Brumes bavaroises…

Pour la deuxième nuit, j’ai eu envie de camper à l’arrache dans la montagne. C’est toujours bien  de se choisir un alpage avec une jolie vue et d’orienter sa maison de toile vers le soleil levant. Mais il a fallu prévoir une pente pour le démarrage parce la galère à l’aube du troisième jour, c’eut été vraiment beaucoup trop tôt. Le matin, la moto a démarré et la météo a viré de bord. Nuage épais, humidité matinale tout aussi épaisse, c’est raté pour le soleil à l’aube, pourtant j’avais trop bien calculé mon orientation…Je redescends au village et me trouve une jolie auberge à l’ancienne, recouverte de petites ardoises en bois, le patron est très jovial, il me propose des omelettes au champignons et de la connexion pour raconter  ma vie.  C’est trop bien les temps modernes, c’est trop nul aussi, on est connecté en permanence et il suffit d’un message pas terrible pour voir le ciel plus gris, les nuages plus épais et les flics plus chiants. En Suisse j’avais trouvé les autoroutes gratuites bien agréables, en Autriche beaucoup moins…quelle idée aussi de se retrouver sur l’autoroute dès la douane : la faute de débutant; c’est toujours là qu’ils guettent. J’ai tenté l’apitoiement, la désinvolture ou le temps qui passe, rester là, attendre qu’ils se lassent…j’ai juste pu constater le nombre de prises qu’ils pouvaient se faire en une heure et à quel point ils en exultaient, alors j’ai accepté ma défaite. Du coup, j’y suis resté sur l’autoroute, comme le temps virait salement ce n’était pas plus mal…et puis au prix où je me l’étais tapée cette vignette à la con, autant l’amortir. Je me suis arrêté boire un café sur une aire d’autoroute ; par la fenêtre, j’ai vu une patrouille de flics ralentir près de ma bécane puis en faire le tour. Je suis resté derrière la vitre à les regarder m’attendre, ils ont bien tenus dix minutes ; c’était ma petite vengeance à moi ; ils seraient restés là une demi heure de plus, j’aurais continué à boire des cafés en savourant cette minuscule vengeance…ils ont fini par partir et j’ai repris la route…Je suis remonté comme ça jusqu’au Tyrol puis en Bavière…Ici, plus d’alpages où chercher un emplacement joli, juste des montagnes en rochers raides et embrumés, j’aurais mieux fait de chercher une piaule, mais après le coup de la vignette, j’ai pensé qu’il fallait la jouer tout petit budget et en prenant au hasard un petit chemin qui grimpait entre deux cailloux, je me suis trouvé une vraie cabane de trappeur. Si ce n’était qu’elle et le bruit du torrent à côté, j’aurais pu me croire il y a cent cinquante ans, mais avec l’antenne juste derrière, je suis encore bien obligé de constater que les communications modernes ont vraiment pourri l’ambiance des voyages lointains…

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