Quand les sidecaristes passent au salon…


Daniel Caen

Un « fly » de bonne augure…

Depuis des mois, les 25 et 26 octobre étaient en jaune fluo sur le calendrier de la poste aimanté sur le frigo des quelques milliers d’amateurs de side-car, cet engin caractériel, atypique, improbable, et donc indispensable aux yeux de ceux pour qui le mot passager, même au pluriel, même abîmé, s’accorde encore avec celui de liberté, cette liberté qu’on ressent si fort sur une moto quand on file dans l’air du temps, de la pluie, du vent. Entre les 25 ans de l’institution mancelle INISIDE, le 4ème salon du 3 roues, et la météo quasi printanière, la tentation était trop forte. Aussi nous partîmes pour un p’tit week-end de 1300 bornes entre Sarthe et Garonne.

Arrivés le samedi en début d’après-midi et accueillis par un très frisquet crachin (la faute à la gente bretonne très majoritaire sur le site du Bugatti ?), nous remontons la file des attelages qui patientent tout papotant en attendant de rentrer dans le camping du Houx.  Nous dirigeons Miss XJR and Mister Cyber jusqu’au parking réservé aux tièdes, aux tout mous, aux pas extrêmes, à ceux qui passent mais restent pas, bref, à tout ceux qui viennent mais ne campent pas. Parce que pour nous, cette nuit, le dodo, c’est le Formule1 à 20 roros. SylvieJolieAuDosEnBouillie, que ce soit sur pelouse ou terre battue, un lit trop froid, elle y a pas droit. La faute à sister morphine, dirait Marianne Faithfull… Mais au diable le pathos ! De pas pouvoir jouer les durs de durs, on s’en fout, on fait avec, l’important c’est la route à deux en attendant le bout du bout, c’est notre voyage vers l’horizon au cœur des plus beaux paysages tout du long de jolis virolos qui nous font sentir bien vivants en attendant le panneau Stop ou le mot FIN.

Miss XJR ad Mister Cyber ne se sentent plus seuls

Sur place, de prime abord, ce qui nous frappe, ce n’est pas le nombre d’attelages, même si je n’en ai jamais vu autant en même temps… d’ailleurs je n’en ai même jamais vu autant tout court, non ce qui nous surprend, c’est la variété. Bien qu’ils aient tous trois pattes, y’en a pas un pareil. La preuve ? Y’a qu’à cliquer (copyright INISIDE) :

https://plus.google.com/photos/105275199232599838709/albums/6075266674515832529?banner=pwa

Comme quoi, la diversité, ça n’empêche pas l’unité.

Depuis mon stage (un an déjà…) et ma découverte de cet étrange biotope qu’est l’univers sidecariste, je me suis fait peu de nouveaux potos à 3 roues. Faut dire qu’en douze mille bornes, j’en ai pas croisé des tonnes. Même pour venir ici où y’en a plein, depuis Toulouse, sur la route, j’en ai vu qu’un… Pourtant à peine arrivé, je tombe sur « le vieux singe » -comme il se désigne sur le net- et son épouse qui nous présentent leur premier et tout nouvel attelage :

SylvieJolie au commandes, moi, la main au panier… les fondamentaux du couple !

Sur la photo, à gauche en arrière plan, « le vieux singe », 73 ans, un jeunot du side mais un sacré vécu en moto… Remarquez la canne. Ça aussi c’est propre au bestiaire sidecariste. Dans les équipages, estropiés, estrojambes, estrobras, para et hémiplégiques, gueules cassées et corps en vrac, se mêlent aux enfants, aux chiens et aux chats, aux courts sur pattes, aux grandes tiges et aux grosses pommes. C’est pas parce que la vie laisse des traces qu’on a plus le droit de tracer dans la vie, non ? Un sidecariste, c’est encore plus tenace qu’un tarmo soliste, sa carapace peut bien se fêler mais pour le briser, apparemment, faut le tuer !

Daniel nous présente un couple qui a le même side que nous, si le mot « même » veut dire ici quelque chose… Du coup, je veux leur montrer le nôtre, histoire qu’on joue ensemble au jeu des sept différences. Là, y’a un gars qui nous attend :

– C’est à toi le side rouge

– Ouaip

– C’est moi, l’ancien proprio

…Et c’est parti pour une nouvelle discussion, la découverte d’une nouvelle vie, d’un bel échange d’expérience… et comme le dit si bien la pub : c’est pas fini…

Nous nous rendons dans le camping qui abrite aussi les festivités d’anniversaire de Iniside. Là nous rencontrons José, un autre coreligionnaire de stage, désormais lié à un Ural avec au frontispice de son pare-brise un bel auto-collant KapNorth qui veut tout dire. Dans la foulée, nous apercevons au loin un Kyrnos qui nous rappelle quelque chose. Nous approchons et tombons alors sur un autre groupe où je reconnais deux autres « stagiaires », la plus jeune (et aussi la plus jolie) et son père qui me présentent le nouveau proprio de Bidule, notre ancien attelage, qui se trouve être le parrain de l’une et le frère de l’autre ! Le monde du side est donc un tout petit univers ! Et de nouveau, en buvant l’apéro dans un gobelet commun, nous nous lançons dans de belles discussions sur nos débuts respectifs.

Après avoir fait le plein de bonne chaleur humaine, nous quittons les lieux dans la soirée. Sur le parking de l’hôtel, une demi douzaine d’attelages nous attendent. Le salon continue à l’annexe…

Le lendemain matin, nous nous levons à l’aube mais comme nous sommes passés à l’heure d’hiver, c’est plutôt « nuits et brouillard ». Comme nous avons prévu de rentrer à Toulouse en passant par Oradour sur Glane, c’est adéquat…

Quand le temps s’est arrêté en août 1944

Des centaines de femmes et d’enfants ont été aSSaSSinés dans cette église

En visitant le village martyr dans un silence recueilli, je songe à tous les Oradours de la planète, ceux commis par les bons comme par les méchants, de tous temps, sous tous les régimes. Parce que l’humanité, c’est ça aussi… Parce que cette liberté qu’on aime tant, certains voudront toujours lui mettre des bâtons dans les roues, qu’elles soient deux… ou trois.

Tarmokeuf et SylvieJolie s’envoient en l’air…


Daniel Caen

Je vous entends d’ici les z’amis : Ah ! le Tarmo quinqua papa poète ! enfin ! Il y vient ! Depuis le temps qu’il nous les brisait avec ses rimes de fond de tiroir, ses jeux de mots de pilier de bar, ses allitérations ringardes et ses double-sens à deux balles, aujourd’hui, il se dévoile, il se révèle, il se dénude ! Ah ! il avait beau jeu de gesticuler sur tous les temps, en vérité il était pas plus haut que ses testicules et toute sa prose, c’était du vent !

Meuh non, mes vieux potos, ce titre, c’est pas pour du salace, c’est pour le plaisir, le plaisir de rouler en side sur une p’tite route comme on les z’aime, bien pyrénéenne et donc pleine de virolos trop rigolos, ondoyant tout dérapant entre col de Port et Peyresourde, pour aller retrouver un vieil ami qui a une passion aussi bizarre que la nôtre, sans que je puisse dire qui de lui ou qui de nous est le plus dingo, mais seulement que côté liberté et vue sur l’horizon, y’a pas de souci, lui comme nous z’autres, on peut causer, voire échanger….

Echange de bon procédés et de belles sensations…

Après le baptême de side de l’un, le baptême de parapente de l’autre…

Eh bien voyez-vous, question plaisir et sensations, pas moins moyen de trancher entre virevolter sur une départementale bien sinueuse et altiplaner gracieusement dans les courants d’air. Au fond, qu’importe l’altitude où dans la vie on traîne nos guêtres,  l’essentiel est de bien ouvrir les yeux pour en prendre plein les mirettes car vue de la route bien au ras du sol ou du ciel entre aigles et vautours, comme le chantait si bien Ferrat, que la montagne est belle ! Et cela seul est important…

La preuve par l’image :

http://youtu.be/PWlHZtDKEi8

Comme si vous y étiez :

http://youtu.be/88CrnRdvBoM

A l’atterrissage, faut un peu d’vent, sinon on finit sur les genoux… voire sur les dents !

Diversion Kyrnos vs XJR Cyber ou l’histoire d’une initiation…


Daniel Caen

Dans ce monde étrange où la cupidité et les gros z’égos semblent régner en maître, où la forme prime souvent sur le fond et où faire du vent est tellement médiatisé que ça finit par pomper l’air même aux pires décérébrés, les activités à risques sont pour nos cervelles de salutaires bouffées d’oxygènes nous rappelant cette loi fondamentale et universelle du Vivant : Quant en jeu est ta peau, terminé le pipeau ! Aussi, pour ne pas conclure trop tôt sa route vers l’horizon en allant direct au tapis racler le bitume avec sa tronche et se relever, au minimum, lifté comme un Bernard Tapie, on s’initie à la moto comme le futur maestro à son piano, en commençant très très mollo avant d’aller très très presto.

En side comme en toute chose, pour pas s’planter, faut s’initier

En vrai tarmos quinquas un peu sagaces quoique toujours assez salaces, SylvieJolie et moi mettons en application cette salubre et sage recette pour notre passage au side qui commença donc par un stage bien passionnant chez Iniside du côté du Mans, avant de se poursuivre aux commandes d’un amusant attelage Diversion-Kyrnos très confortable quoique très mollasson – surtout côté poumons qui auraient bien mérité un zeste de nitro à défaut de Ventoline -, un  ensemble que nous échangeâmes 8 mois plus tard et 8000kms plus loin contre une belle et vigoureuse XJR à-con-panier d’un réjouissant et très rougissant GX Cyber.

Side pépère

Side Roadster

Le Kyrnos pas craignos, si vous me lisiez avant, vous connaissez, sinon, pour les p’tits nouveaux, plutôt que lasser les uns en ressassant aux autres, z’avez qu’à cliquer

Juste pour résumer, on a à faire à un panier à la banquette très « cosy » même pour une fracassée du dos comme peut l’être ma belle, trop bas de plafond pour les plus d’1m70 (avis de torticolis à celles et ceux dépassant la maille !), et dont la roue directionnelle est à l’origine d’une grande vivacité sur les petites routes très viroleuses à condition de bien déhancher (le pilote ne doit pas hésiter à quasiment s’asseoir sur le side dans les virages à droite tant il est difficile et désagréable de rouler avec ce panier quand il joue les monte-en-l’air, contrairement à notre Cyber à roue fixe que je trouve pour ma part plus précis sur ce point, le panier ne se catapultant pas brutalement vers le haut comme le fait le Kyrnos mais décollant et s’envolant tout en maîtrise, prévenance et progressivité).

Un beau popotin paré de rouge et noir ! Finir à Toulouse, à défaut d’être écrit, c’était peint !

Un postérieur vert anglais donc moins latin…

Passer du DivKyrnos au XJRCyber fut pour nous comme entrer dans une berline allemande après avoir roulé toute la nuit en 4L ou en 2CV. Au début, on trouve les sièges trop durs, les supensions trop fermes, les freins trop brusques, les commandes trop précises, on a du mal à rester en ligne parce qu’on corrige les p’tits défauts de la route à grands coups de guidon, habitué qu’on était  jusque là à compenser la mollesse des amortos, le trop de jeu des biellettes, bref, c’est la grande panique où on se dit qu’on est en train de faire une grosse connerie, qu’il est pas trop tard pour revenir en arrière, sauf que quand même un vrai moteur, quand on y goûte… alors on persiste et peu à peu, on devient plus précis, on commence à piger le mode d’emploi, à comprendre que tout ce qu’on faisait avant, c’était bon parce que c’était avant, mais que maintenant, c’est le présent, et que le présent c’est presque toujours mieux si on accepte d’en suivre le mouvement en remisant dans un placard ce qui n’est désormais qu’un très beau souvenir.

Pas ridicule au milieu de ses copines à deux roues

Les p’tits watts du moulin à café du Diversion désormais oubliés, place au gros couple de miss XJR. Plus besoin d’attendre une ligne droite longue comme le pont du Charles-De-Gaulle avant d’oser doubler le moindre 38t, plus d’appréhension avant de se lancer dans un demi-tour pleine voie juste en faisant déraper le cul de l’attelage, plus de frustration en attaquant la montée toute en épingle du col de Pailhères ! Un gros cœur, moi je vous le dis, on n’a pas trouvé mieux pour rendre la vie plus belle

Ce moteur : Un monument qui donne plus qu’il consomme… et Dieu sait s’il consomme !

Ainsi outillé, deux jours après avoir pris possession de notre nouvel attelage, nous étions à Pentecôte au départ de la Transpy 2014 du MCCT ( une rando pyrénéenne de 3 jours et 1500 kms de cols pas faux et de virolos très rigolos), seul side parmi plus de 250 motos, et je peux dire que si on n’a gêné personne (on en a peut-être même vexé quelques-uns), la très grande majorité de nos potos tarmos a bien rigolé en découvrant que le side, si c’est facile à doubler en ligne droite, c’est quand même un peu plus coriace quand ça virole et bien plus efficace quand ça gravillonne… Pour preuve, je multimédiatise, je youtubise, bref, je vous offre une vidéo de notre joyeux équipage cerné par les deux roues dans la descente du tourmalet, filmée par mon pote Alain qui ne m’en voudra pas puisque du copyright, y’en a pas…

https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=tF7oAdY6pe4

Si après tout ça, l’industrie du side-car ne redémarre pas !

un side et plein de motos… minoritaire mais jamais seul

Ainsi, après cette initiation toute en sourires, en beaux efforts et en progression, SylvieJolie et moi continuons ensemble à danser sur la route qui est notre voie, évitant comme on le peut de valser du côté du décor mais en allant seulement dans le bon sens, c’est à dire de l’avant et toujours plus librement.

Selfie en side avec Sylvie… une belle allitération en S comme dans passion et sensation !

https://www.facebook.com/Tarmokeuf31

L’Ukraine… c’est pas assez loin pour pas que ça craigne pas !


Daniel Caen

Ouais, je sais bien qu’ici on est sensés parler moto (beaucoup) ou side (à la rigueur), réglementation routière (il le faut bien), voyage (pour le rêve, c’est important, le rêve). Bien, alors parlons voyage… en nous arrêtant sur l’Ukraine, ça vous dit ?

Après l’Ukraine, la Moldavie, les Pays Baltes ?

Non, bien sûr… parce que question rêve… l’Ukraine, depuis Tchernobyl, ça le fait pas trop… en tout cas, pas plus que la Géorgie, la Tchétchénie… Je dirais même qu’on s’en fout au moins autant que l’Anschluss de l’Autriche en 1938… Oui, je sais bien, il faut se garder des parallèles trop rapide, surtout en matière d’histoire… ça n’est pas parce que, à l’instar du premier quart du siècle dernier, l’économie est en crise, que les nationalismes réapparaissent à beaucoup comme d’attrayantes alternatives, que les politiciens usent et abusent d’arguments des plus populistes, qu’il faut avoir peur de la guerre… On est au 21ème siècle, n’est-ce pas ? … Et de même, que Poutine utilise des arguments très similaires (se contentant souvent de remplacer germanophones par Russophones), la même stratégie, les mêmes tactiques, et quelque part partage la même ambition (Au fond, déclarait-il le 17 avril, les valeurs de la Russie ne diffèrent pas radicalement des valeurs européennes. Nous appartenons tous à une même civilisation. Oui, nous sommes différents, nous avons nos particularités, mais nos valeurs fondamentales sont identiques. Je pense qu’il faut nécessairement chercher à bâtir une Europe de Lisbonne à Vladivostok) qu’un autre sinistre mégalomaniaque du millénaire précédent, cela ne doit pas nous effrayer, n’est-ce pas ?

Et puis l’on peut avoir confiance dans les marchés, non ? Les guerres, c’est bien connu, sont tellement nuisibles à la grande finance, aux grosses multinationales… au moins autant qu’aux Krupps, Schneider, Ford et cie des temps jadis…

Et puis, cette antienne, inquiétante parce que déjà résignée,  circulant sur internet autant qu’au café du commerce : Une bonne guerre mondiale, quoi de mieux pour relancer l’économie et résoudre les problématiques de la surpopulation ?

Aussi, prenons garde à ne pas nous réveiller brutalement un matin au fracas des sirènes, car une chose n’a pas changé depuis la création du monde : Ceux qui déclarent les guerres le font toujours depuis leur bunker.

Oh ! Une histoire de side et de moto…


Daniel Caen

Je sais, les amis, ça fait un bail que mon blog roupillait gentiment, mais écrire ou rouler, il me fallait choisir… Alors j’ai choisi les kilomètres, ces kilomètres que narrent mes tribulations et autres digressions motocyclistes. Car de la moto aux mots, vous le savez bien, y’a pas loin, à peine une histoire d’O. Un bel O aussi rond qu’une roue, pareil à un œil tout grand écarquillé pour bien lire cette route qui est ma voie, cette voie qui est la vie, une vie pleine de « Oh ! » admiratifs ou désolés selon le paysage et l’humeur du moment, des « Oh ! » qui nous font nous sentir si vivants en attendant le clap de fin ou le passage de l’horizon. Et comme l’hiver, pour les side-caristes et leurs singes, est de loin la période la plus propice aux joies de la glisse et donc des « Oh ! »  sur la route lisse, j’ai renoncé quelques temps au clavier pour consacrer mes dix doigts aux deux poignées de mon guidon sacré. CQFD.

Après près de 5000 bornes d’un hiver pas trop rude passé à affiner ma technique de déhanché aux commandes de notre Kyrnos pas craignos, j’ai décidé avec l’arrivée du printemps de passer un nouveau cap et de confronter notre équipage au groupe de vieux tarmos fidèles compagnons de mes sorties moto solo des temps jadis (http://lesblogs.motomag.com/tarmokeuf31/2013/03/02/alors-cest-quand-quon-roule-ensemble/). Les convocs lancées, l’itinéraire tracé (330 kms de bonnes petites routes bien piégeuses entre Gers et Garonne), le traiteur commandé, la bonne météo réservée et Sainte-Gamelle bien priée car comme d’habitude tout est prévu, y’a plus qu’à s’exécuter.

330 kms de plaisir… en bleu le parcours du matin, en gris le retour

Au départ, entourés d’une meute constituée de 7 Béhèmes (les plusses vieux…) et 5 Yams (pour les d’jeuns et donc les plusses pÔvres…),je ne peux pas dire que Bidule-le-side, SylvieJolie et moi, on jouait les fiers-à-bras, parce que mes potos tarmos, question tempo, c’est pas des ramollos. Mais comme en topo, ils sont beaucoup plus rigolos…  (Vous z’avez noté tous les O… c’est pour dire si la journée fut riche…) Nous n’avions pas fait dix mètres que tout le monde en faisait déjà à sa tête et c’est ainsi, par la magie de la boussole et du Tripy, que le side a fait preum’s à l’étape en n’ayant doublé personne et après avoir été dépassé par chacun…

Concentre Béhème ou sortie 3ème âge ?

Ensuite, comme d’hab, on a bien mangé tout plein de cholestérol, on a bien bu mais pas trop… on a aussi beaucoup rigolé, surtout quand au lieu de faire la sieste, certains ont voulu faire le singe en guise de digestif tour de manège. Une chose est sûre, à voir la banane dessinée sur la bouille béate et ravie de chacun de mes très bêta-testeurs, le side, ça n’est pas le côté le plus obscur.

Chacun son tour !

Le retour de moins de 100 bornes aurait pu n’être qu’une formalité si les tarmos solistes n’étaient pas si susceptibles. Vexés de l’humiliation du matin, ils décidèrent de remettre Bidule à sa juste place en envoyant du gros gaz et plus encore du grand angle… du très grand angle… du trop grand angle. Et comme tout le monde le sait : le trop n’est pas l’ami du bien…

Quand ça fait ça, c’est que c’était pas bon…

Du coup Bidule, sans état d’âme, a refait son retard et du grand angle a fait une photo… N’ayez pas d’inquiétude car le Tarmo va bien et sa moto est à peine plus râpée que le bitume où elle a ripé.

Pour les chiffres, me voilà désormais rassuré : +de70km/h de moyenne sur ces routes dignes du Moto Tour,  Bidule peut être fier de lui, SylvieJolie d’elle-même et moi de mes bras… Avec une conso de 10l /100 sans jamais dépasser 6000 tours/mn (ni descendre en dessous d’ailleurs…), notre Kyrnos est bien le digne rejeton de cette soiffarde de Miss XJR ! Prochaine étape de notre évolution sur 3 pattes : La Transpy de Pentecôte. Bidule au milieu de plus ou moins 3 centaines de deux-roues pendant 3 jours et 1500 bornes Pyrénéennes… ça sent le strike !

Non mon Kyrnos n’est pas craignos… ou mon hommage au side et au singe !


Daniel Caen

Le ventoux… p’taing ça a de la gueule !

Des d’jeuns et des moins d’jeuns se posent la question du « comment ça se passe le passage du 2 au 3 roues (j’cause du side-car, pas du mp3, évidemment, on reste entre amis…) ». En  filigrane se dessine : Qu’est-ce que mon ego va devoir subir pour avouer que passer d’une situation de total déséquilibre qui ne tient debout que par la chance et ma maîtrise à une autre où j’suis bien rassuré que ces 3 roues qui glissent sur le bitume glacé de notre France givrée me comble parce que rouler sans cesse sur le fil du rasoir de la chute à force ça fatigue ? Et bien moi, à cinquante balais et après plus d’un million de kilomètres sur 2 roues (et je ne tiens pas compte de mes 5000 kms annuels de vélo-boulot-dodo), 1 million de kms à escorter des SAMU, des ambulances, des poches de sang, des organes dans des glacières, des grands hommes et d’autres très médiocres, des présidents, des ministres et même des rois ou des révolutionnaires, des quidams richissimes, des sportifs très dopés ou des artistes très anti-conformistes etc.. (plus ou moins dans l’ordre de mes préférences) mais aussi à aller chercher ma fifille à Helsinki, à voyager de noces en Grèce, en amour en Ecosse, bref à traîner mes guêtres motocyclistes dans près de 24 pays d’Europe entre 1982 et « now » (parce que l’anglais c’est plus universel encore que l’esperanto et en tout cas pas plus déshonorant), j’suis « lou ravi » (la Provence et ses santonniers me comprendront)… Parce que des étapes départementaleuses quotidiennes de 600 bornes et plusse si affinités avec ma SylvieJolieChérie qui s’endort sans prévenir, ça tenait désormais de l’utopie alors que dans le siège baquet du side, ça roule même quand ça ronfle.

le side ça patine souvent mais ça ne tombe jamais…

Aussi, parlons un peu technique et idées reçues… Parce que des idées reçues et des préjugés, même dans l’univers très mature du side, y’en a…du genre faut pas aller chercher son side à l’autre bout de la France, faut pas voyager le panier vide, faut pas débuter avec un passager, faut pas… faut pas… (j’ai été chercher le Kyrnos à 600 bornes de chez moi avec pour seule expérience – mais ce n’est pas négligeable – 2 jours de stage Iniside au Mans, je suis revenu par la route sans sac de sable dans le panier et le lendemain, nous partions pour 600 bornes de virolos montagneux avec SylvieJolieChérieQueJaimeTant avant de nous lancer pour un minitrip de 1800 bornes entre Toulouse et Annecy via Ventoux et Verdon à la mi-novembre. Et si je n’ai que quelques 3000 bornes en déambulateur, que je ne suis qu’un tarmokeuf quinqua papa amoureux de la route et des mots et anti poncifs devant l’éternel, j’peux bien écrire ce que j’en pense même si ce que j’pense n’a pas plus d’importance que le premier pet de n’importe quel  potentat futur impotent et donc pas très important. Donc mon Kyrnos attelé à une Yamaha Diversion (à moins que cela ne soit l’inverse…), c’est du bonheur… Evidemment, ça manque de watts. Faut dire que la Diversion, déjà en solo c’est pas un cheval de course… alors avec un panier accroché à sa droite… Mais bon, avec des roues de 13 et 14 et la ligne lazer inox, ça mouline quand même grave (6000 tours = 110-120 kms…) et ça consomme encore plus, genre 8,5l à la louche… du coup on a le sentiment d’aller très vite parce que les litres et les décibels, dans l’imaginaire du tarmo pilote, ce sont des kilomètres heure…

Je vous présente Swan… Un singe comme mascotte de notre couple depuis plus de trente ans… le side, sur notre route, faut croire que c’était écrit…

Comme pour le Comète, son ancêtre de chez Side Bike, la roue du Kyrnos est directrice, bref la roue du side tourne et retourne plus ou moins dans le bon sens de la marche en suivant le guidon (même si ça n’est pas aussi simple parce que des fois elle tourne dans le sens opposé…mais on s’en fout parce que l’essentiel, c’est le ressenti), je lis un peu partout que quand on prend un trou avec la roue du side, le guidon n’en fait qu’à sa tête… Conneries ! Tout ce que cette roue mobile fait, c’est rendre l’attelage particulièrement vif quand il faut dépasser, jaillir d’une file à l’autre ou zigzaguer sur une vicinale bien dégradée… à part ça… je ne vois pas. Evidemment, j’cause au nom de ceux qu’ont des bras qui tiennent le guidon, des fesses qui sortent de la selle pour déhancher leur centre de gravité, qui ne s’affolent pas parce que ça vibre, que ça grogne, que ça gronde, et qui ne comptent pas sur la fatalité pour guider leurs roues, qu’elles soient deux ou trois…

Un autre préjugé veut que que le passager ne soit pas à la fête… qu’il y ait des courants d’air… que ce soit très tape cul… j’en passe. Ma passagère, tout ce qu’elle dit, c’est le contraire. Et pourtant, elle n’a rien d’un Rambo ou d’un personnage tout droit sorti de l’imaginaire de Stan Lee. Au contraire… Opérée du dos, travailleuse handicapée, j’en passe et des pires, on peut la croire. Si elle dit qu’elle est bien… c’est qu’elle est bien. Elle veut même que j’en rajoute, que je dise que ça l’éclate de faire le singe dans son panier, de passer d’un côté à l’autre de sa banquette à deux places, histoire de participer à la tenue de route entre deux cachets de morphine. Et comme plus frileuse, y’a pas… le Ventoux et le Verdon sous la neige… si elle dit que ça lui a plu… que même le cap nord en hiver, ça ne lui fait plus peur, c’est dire… Mais évidemment qu’il y a des courants d’air, que même avec la capote fermée le Kyrnos c’est quand même pas une rolls… on parle moto, non ?

Parce qu’au bout du compte, même si ça coince dans les bouchons, que ça va moins vite que ma miss The XJR en soliste dans les viragos de nos montagnes, que ça consomme plus que mon grand-père cantonnier breton au siècle dernier, le side-car, ça me botte. Parce que l’onanisme a ses limites surtout quand on est deux. Parce que la glisse c’est rigolo surtout quand la chute n’est plus une option. Parce que dormir à deux dans un panier bien serrés dans son duvet, aucune moto solo ne pourra jamais en rêver et que quand l’horizon est proche, le passer en duo et côte à côte a plus de gueule qu’aller de l’avant en se tournant le dos.

Déjà 1000 bornes en déambulateur…


Daniel Caen

Seulement deux jours  de Side et déjà 3 pays (France, Espagne et… Andorre) et 1200 bornes au compteur dont près de 600 à lever la patte à droite ou à déraper à gauche sur le bitume rapiécé de nos Pyrénees… Bref ça démarre fort.

du côté (espagnol) de Baqueira…

Une chose est sûre : le side, c’est bien ma voie : SylvieJolie s’est éclatée à jouer les singes comme dans un basset

Faire de singe… l’humain sait faire…

; et après le repas parfaitement gargantuesque servi au Cal Pouet de Sant Joan Fumat

Le panier en Pyrénées, ça donne faim…

elle a même trouvé le moyen de se laisser aller à bien roupiller me laissant seul me débrouiller avec les virolos du Val d’Aran. Le siège baquet et le dos tout cassé de ma belle se sont en tout point épousés. Nous restons donc cahin-caha dans le grand tourbillon de la vie et le croupi honni est tenu à distance. Jeanne Moreau nous en remercie…

Mais malgré tout, il faut bien le dire, vivement que j’sois riche, ou tout du moins vivement que la maison soit payée… que je me mette illico en quête d’une miss The XJR au moteur bien velu attelée à un panier un rien plus virulent, parce que les watts, quand y’en a pas assez, le courant, il passe pas plus fort dans ma cervelle que dans les neurones d’un électeur de Brignoles, le cul serré dans sa bagnole au point d’en oublier le pourquoi et le comment des paroles de la carmagnole !

Le mois prochain : Le Verdon et quelques routes alpines… et avec un peu de chance : La neige !

Vaudeville chez Tarmokeuf ou quand le duo devient trio…


Daniel Caen

Hip Hip Hip Oural !

A l’instar d’un Œdipe décomplexé, j’ai répondu à la crise existentielle du tarmo quinqua potentiellement capable du pire (adultère, divorce, démission, dépression, avocat, etc…) comme du meilleur (voyage, blog, roman, nouveau jouet… ) non comme tout un chacun en me précipitant chez Béhème ou Harley, mais en me rendant au Mans le week-end du 12 au 13 octobre, et ce, non pour assister aux 24h poids lourds (même si 2 nuits passées  à me les geler dans mon vieux Renault Espace II de 490000kms entouré de VOLVO hurlants, gueulants, voire dégueulants, m’ont adoubé partie prenante de l’événement…) mais pour résoudre l’énigme suivante dont mon avenir même était l’enjeu : Qu’est-ce qui au matin de sa vie se déplace en quatre roues, au midi de son existence en deux roues et à la fin de celle-ci en trois roues ? Heureusement, mes amies Les Muses veillaient et m’inspirèrent la bonne réponse : Le Tarmo romantique ! Celui-ci commence en effet sa carrière motocycliste sur un vélo à roulettes à poursuivre la blondinette, puis sur sa moto pour jour après jour plaire à sa belle, et enfin l’achève, pour les motifs les plus improbables quoique presque toujours soumis aux affres de l’amour (enfant, petits-enfants, compagne allergique au strapontin ou à la santé précaire…) en Side-Car ! Ainsi, ma conscience au masque de Sphinx venait de me révéler ce que je savais depuis toujours : Le voyage de Juin vers Helsinki  http://lesblogs.motomag.com/tarmokeuf31/2013/01/ était non seulement la conclusion initiatique de l’enfance du Chat mais aussi le point quasi final de mes aventures sur 2 roues. Désormais, mon destin s’exprimera au travers d’un engin excentrique, asymétrique, caractériel, déraisonnable… et donc parfait.

Notre nouvel équipage…

C’est ainsi que sous la coupe des formateurs d’Iniside ( Jean Louis Hergott et Gérard Planchon : de sacrées pointures… google est mon ami et vous en dira plus http://www.iniside.fr/ ) et dans une belle ambiance (les sidecaristes ont souvent traversé de beaux paysages avant de songer au trois-roues pour poursuivre leur route vers l’horizon commun…)
je me suis initié aux us et coutumes d’un animal qui ne pense qu’à lever la patte droite pour vous rappeler encore et encore combien la vie est précieuse quand on peut la perdre !

Stoppons là à présent car la suite viendra plus tard sur cette route qui est ma voie… Mais je vous dis à très bientôt, mon clavier en effet frétille déjà des kilomètres qui se profilent. L’hiver s’annonce et selon certains, il est la plus belle des saisons pour le tarmo à panier… la neige et la glisse jadis mes ennemis sont désormais mes complices.

Un trésor au bout du chemin !


Daniel Caen

Maintenant, débrouillez-vous…

Dans ma carrière motocycliste de Tarmokeuf papa quasi quinqua, il y a eu un peu de tout, il y a eu de longs voyages vers de lointains horizons et de très chouettes arsouilles à trop bien faire l’andouille ; il y a eu à l’occasion le genou slidé sur le tarmac de circuits et des maux de ciboulot à force de se prendre la tête sur les roadbooks de certains rallyes ; il y a eu aussi de belles glissades, de vraies frayeurs, et parfois mêmes quelques gamelles ; on peut ajouter qu’il y a eu bien des soirées à se marrer en se souvenant ou à pleurer en commémorant ; en selle j’ai même eu droit à des épousailles très réussies avec SylvieJolieChérie, mais aussi à quelques os brisés entre deux baisers. Pour être tout bien exhaustif, il y a eu une fois ou deux des amendes reçues et beaucoup plus souvent, même si c’était il y a longtemps, pas mal de PV distribués au profit, parait-il, de la sécurité ; il y a eu bien sûr des chefs d’état escortés mais, je le jure, jamais mieux que les ambulances du SAMU ; il y a eu aussi un blog chez motomag sur un transport scolaire très original: http://lesblogs.motomag.com/tarmokeuf31/2013/01/23/bonjour-tout-le-monde/ et même un scoop mondiaaaaaaaal pour des photos vraiment pas réussies http://www.motomag.com/Nouveaute-moto-la-BMW-R-1200-RT-liquide-apercue-dans-le-sud-de-la-France.html. Bref, pour résumer, j’ai eu comme tout un chacun la vie bien accomplie d’un tarmo tout plein de vie. Mais ce que je n’avais encore jamais tenté, jamais testé, moi le tarmo amoureux des mots à double sens et de la moto fleurant l’essence, c’est jouer les Perceval ou les Galahad pour partir avec mon fiston et l’un de ses poteaux en quête du saint Graal : Le Trésor que Fred le Géant http://www.balades-moto.com/ avait tout bien planqué pour nous faire visiter l’Aude par des chemins bien plusses pires que de traverses.

La croix de Fanjeaux

Le seuil de Naurouze, la croix de Fanjeaux, l’Abbaye d’Alet-Les-Bains, le donjon d’Arques, les remparts de Carcassonne, le belvédère de Lastours, le chateau de Saissac, les cascades de Saint-Féréol et enfin l’arrivée au village de Baraigne furent les jolis points d’ancrage de notre itinéraire extirpé aux forceps d’une kyrielle d’indices partout trop bien planqués et du cerveau quelque peu dérangé d’un espiègle maître des énigmes.

Carcassonne, un samedi, au mois d’août, une photo et 4 indices à trouver éparpillés dans toute la cité : Une épreuve dans l’épreuve !

Le belvedere de Lastours

Les compteurs de nos destriers pas du tout synchronisés et encore moins étalonnés donnèrent au classement des allures de tirage de la Française des Jeux accompagné, c’est humain, de quelques grimaces et autres rouspétances, mais les chiffres et les statistiques, au final, tout le monde s’en moqua car Maxxess Toulouse avait un lot pour chacun et que la beauté de cette geste est à trouver ailleurs.

Elle est d’abord dans ces routes pas assez lisses pour les arsouilles et pas assez droites pour les longs voyages, ces routes perdues toutes cabossées qui sont pourtant les plus courtes et donc les plus belles aux yeux des modernes chevaliers croyant encore que derrière chaque virage se cache un vrai trésor ; elle est dans ces lieux chargés d’histoire devant lesquels nous passons d’ordinaire sans jamais nous y arrêter alors que les vestiges du passé sont bien plus que de simples lueurs pour éclairer notre chemin vers l’avenir ; elle est surtout dans cette convivialité et cette sorte de complicité entre les participants conscients d’être tous ensemble sur les travées de la même galère, ce qui d’une dure épreuve fait une belle croisière simplement parce que dans les yeux de soi comme de l’autre étincelle l’éclat d’une même ligne d’horizon.

A l’arrivée, pour décoder, les jeunes cervelles passent devant mon cerveau trop lent… ils trouveront la combinaison mais, dommage, le coffre était vide.

Aussi ai-je eu envie de reprendre mon clavier, toujours accompagné du murmure de mes sagaces muses, pour écrire un grand MERCI aux trois joyeux drilles ayant donné, sans du tout compter, leur temps et leur belle énergie afin que l’espace d’une journée une bande d’égarés aille plus ou moins dans le bon sens.

Fred Le Géant qui l’est vraiment et son complice Buggy qu’est un vrai gentil !

Et en prime, je vous donne l’itinéraire de cette très chouette balade :

222 kms de bonheur… mais 239 à la moyenne de nos 3 compteurs ! Pas top quand on sait que les 3 premiers sont sous les 117 kms ! Trop fortiches les vainqueurs !

https://maps.google.fr/maps?saddr=Route+de+S%C3%A9gala%2FD218&daddr=43.3302856,1.8427929+to:43.308463,1.8958813+to:43.2290741,2.0196002+to:43.2147265,2.0412911+to:43.1878471,2.0428089+to:Unknown+road+to:43.1879275,2.0430216+to:Route+de+Limoux%2FD118+to:42.9825031,2.3056203+to:Route+de+Saint-Hilaire%2FD54+to:D56+to:Unknown+road+to:43.20942,2.338811+to:43.2277616,2.3602978+to:43.2326219,2.3661701+to:43.3172871,2.3736323+to:Route+du+Belv%C3%A9d%C3%A8re,+Lastours+to:Av.+Maurice+Sarraut%2FD629+to:saint-fereol+to:43.3804565,1.902854+to:baraigne&hl=en&ie=UTF8&ll=43.276705,1.973419&spn=0.416426,0.617294&sll=43.209492,2.037191&sspn=0.052111,0.077162&geocode=FatzlQIdKdQbACm_j2b40_euEjFc3r50nK8USA%3BFe0qlQIdaB4cACnzqgMoDViuEjEqXH7wl_IDlA%3BFa_VlAIdye0cACkR68T6W1euEjHkuhqFWU-9eg%3BFZKfkwIdENEeACmnih9f102uEjHJx1VuKnH_KQ%3BFYZnkwIdyyUfACnvkH2ROEyuEjHFO8_67iCL2w%3BFYf-kgIduCsfACklz3Az8kyuEjG5gnJO8BkD3A%3BFZX1kgIdNw8fAA%3BFdf-kgIdjSwfACklz3Az8kyuEjG4gnJO8BkD3A%3BFckVkAId7l4iAA%3BFWfcjwIdVC4jACkD5Nhus9qvEjHEr13rADwSVg%3BFYlqjwId7EYkAA%3BFQvQkAId5PAkAA%3BFaZDkwIdiBckAA%3BFcxSkwId-68jACmrorN1yi2uEjEfRL4fNKlaqg%3BFXGakwId6QMkACld0z9xICyuEjGx3v_Jmv06_w%3BFW2tkwId2hokACkvi1BCoS6uEjHz2I8RntpVBQ%3BFSf4lAIdADgkACnNKjv45CWuEjGXdcdKIOHrHw%3BFcMtlQIdBEUkACnVsYYm2iWuEjGCXn21oCQ3Yw%3BFa6flQIdNBshAA%3BFQ_TlgIdt8weAClzejBL8EKuEjFgnB26nvYGCg%3BFejulQIdBgkdACnJDiwKWlmuEjGWbjTQsHrWZw%3BFWcolQId39UbACkdTNvi4PeuEjFMAJNWs15vfg&dirflg=ht&mra=dpe&mrsp=4&sz=14&via=1,2,3,4,5,7,9,13,14,15,16,20&t=m&z=11

hommage à Fred Tran Duc ou anniversaire…?


Daniel Caen

(je l’ai déjà publié mais aujourd’hui c’est d’actualités, aussi réitére-je… parce que le Fredo, dans ma vie ça a été quelque chose…)

– Dis papa, c’était comment un Tarmokeuf avant ?

– Avant quoi, Chat ?

– Avant tout : Avant le blog, avant moi, avant Guillaume et avant Jérémy, avant Tibo, avant Guiness, et même avant maman avec toi.

– Ah ça non ! Ce ne se peut pas parce qu’avant ta mère avec moi, un tarmokeuf, ça n’existait pas. Tout ce qu’il y avait, c’était un p’tit bonhomme un peu rêveur, un peu rebelle, en rupture de ban, en rupture de famille, en rupture de tout. Un p’tit bonhomme replié sur lui-même, reclus dans son placard (aux murs, soit dit en passant, tapissés de posters de Kenny Roberts, ce nain jaune qui tout droit venu des States initiait le reste du monde des Grands Prix aux joies de la glisse et du genou posé par terre) avec pour seules lueurs dans sa nuit intérieure, un électrophone où virevoltait à l’infini (et en vinyle, s’il te plaît, nous sommes au millénaire dernier, je te le rappelle…) « The River » de Bruce Springsteen ; un coffre débordant de livres fondateurs : « Les Mots » bien sûr, « La Peste » évidemment, Céline et son Voyage, Kerouac sur sa Route, le Bruit d’un Faulkner en Fureur et tant d’autres encore ;  mais surtout, chaque jeudi, Moto-Journal et sa désormais cultissime « Carte postale du bout du monde » de Fred Tran Duc. Fred, le génie qui inventa le Blog avant la naissance d’Internet et qui parcourut le monde sur sa « puce », une improbable et minuscule Yam 80cm3, tout en faisant rêver un lectorat adoléchiant grâce au récit hebdomadaire de ses pérégrinations. Par la magie de sa plume gouailleuse et humaniste, il nous montrait qu’ailleurs, ça pouvait être autrement, et que cet autrement, ça pouvait être aussi bien ; au travers de ses rencontres, il nous prouvait qu’il ne fallait pas avoir peur des dangers, des accidents, des agressions, des méchants. Qu’il ne fallait pas avoir peur, tout simplement. Parce que le danger, l’accident, l’agression, le méchant, dans la vie, ça n’est pas la règle, c’est l’exception. Et qu’avoir peur de la vie à cause de l’exception est aussi absurde que de se priver d’écrire à cause de cette règle de grammaire affirmant que des exceptions, dans chaque règle, y’en a une. C’est ainsi, par la grâce de ce maigrichon à lunettes sur sa pétrolette, qu’un vrai Tarmo je suis devenu. Un tarmo aimant le vent dans la figure et les moustiques dans le sourire. Quant au côté Keuf, au côté protecteur, il est venu quelques années plus tard, en grandissant, en vieillissant, en mûrissant. Parce que même en symbole, même en verlan, la liberté et la sécurité, ça ne va pas de soi, ça va de pair. Et une paire avec ta mère, nous en formâmes rapidement une sacrée, une consacrée même. Et quand on aime, l’autre nous devient si précieux que la peur revient, la peur de perdre. Mais ce côté Keuf, il va surtout de père, quand tes frères et toi, vous avez débarqué, bouleversant nos vie comme Petit Prince bouleversa celle de Fred après qu’il l’eut adopté. Il faut croire que c’est ainsi qu’on devient responsable. Un peu Tarmo, un peu Keuf. Un pied gauche, un pied droit, la vie n’a pas trouvé mieux pour nous faire avancer. A cloche-pied ou  en mono-roue, remarque, ça marche aussi, mais au bout d’un moment, on l’air un peu ballot, et surtout, ça épuise, et si l’on s’entête, ça se termine en gamelle, le menton dans le goudron.

Bien entendu, comme pour toute recette, le bon goût d’une vie est dans la proportion de ses aliments, et de même qu’en photo, pour un portrait réussi, 2 tiers 1 tiers semble être le bon rapport, les deux syllabes de Tarmo toujours en moi précéderont l’unique, occlusif et si inélégant Keuf. L’existence est une pâtisserie. Un rien de trop, une once de pas assez, et le gâteau est gâché. Mais tout ça ne sont que des mots. Des mots de Tarmo pour d’autres tarmos. Parce qu’un jour, une simple carte postale a illuminé mes nuits. Maintenant mon Chat, tu sais pourquoi j’écris, tu sais pourquoi je me suis rendu à Helsinki.

Fred Tran Duc s’est éteint à Hanoï, au Viêt-Nam le 20 juillet 2011 à l’âge de 61 ans des suites d’une longue maladie.