Cette semaine c’est la fête de l’Aïd, ça n’arrange pas beaucoup les délais pour le visa mais nous sommes invités à la fête de famille, dans le village natal, à cent bornes de Bishkek, sur la route qui retourne vers Almati. La famille habite un petit immeuble soviétique au pied des montagnes. Juste derrière, il y a quelques barres de béton en ruines. A la fin de l’Union Soviétique, d’innombrables projets collectifs se sont arrêtés du jour au lendemain, des plus grandioses, comme Tchernobyl, aux plus modestes, comme ces barres de logements qui, des années cinquante à la Perestroïka, ont poussé partout de Berlin à Vladivostok. Assis sur les épais tapis Kirghizes, on mange du mouton, des poivrons puis du mouton…Je dessine toute la famille, bien calé dans les coussins. En début de soirée, on rentre à la maison, Rayban’s chinoises, clope et téléphone à la main, musique à fond la caisse, notre champion de Kickboxing conduit sa Lexus comme un héros de série policière des seventies. A l’arrière, on écoute notre estomac qui, au gré des virages et des bosses, s’applique consciencieusement à digérer le mouton…