La petite famille est venue me chercher en fin de matinée. Après que nous ayons déposé Vadim, le fiston, à la station de ski, nous sommes partis… à la pèche.
Ici, on pratique surtout le ski de fond, il y a même une longue piste éclairée, sans doute pour les très longues nuits d’hiver. Pour le ski alpin, une seule piste aussi et un tire fesse à l’ancienne, des pioches avec deux personnes en même temps…Avant la partie de pèche, nous sommes allés marcher sur la glace, aux pieds d’une colline escarpée, quelques pécheurs de crabes y vivent dans des baraques isolées.
La mer plus agitée que dans la baie ne gèle pas et grouille d’énormes crustacés. Evgeniy m’initie à la glace ; celle de la mer a toujours la même épaisseur mais elle varie à la formation en fonction des marées et des vents. Dans les baies protégées, ça peut être entièrement gelé sur des dizaines de kilomètres et dans les espaces dégagés plus houleux, pas la moindre plaine de glace. C’est la marée qui provoque les ruptures de plaques qui peuvent subitement isoler un pécheur qui se serait avancé trop loin. En rivière, c’est la force du courant qui rabote la glace par le dessous, elle peut donc avoir deux mètres d’épaisseur et, quelques pas plus loin, quelques centimètres à peine. Il me raconte les accidents, les bagnoles qui partent en croisière toute seule sur leur plaque pendant que des équipes de sauveteurs vont chercher leur chauffeur imprudent. Mais , à part Evgeniy qui en a vu trop, les pécheurs sont un peu tous des imprudents, surtout ceux pour qui c’est un vrai boulot et qui vendent le produit de leurs virées quotidiennes sur les marchés de la ville. Il y a évidemment chaque année, des bagnoles qui finissent au fond, ou pire, en rivière, celles qui s’encastrent en dessous à cause du courant qui pousse tout sous les plaques qui coincent les portes… Quand on marche tranquillement sur ces eaux si joliment figées, on a du mal à imaginer tout ce qui peut subitement se tramer là dessous.