C’est bien tout petit, Omolon, mais on ne l’a pas loupé. Un gros village perdu avec, dès l’entrée, en bord de forêt, un garage à camions où je vais sans doute faire une pause aléatoire d’une durée absolument indéterminée . C’est bien calme Omolon, sauf autour du garage à camions… tous les conducteurs qui font la pause ici entre Magadan et Bilibino dorment dans la cabine et laissent tourner le moteur pour roupiller au chaud.J’ignore complètement quelle sera vraiment la consommation totale pour un Kamaz six-six, à dix à l’heure, pendant cinq cent bornes, plus les nuits pour le chauffage et d’une certaine manière je préfère ne pas le savoir. J’ai scrupuleusement ramassé les boites en plastique que semait Yura pour apaiser ma conscience qui ne sera jamais vraiment sereine quant à mon bilan carbone. Peut-être que ces phantasmes de voyages lointains sont un caprice de gamin du vingtième siècle et qu’il faut, une fois pour toutes, admettre qu’on a changé d’époque et que, finalement, le Paris Dakar devrait être considéré, depuis quelques années déjà, comme un crime contre l’humanité…Omolon, c’est donc très calme. Quand, la goutte au nez, on marche le soir dans l’unique rue sous le ciel chargé d’étoiles, il n’ y a pas le moindre bruit… jusqu’à ce qu’un chien aboie. En un instant, c’est une réaction en chaîne qui submerge l’épais silence; tout le village résonne des hurlements de chiens; le piéton égaré aura bien du mal à regagner sans un léger stress le garage à camion où il a élu domicile.Il ne me reste qu’à trouver un camion pour Bilibino ; je n’ai aucune inquiétude, je suis arrivé dans l’endroit idéal. Idéal pour trouver un camion, je veux dire, parce que, par exemple, pour draguer, ce n’est pas vraiment ici, l’endroit idéal ; le monde des camions reste désespérément masculin…
C’est sûr, il y a plus écolo comme voyage… mais c’est bien que tu puisses témoigner d’un monde qui nous est totalement inconnu et perso, me paraît pas respirer la joie de vivre… ethnologie assez désespérante par moments…
détrompe-toi, ce n’est pas le climat, ni le confort qui fait la joie de vivre et tout ce petit monde a bien souvent la super bonne humeur! Ces camionneurs ont la vie dure mais ils ont totalement libres et content de l’être et pour rien au monde ,ils ne changeraient leur vie!