La pluie est revenue dans la nuit puis elle est restée bien plantée au dessus de ma tête toute la matinée. Quelle sympathique sensation que de refaire le paquetage sous la flotte. La moto a réussi à démarrer, mais dormir en apnée, elle n’aime pas du tout ça…il a fallu que je fasse quelques kilomètres pour qu’elle accepte de tourner rond sous les averses soutenues. Salzbourg, un dimanche matin, sous la pluie, il n’y a rien de mieux pour soutenir le moral. Tout est fermé partout, seuls quelques groupes de touristes sous parapluies bravent la pluie soutenue pour aller se faire photographier devant la statue de Mozart au pied du grand château blanc. Il faut que je reparte d’ici, je trouve une entrée d’autoroute et m’y engouffre sans réfléchir. Le seul endroit ouvert le dimanche, ici, ce sont les stations d’autoroute, je ne suis d’ailleurs pas le seul motard à y chercher refuge, on peut toujours comparer nos machines et nos équipements, ça tue un peu le temps…je me sèche lentement en attendant une vague éclaircie…Ici le motard roule essentiellement en BMW GS et toujours discipliné. Si c’est différent, un peu décalé, c’est un italien ou un français. Dans un des innombrables cols de ces contrées alpines, alors que je doublais allègrement tous ces collègues respectueux de la moindre limite de vitesse ou du plus ridicule marquage au sol, j’avais repéré un petit mec qui remontait les files en remerciant du pied, installé sur une 600 CX d’un autre siècle… A l’occasion d’une recherche d’itinéraire, je me suis mis à sa hauteur…ça n’a pas loupé, dis-donc : c’était bien un Français… Il faut dire qu’il n’y a que les Français pour remercier du pied des bagnoles doublées en ligne blanche ; même moi je ne le fais pas ! J’ai toujours trouvé que remercier une bagnole en levant la patte comme pour pisser dessus, ça faisait vraiment trop bizarre…moi, c’est avec la main ou rien. J’aurais bien trop peur de perdre une tongue, même si, pour la première fois de ma vie, je n’ai pas quitté les bottes depuis le départ. En arrivant à Liezen, petite bourgade de bord de route, je me suis pris une vraie piaule pour sécher tout mon attirail, ma toile de tente prend beaucoup de place et mes cartes routières aussi…au milieu de tout ça, je vais bien arriver à me trouver un coin où dormir…
Ah tient, ca c’est marrant: moi aussi j’ai cessé de sortir le pied pour remercier. Toujours la main (gauche) levée pour dire merci, la tête franchement tournée vers le rétro droit pour que le quat’roues comprenne bien que c’est pour lui derrière que je salue devant. Y’en a qui doivent comprendre, car parfois j’ai un petit coup de phare en réponse.