Benidorm serait-elle la caricature de tout ce qu’est devenue la côte Espagnole en quelques décennies ? La seule richesse de ce coin sableux ce fut justement ce sable infertile. Si Javéa est restée un peu préservée des excroissances bétonnées, c’est qu’on y trouvait que du caillou pour poser ses fesses au bord des vagues. On m’a d’ailleurs raconté qu’à cette époque lointaine où il n’y avait strictement rien au bord de la mer, sinon de la pampa et quelques pécheurs, un de ces fameux dessinateurs belges avait failli acheter le sable de Benidorm ; ça ne valait pas grand chose mais que faire de cette étendue stérile? A l’époque, le belge investissait à Knockke le Zoute et l’Espagne lui semblait être une sorte de désert lointain dont le seul attrait était la poigne de fer de son sinistre Caudillo ; qui aurait pu imaginer qu’un demi siècle plus tard, on y aurait vu pousser ce Manhattan pour plagistes retraités où l’on ne croise, à l’ombre des immeubles immondes, que des blondes et des blonds bedonnants, tout contents d’eux en bermudas et bronzés toute l’année ? On m’a pourtant aussi raconté que pour celui qui prenait le temps, on pouvait retrouver, planqués aux pieds des immeubles, à l’endroit même où étaient posées leurs cabanes, les descendants des pêcheurs, grillant toujours leurs sardines à l’abri des regards indiscrets. Je crois que celui qui m’a raconté ça a croisé des fantômes et dès l’instant où je me suis fourvoyé dans Bénidorm, j’ai compris qu’il fallait surtout ne pas m’arrêter et m’enfuir le plus vite possible…
Le champ de déchets me rappelle l’une de tes photos africaines qui en comparaison, curieusement, m’avait semblé moins insupportable…
Bonjour,
je suis blond et bedonnant et tous les étés je vais avec ma Goldwing et ma femme bedonnante et blonde à Benidorm pour mes vacances. Et toc.
Tes textes sont fabuleux, tellement vivants, jouissifs, philosophiques et juste un tout petit peu R&R. Poussiéreux, vibrants comme ton destrier, de la nostalgie et des demains en veux-tu, en voilà. Putain, qu’est-ce que tu écris bien! C’est pas la première fois que je te le dis, mais me répéter me fait plaisir.
Je me demande parfois si tu n’es pas la réincarnation de l’un des derniers Chevaliers de la Table Ronde, une quête sans fin de l’impossible rêve, mêlant sans cesse rêves et réalités souvent peu compatibles.
Je te souhaite le meilleur, mon pote, toujours…
Bon voyage, où que tu ailles!