les hôteliers

Aziz s’ennuie dans son petit hôtel de village qu’il rénove peu à peu. Au premier, il y a un grand salon, une cuisine et trois chambres. Au rez de chaussée une vague réception qui n’a pas l’air de servir à grand chose. Aziz m’invite à partager son repas, il a réchauffé au micro onde deux portions de Bolino, il ne parle que Russe,  me montre la photo de son gamin me demande comme il peut de quoi est faite ma vie, où je vais, d’où je viens. Il y a de grands silences, son regard est un peu vague et son sourire triste, il doit terriblement s’ennuyer dans son auberge. Le lendemain, nous partageons un petit déjeuner sommaire, du thé et des gâteaux secs…au moment du départ, il me fait comprendre que je suis son invité, qu’il était content d’avoir discuté avec moi. Me revoici donc sur la route, le vent est tombé mais l’air est toujours saturé de poussière jaune.  Deux bonnes heures plus tard, la route est redevenue une Nationale digne de ce nom. Je m’arrête devant un hôtel assez digne de ce nom, lui aussi, et pas vraiment fini non plus. Akhmetibad, le gérant, est fier de me faire l’article. Je lui explique que c’est dommage qu’il ne soit que dix heures du matin, sinon, promis, j’aurais fait étape chez lui. C’est pas des conneries, il y a un resto, du wifi à profusion, l’étape idéale, mais bon, c’est juste qu’il est vraiment trop tôt… Il m’invite à partager son repas ; il y a des jours comme ça où les hôteliers sont d’une générosité infinie…ma gueule, usée par les vents de poussière doit commencer à ressembler à celle d’un vieux prophète…

La route sera longue, mais je profite largement d’une autoroute fraichement goudronnée mais encore fermée à la circulation pour considérablement remonter ma moyenne. Six cent bornes plus loin, un peu contusionné quand même, je profite de l’air encore doux pour planter, une fois encore, ma cabane en toile au milieu d’une lande herbeuse…c’est dommage, je croyais pouvoir encore partager ma nuit avec les grillons, mais là-bas, dans un lointain qui ne l’est pas assez, passent régulièrement de lourds et interminables trains de marchandises.

One thought on “les hôteliers

  1. Le prophète Tongue Rider sillonne le monde et porte sa bonne parole aux plus simples et aux oubliés, offrant un peu de rêve et d’aventure à ceux qui ne rêvaient plus.

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