Sur la route

Sur la route, il me manquait un peu, Hassan, pourtant il était bien fatiguant ce garçon. Comment le décrire ? Une sorte de mix entre Jean-Pierre Bacri et Jean-Claude Van Damme, entre une bougonnerie maladroite et un virilisme exacerbé. Emma doit souvent aller se reposer chez ses copines et ça se comprend.

Les filles n’ont pas beaucoup de place dans le monde des camions et des garages, il y a parfois celle qui fait discrètement la cuisine à la cantine, mais, même elle, elle est bien souvent remplacée par un solide gaillard qui d’ailleurs prépare Lui aussi très bien la soupe à la viande, il faut bien le reconnaître. Je crois qu’en Russie, souvent, les filles ressemblent aux filles d’avant. J’avais appris un jour que le kiné qui m’avait rééduqué la cheville il y a quelques années était marié à une femme russe. Évidemment ça m’avait intrigué et je lui avais posé quelques questions. Il faut bien avouer que sa réponse m’avait surpris… Ce qu’il avait cherché, ce garnement, c’est une fille comme avant, une qui reste à la maison et qui torche les mômes sans faire la gueule. Cette sidérante réponse m’avez cloué le bec. Elles ont encore du chemin à faire les femmes de Russie. Et qu’elles le fassent donc, je suis de tout cœur avec elles ; mais si possible en s’arrêtant un tout petit peu avant la case où on va balancer ses porcs à tout-va. Mais je suis sans doute moi aussi d’une autre époque…

Je chemine, je cogite et je découvre que mon chauffeur s’appelle encore Andrey, qu’il parle un peu anglais et qu’il n’écoute pas de variétoche russe. En conduite de nuit, il s’applique, on parle un peu, c’est bruyant le camion et puis ça secoue. Ça remue d’autant plus que je m’étais préparé à une nuit de plus dans le grand lit fleuri…
Après deux ou trois heures de route dans un lit de rivière gelé vers 2h du matin, c’est le moment de la pause. Au bord de la piste blanche, pour une lune légèrement voilée, Andrey devient plus volubile, il se vide à lui tout seul une petite bouteille de vodka puis s’effondre en ronflant dans sa couche.

One thought on “Sur la route

  1. Je suis curieux de savoir si demain matin tu vas te réveiller dans ton charmant cottage de Bilibino (dont je te rappelle qu’on ne s’évade pas comme ça) sous les traits de Patrick McGoohan dans le Prisonnier. Quel sucepince ! Bravo pour les efforts constants et surhumains que tu déploies jusqu’ici.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*