Le lendemain, les mécanos sont venus me chercher, pile à l’heure prévue, neuf heure du mat devant la porte…on a un peu perdu de temps au passage à niveau mais c’est pas plus mal, il fait moins cinq dehors, si ça peut grimper de deux ou trois unités, je suis preneur, je sais que je vais devoir rouler sans les poignées chauffantes ; deux ou trois degrés, c’est sacré. Au passage à niveau, il y a eu cinq trains de suite, trois dans un sens deux dans l’autre, faut pas être trop pressé, le plus court faisait quarante trois wagons, le plus long soixante douze ; même à travers la couche de givre, ça occupe de compter les wagons, je commence à comprendre les vaches. Quelques cafés et quelques dessins plus loin, j’ai repris la route sans m’arrêter, sauf deux fois pour pisser sans couper le moteur… deux cent bornes jusqu’au terminus, c’est pas la mort, mais ça caille au bout des doigts. La moto a tenu tout le trajet, puis s’est remise en carafe juste au centre ville… Tout ça, c’est finalement très bien calculé. J’ai cassé la croûte à l’hôtel chic devant lequel je m’étais échoué mais ce n’est pas là que je dormirai, le jeune directeur de l’Alliance Française m’a trouvé un appartement hôtel avec des dortoirs, un peu comme chez les motards de Novosibirtsk, mais ce n’est pas la même clientèle, tout est occupé par des préados, qui braillent et ricanent en pétant, puis pètent en ricanant…je crois que je vais très vite regretter les motels au village…
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