J’ai campé n’importe où, derrière une gravière mais quand même près d’une forêt avec quelques chevreuils pour décorer. J’ai dormi n’importe comment, par intermittence. Plus encore que les autres fois, je me demande ce que je suis venu chercher ici et ce que je compte trouver plus loin encore…Le matin, j’ai passé l’ancienne douane du bloc Est-Ouest…elle est un peu abandonnée, comme tous les commerces tout autour qui ne vivaient que de la frontière, je connais ça très bien, on a vécu la même chose dans mon village natal, entre Mons et Maubeuge…Il fait gris, quelques gouttes, l’air est doux…Comme je suis en avance et qu’on ne m’attend pas à Budapest avant le soir, j’ai fait un détour par le lac Balaton. Ce n’est pas le Léman avec les Alpes qui se jettent dedans, ni le Baïkal dont, paraît-il, les transparences profondes en hiver n’ont aucune rivale sur terre. Ici l’eau est un peu brune, la rive couverte de roseaux et tout autour ce ne sont que des petites collines, mais dans ce pays tout plat et sans bord de mer, tout ça, c’est le must. On trouve le long du lac, quand il n’y a pas de roseau, tout ce qui fait le charme désuet des stations balnéaires…les marchands de bouées de pelles et de seaux, l’odeur des barbes à papa, les tongues et les shorts fluos bien attachés, juste sous le bide…Je déambule le long du rivage, je cherche l’odeur d’iode qui ne viendra pas et puis je reprends la route de la capitale…