Derniers virages…

Je suis donc reparti. J’ai fermé les portes et coupé le gaz. Je reviendrai une autre fois , dans la poussière des souvenirs,exorciser mon passé de petit môme rêveur. J’ai remis mon gros sac étanche Nautiraid, bien sanglé en largeur, sur le porte-bagage. Je le trouve  d’ailleurs un peu trop étroit ; pas moyen d’ empêcher le sac de venir cramer sa couenne sur le gros pot, mais peut-être qu’une autre fois, je pourrai tester la bagagerie maison et voir si le fabriquant a bien pensé aux voyageurs au long cour. Sur le cadre et le porte bagage, ça ne manque pas de petits points d’ancrages subtilement dispersés pour toujours trouver où passer une sangle ou accrocher un tendeur. J’ai essayé dans tous les sens ; tellement bien qu’une mauvaise prise m’a envoyé un tendeur dans la gueule. J’ai pu me permettre une petite visite au pharmacien du coin qui en me voyant arriver, la gueule un peu ensanglantée,  mon vieux chech de baba en compresse frontale, a dû croire que la guerre avec la France avait dû être déclarée. Un petit pansement plus tard, j’ai repris la route dans l’autre sens. La route de la douane passe par  Gognies- Chaussée, le village coupé en deux . Au milieu la route qui a donné son nom au village, d’un côté la Belgique, ses bistrots friteries, ses magasins de bière et de clope, sa station d’essence, son monument au mort et sa maison communale ; de l’autre côté la France, ses restos, ses marchands de vins, son monument au mort et sa mairie. Du temps d’avant l’Europe moderne, il y avait là, chaque mardi, un marché international qui donnait lieu à d’innombrables petits trafics et un joli déploiement  de brigades de douanes volantes. Je suis reparti par les Ardennes et la Champagne, difficile de se retaper la Nationale Deux quand on sait qu’il va falloir rendre bientôt cette petite machine si joueuse dans les enchaînements de virages. À la sortie du Luxembourg, je suis passé par Schengen. J’ignorais que le lieu qui avait donné son nom à tout l’espace européen  n’était qu’un gros village frontalier qui ne se différencie des autres que par le nombre de stations-service le long de la rue principale. C’est vrai que cette bourgade chevauche trois pays,mais le Luxembourg est séparé de l’Allemagne et de la France par la Moselle et nulle part on ne trouve l’internationalisation rurale si typiquement décalée de Gognies-Chaussée. Non vraiment, les accords Schengen qui ont scellé l’avenir de l’Europe moderne, auraient dû être signés  à Gognies-Chaussée, l’Europe de la monnaie unique aurait dû s’appeler Espace-Gognies-Chaussée et le visa qui permets d’accéder à ce merveilleux espaces de liberté et de finance toute puissante aurait pu s’appeler le Visa-Gognies-Chausséee…Mais ça sonne pas terrible, alors l’histoire en a décidé autrement, et puis mon père qui tenait tant à sa tranquillité, n’aurait sûrement pas apprécié tout ce bordel au bout de la rue.  J’ai donc fini par ramener la moto à son port d’attache et je suis reparti sur mon increvable vieux flat Béheme pour de nouvelles aventures…

9 thoughts on “Derniers virages…

  1. dis donc je n’avais encore jamais vu ton vieux flat, j’vois ke lui zossi est equipé d’1 gro bidon pour laisser libre cours à tes nouvelles pérénigrations poétiks…

  2. Comme d’hab’, c’est vachement bien écrit. C’est un plaisir de te lire. Bonne route et à bientôt. Merci de nous faire partager tes impressions.

  3. point d’Encrage, long courT…….. ça veut dire quoi???? Bon, merci pour cette nouvelle, malgré ces mots qui ne veulent rien dire

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