Quand je suis repassé de l’autre côté des Pyrénées, une violente tramontane balayait le Roussillon à coup de puissantes rafales glacées. Sur la Nationale , je me cale bien sur l’axe central pour parer à toute brutale déviation de trajectoire. Ce vent est un pervers, on a l’impression qu’il s’arrête pour reprendre de plus belle, qu’il change de sens sans prévenir, de préférence quand on attaque un rond point sur l’angle ou qu’on croise le trou d’air d’un semi-remorque. Au bord des étangs, il rabote la crête des vagues et pulvérise d’embruns salés, sans aucune délicatesse, le motocycliste égaré. Il le désarticule, lui tord le cou et lui vrille les nerfs. Entre Narbonne et Béziers, il s’apaise un peu mais ce n’est que pour mieux passer le relais à son collègue le Mistral tout aussi violent. Le Mistral est moins vicieux, plus constant dans son débit, mais il n’en est pas moins vigoureux et quand enfin, j’arrive au terminus de cette boucle hispanique, je me dis que pour m’initier aux pays froids, j’aurais pu tout aussi bien tourner autour de chez moi , mais un parfum d’ailleurs si près de chez soi, ça ne se refuse pas…
Quel final, en toute beauté !
Quant à moi, je retrouve l’odeur fumée de la Réunion sous une chaleur écrasante. Pas de vent pour me pousser vers un ailleurs ou me faire dévier de ma trajectoire. Le passage du cyclone t’aurait-il plu ?
Ton dessin est magistral.
Bravo !