Quelques tergiversations préliminaires…

Ce fameux jour où je me suis pris le sanglier, juste entre le choc et la fin de la chute, j’ai tranquillement vu défiler ma vie comme dans un film de Claude Sautet. J’ai surtout imaginé l’après plus que l’avant, je n’ai pas revu mes premiers pas ni la classe de maternelle, mais, avec une sorte de détachement, je me suis dit que là, à cet instant ma vie allait changer, que c’était sans doute la fin du voyage, une autre existence qui commençait…En général quand on se prend un sanglier à moto, toutes sortes de choses de la vie s’arrêtent  net. Je me suis échoué avant le fossé, la moto aussi, je me suis relevé, la moto aussi et puis on est reparti, la moto, moi et le sanglier  mort en passager. Il y a quelque chose qui ne collait pas dans cet accident-là ; certes, le sanglier n’avait pas survécu, mais je suis reparti tranquillement avec ma monture, comme si la vie allait continuer tout pareil qu’avant.Ce soir-là, je me suis fait plaquer…

Il y a des petits évènements de la vie qui donnent férocement l’envie de fuite dans le désert… de sable, de cailloux ou de neige, on s’en fout, mais un grand espace indispensablement  vide dans lequel se fondre à jamais… J’avais assez perdu de temps à croire que l’une ou l’autre firme allait me soutenir dans mon nouveau projet, il fallait vite que je bricole tout seul et que je reparte avant d’être tout vieux et tout moisi. J’avais mes skis pour moto à essayer et puis les chaînes spéciales, fabriquées en Autriche,qui m’attendaient à la poste. J’ai tout de suite  voulu essayer ça et  tout  aussi vite compris que ça ne serait pas simple à monter au bord de la route, par moins vingt cinq, un soir de blizzard, mais on a une fâcheuse tendance à remettre certaines choses au lendemain en sachant pertinemment bien que quelques mois plus tard, on regretterait sans doute ce dilettantisme débonnaire. Un jour où je revenais d’une séance de bricolage soudure, j’ai encore trouvé le moyen de repousser mes départs en laissant traîner un bout de mon faisceau électrique contre le pot d’échappement, la moto a un peu commencé à flamber, mais comme le dieu Sanglier est avec moi, j’ai réussi à stopper l’incendie et aussi à perdre trois semaines pour réparer tous les dégâts.  Mais finalement,  tout semblait prêt pour aller essayer mes nouveaux jouets à la montagne. Pendant que je réparais mes câbles fondus un redoux inattendu est venu balayer l’arrière-pays. On m’a dit là-haut qu’il n’y avait pas beaucoup de neige. Si je n’y vais pas , je ne partirai jamais…demain, on va la tenter cette étape décisive de l’essai  ski-moto ; mais je crains terriblement que ce soit un essai de ski nautique…

3 thoughts on “Quelques tergiversations préliminaires…

  1. Et bien cowboy moderne, on est en attente de la suite de cette drôle et énigmatique expédition polaire. Elle est arrivée la neige, oui ou non ?
    De toute façon, un petit bol air en plein hiver, histoire de faire le point sur ses derniers aventures : c’est pas mal non plus ! Courage pour la descente vers la mer, sans oublier le vieux dicton : « jamais deux sans trois ». Alors, grande prudence.
    Pensée positive et ensoleillée.

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