Retour dans un club arrosé…


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Le lendemain, je m’étais entrainé à ma nouvelle routine : une douche où on peut s’asseoir, une table pour dessiner face à une fenêtre, un fauteuil à côté du lit pour bouquiner. Comme un vrai petit handicapé, je me structure pour la semaine un environnement propice au travail avec déplacement limité. Mais en fin de matinée, Kiryul vient me chercher avec son gros Land Cruiser toutes options, il me propose de visiter un peu la ville puis de m’installer au club. J’ai comme une légère angoisse qui monte ; vais-je, comme à Tchita, me retrouver dans un endroit perdu, sans chauffage, sans eau, sans vivres?      Il me rassure: c’est très confortable ; bien chauffé, équipé et on vient de refaire l’installation pour la flotte. En attendant, sous un crachin neigeux, on fait un tour de ville pour terminer dans une sorte de fort en bois, moitié resto chic, moitié musée régional. La cuisine Yakoute est essentiellement carnivore, même la soupe est à la viande ; mais de la viande sauvage parfumée aux herbes de la forêt.

Ensuite retour au club ;  Kiryul compte bien trinquer avec moi. La soirée vodka, je croyais y avoir échappé ces dernières semaines… On trinque donc, cul sec et dans la foulée, le bout de gras, les oignons crus et le pain noir. Attention, si on a pas vidé le verre, on remet ça….Nous ne sommes que trois, pas moyen de tricher…et puis, je suis avec mes sauveteurs, alors, c’est une question d’honneur. Je me rattrape en forçant sur le pain et l’oignon ; ça ne peut qu’atténuer les effets de la vodka. Un peu plus tard, mais je suis bien incapable d’évaluer de quel « plus tard » il s’agit,  Kiryul me dira juste qu’on a pas réussi à réparer l’eau…mais à deux cents mètres il y a l’Auberge London, c’est tout pourri mais pour quelques  roubles on peut prendre une douche…Deux cent mètres de verglas en béquilles au petit matin sibérien, je préfère encore croupir dans ma crasse avec une explosive haleine d’oignon …

quelques vues éphémères de Yakutsk et son chauffage urbain…