La moto a bien démarré malgré l’épaisse couche de givre, mais j’ai vite compris en roulant que la panne d’Ekatérinburg était en train de revenir, la batterie se vidait inexorablement, les pièces Lada ont déjà dû rendre l’âme…j’ai refait le plein d’essence sans couper le moteur et je me suis arrêté quand, batterie complètement vide, après des pétarardes d’allumage qui rend l’âme, ma monture s’est échouée au bord de la M53… Trois kilomètres à pied jusqu’à la station ; le pouce levé, ça n’a pas fait d’effet. Mais petit à petit, entre les pompistes et un motard de passage, les choses ont commencé à s’arranger…on est allé chercher mes bagages, puis on a tracté la moto jusqu’à un garage sibérien tout bordélique.
J’ai réussi à juste leur expliquer qu’il fallait simplement charger ma batterie à bloc pendant toute la nuit, pour que j’arrive à me rapprocher le plus possible d’Irkutsk le lendemain et que là-bas, ce serait sans doute plus simple de réparer. Les garagistes nous ont déposés dans un hôtel de village, moi et un autre sinistré de la route qui risque d’être là pour quelques jours, il venait de trois mille bornes au nord, où il bosse et rentrait chez lui sept mille à l’ouest; on a pas peur des kilomètres dans ce pays… L’hôtel du village fait un peu foyer Sonacotra comme ambiance, mais c’est bien chauffé et demain, bien sûr, sera un autre jour…
C’est l’hôtel la petite masure au toit rafistolé et aux volets bleus ?
Ah non, c’est pas l’hôtel…le même genre de bled, mais l’hôtel ne ressemblait à rien, un grand bâtiment gris sans étage, un couloir, dix chambres collectives de chaque côté, le genre d’endroit qu’on oublie…
Parfois pesante finalement cette obsolescence volontaire quand ni les paysages, ni les autochtones ne s’y prêtent. Ne désespérons pas : jusqu’au détroit, il y aura toujours au moins une LADA à dépouiller pour te faire avancer !
Bonne route, et merci pour tes récits…
VV