petit à petit, le long du lac…

Dormir sous la tente, c’est se choisir un coin en pleine nature pour passer une nuit fusionnelle avec elle, même si mon petit matelas a rendu l’âme depuis longtemps et que donc, je fusionne aussi avec les cailloux. Quand c’est gâché par la fréquence ferroviaire et que le matin s’offre sa première fraicheur, on se dit que l’hôtel, c’est pas mal non plus. La route est longue encore pour remonter vers le nord ; elle est aussi passablement défoncée et très peu fréquentée.

Si je n’avais pas croisé une équipe de cantonniers en train de réparer leur bulldozer, je serais sans doute resté en rade quelque part sur le plateau désertique. Grâce à leurs trois litres siphonnés dans une camionnette Uaz , j’ai pu rejoindre l’axe Almati-Astana, nettement mieux pourvu en stations services. Je suis un peu barbouillé, ce serait un bon jour pour se reposer. Je longe le lac Balkhach, le deuxième du pays et bientôt le premier puisque la mer d’Aral se rétracte inexorablement  pour se disperser dans les champs de coton Ouzbèques. La lumière est belle mais tout ce qui longe le lac, plutôt moche. Si je rêvais d’une petite auberge au bord de l’eau, c’est franchement foutu, il n’y a que des usines, des cimenteries et des lignes à haute tension. Les quelques rares villages aux toits de taules doivent être habités par ceux qui, tout le long de la route, proposent des poissons séchés comme des vieilles chaussettes sur des cordes à linges. A moins qu’ils ne soient péché comme ça ; avec toutes ces usines, il ne faudrait s’étonner de rien. Et puis le moteur a semblé ratatouiller…je me suis arrêté, j’ai vérifié l’allumage puis j’ai continué lentement, il ne restait que trente bornes…dix plus loin, le pneu avant ressemblait lui aussi à une vieille chaussette, décidément, il y a des jours où tout incite à la pause obligatoire…J’ai continué, encore plus lentement. Des routiers ont essayé de regonfler mais sans succès. J’ai continué mon tout petit bonhomme de chemin jusqu’ à la périphérie de la ville de Balkhach …Des stations services, des restos routiers, des lignes à haute tension, la ligne de chemin de fer et une auberge. C’est très propre très chauffé et très moche. Le lino imitation parquet, les deux petits lits trop dur, les chiottes dans le couloir, la routine. La taulière doit peser au moins cent kilos, décidément tout dans cette halte déborde de romantisme…

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