Sofatigué.


ptiluc1

J’ai dormi au fond du garage dans un petit bureau sans fenêtre, sur un vieux canapé, à côté d’une pile de pneus usés, de quelques vieux casques et d’un bac à chat légèrement saturé… mais le matin, j’ai pu me mettre à l’ouvrage à peine extirpé du sofa fatigué… Il faut que je vérifie les réparations de Barnaoul et que je trouve où est donc cachée cette  maudite fuite d’huile qui dégouline sur ma botte gauche depuis des jours.
Viktor a donc repris le petit garage, à côté il y a toujours le bar et la boutique pour motards. Le grand magasin qui vendait des bécanes importée du japon, lui, a fermé. Tous les jours passent ici des voyageurs motocyclistes venus d’un peu partout…des anglais, des espagnols, des coréens, des Slovaques, en deux jours c’est une bonne affluence…j’ai dit à Tatiana, qui gère avec Dima la boutique, que Max, qui s’occupe du bar, devrait ouvrir des chambres d’hôtes. Tous les soirs, ce serait plein…hier j’ai dormi dans le garage et ce soir, alors que Tatiana et Dima m’invitaient chez eux, un des coréens est revenu camper devant la porte avec sa Honda à transmission automatique en panne.  Pendant que Tatiana nous préparait des poivrons farcis, je ne pouvais m’empêcher de penser à ce pauvre Coréen pour qui c’était le tour de dormir à côté d’une pile de pneus…et même pas dans le  vieux canapé…

Retour à Irkutsk


ptiluc1

Au lever du jour sur la ville morne ; le seul endroit  où prendre un vague petit déjeuner, c’était le resto de la veille. J’ai tenté le coup, me disant que peut-être même, l’ogresse viendrait implorer mes excuses…elle n’y était pas, la bête, mais ses deux collègues, avenantes comme des menhirs, ne donnaient vraiment aucune envie de se sustenter là. Je me suis donc enfui à nouveau, mais par pour l’hôtel sinistre, pour plus loin, pour retrouver le monde de la route, avec ses bistrots pour camionneurs où on est toujours bien accueilli . Arrière, bled pourri, je te laisse avec tes ogresses, ton stade en ruines, tes usines cassées, tes routes défoncées et tes barres d’immeubles, je pars ailleurs et je ne reviendrai jamais. Arrivé à Ulan Ude, c’était la moindre des choses d’aller saluer la bande de Irkutsk…ce n’est finalement qu’à quatre cent cinquante, dans un pays aussi gigantesque c’est comme qui dirait, la porte à côté. J’ai pu comme ça à nouveau longer le bleu profond des eaux du Baïkal , je l’avais presque oublié, celui-là. Quelle ingratitude, lui qui m’avait offert ce plaisir si surprenant de rouler sur la glace.  En fin de journée, j’ arrivais donc au bar où ma fresque n’avait pas bougé, j’y retrouvais Viktor qui avait repris la gestion du garage moto…ça tombe bien,  après quatre mille bornes, j’ai justement une révision à faire…