude et les vallées noyées dans un épais brouillard humide va nous obliger de terminer sur l’autoroute pour ne pas se faire piéger par la nuit. L’autoroute qui nous amènera à Saragosse est bien sympathique avec nous, elle nous évite toutes les périphéries pour nous déposer , juste avant l’obscurité, aux pieds de la Basilique. J’ai rarement vu  autoroute aussi efficace pour amener ses passagers depuis les austères campagnes environnantes jusqu’au plein centre de la ville. Il ne nous restera qu’à trouver une petite chambre avant d’aller se perdre en simples  piétons dans toutes ces rues tellement  charmantes sous leurs lampions de Noël, tellement semblables quand on y prend pas garde, tellement perverses quand, tels des abrutis moyens, on part flâner sans même avoir noté ni le nom, ni l’adresse de cet endroit sacré où on aurait tant envie d’aller s’écrouler quelques heures…

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