Une fois que j’avais réussi à avoir le billet d’hélicoptère, il fallait que les choses s’enchaînent. Dès que suis arrivé à Anadyr, Ivan, un collègue de Marat, m’a assisté pour que je prenne un vol pour Moscou. On en a trouvé un par Irkoutsk, les vols directs étaient complets pour plus d’une semaine. Mais où est donc passée cette délicieuse liberté dont on jouit en voyageant à moto ?
Ensuite, c’est la fête de la Victoire. Après le défilé du souvenir, où l’on descend l’avenue principale avec le portrait d’un parent mort à la guerre, sous les drapeaux rouges et les ballons tricolores suivi d’ une modeste parade militaire, vont se succéder pendant deux heures, des chansons soviétiques en uniformes d’époque, ou folkloriques en costumes. Kristina, la fille de Raysa, participe à trois chorégraphies Tchoutches.
Je déambule au milieu de tout ça. Le soir, Pasha regarde le défilé à la télé et Raysa tente de m’initier aux chiffres tchoutches . Quand je pense qu’en chiffre russes, je n’ai pas dépassé le quatre et que en tchoutche, six, ça prend au moins trois lignes, je capitule bien vite, mais je ne lui dis pas, à Raysa, elle est trop contente d’initier une espèce de touriste égaré à la langue de ses ancêtres…
J’attends le lendemain…Je compte jusqu’à six…
Khnnèn, n’yrék, nkhrok, n’khrak, mkhtlkhn’èn…khnnanmkhtlkhn’èn
…et avant de songer aux tables de multiplication, je m’endors…