Le confinement est terminé, il est temps d’arrêter cette chronique quotidienne.
Quand je rentre d’un pays lointain, j’attends toujours quelques articles pour trouver la conclusion du récit , en décrivant, durant quelques jours, le retour à la vie normale. Avec cette fin de confinement, on n’y est pas encore vraiment, dans la vie normale. Le temps, sans repère précis, continue de s’étirer…
Je roule à nouveau, j’ai sorti la grosse Italienne du garage pour aller sillonner quelques routes d’arrière-pays. Après avoir instantanément retrouvé cette incomparable sensation du vent fouettant mon visage, j’ai senti comme un léger sentiment de gène m’envahir peu à peu…J’étais comme tous les autres, tout ceux qui se goinfraient du plaisir puéril de faire rugir leurs moteurs à travers les campagnes et brisaient la trêve accordée aux oiseaux …Quel dilemme ; ces dernières semaines, du haut des arbres, je m’émerveillais pourtant chaque jour du retour des fanfares printanières. Mais que faire ? La moto, c’est comme le dessin, si je suis ce que je suis, c’est par l’accomplissement de ces deux rêves de gosse… Alors je me dis que ce confinement ; c’était un peu comme une répétition, et que quand plus personne ne roulera, j’aurai déjà été initiés aux plaisirs simples de proximité… en attendant , j’assume ce dilemme…
Le moment venu, je demanderai un délai supplémentaire à ma conscience, un report en quelque sorte ; car j’ai toujours une moto à récupérer, là-bas…
On m’y attend toujours, au Chukotka…