De Sarragosse à Motilla…

Que suis-je donc venu chercher ici sinon, encore et toujours, des repères d’ailleurs presque oubliés? L’Espagne m’a donné mes premiers grands espaces après que, durant quelques années, j’eusse écumé, les routes de France à tous les temps de la conjugaison. Quand  on est né derrière la frontière Belge, les route de France, déjà, c’est  presque une promesse de grands espaces mais que dire alors de l’Espagne ? La première fois que je m’y suis aventuré, j’avais un tel trac que les douaniers ont dû se dire que la totalité de ma Honda 500 devait être en shit compressé…Mais bon, ils ne m’ont rien demandé malgré mon air profondément suspect, il faut dire que si telle avait été la matière principalement constituante de mon destrier, ce n’est pas dans ce sens-là que je l’aurais franchie la frontière. J’avais donc le trac, comme avant d’entrer en scène ; cette première fois-là me foutait dans tous mes états, mais après, avec le temps, je me suis un peu habitué, c’est comme ça pour tout, l’habitude nous rend désabusé. Mais il faut se remuer, remonter aux sources, là, dans ces grandes plaines désolées de la Castille où j’ai découvert mes premiers horizons lointains et où je dois redécouvrir que, bien des années plus tard, ces régions-là n’ont vraiment rien perdu de leur noblesse. L’ami Bob est toujours avec moi, bien planté sur sa 800 GS qu’il pilote avec dextérité. Il me nargue un peu avec ses amortos qui le font glisser sur les trous et ses gadgets qui lui permettent de recharger l’appareil photo en roulant ou de sortir des villes sans la moindre hésitation…Quoique sur ce point, je suis encore un peu sceptique. Le GPS est un engin bizarre. Tout comme le téléphone portable, son proche cousin, il a définitivement changé le comportement des voyageurs. Planté à un carrefour devant le panneau, le voyageur moderne est bien capable de préférer l’avis de sa gameboy à ce qu’il y a gravé sur le béton juste devant son nez. Fini l’instinct d’orientation, la mémoire de la cartographie globale, on reste planté sur ce petit écran avec sa flèche mobile et on suit sans réfléchir, tout fout le camp mon bon monsieur …Déjà qu’avec ma nostalgie des douanes, je vais passer pour un vieux réac, il faudrait peut-être que je me ressaisisse sur ce coup-là et que j’admette humblement que parfois, oui, c’est vrai je l’avoue, ce gadget à la con peut s’avérer bien utile…Voilà, c’est dit et maintenant qu’on me laisse encore rêver devant mes cartes.

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