Réflexion moscovite


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Dans les magasins, même au Chukotka, il y a toujours du Coca, des Kellog’s des Mars et des Snickers. Peut-être est-ce des copies, ou des stocks immenses qui auraient été constitués en prévision des temps difficiles. Dans beaucoup de contrées perdues de ce pays, les temps on toujours été difficiles et ne plus pouvoir aller au Macdo est un traumatisme assez restreint quand on a l’habitude de ne manger que du renne et des champignons de la toundra.

Les mesures emmerdent un peu, mais on est plus à ça près. Dans un pays où la débrouille et la mélancolie ont toujours étrangement fait bon ménage, on soupire juste un peu.

On fera comme la génération soviétique, on se démerdera.

Mais tout ceci ravive aussi ce nationalisme qui a toujours été le défaut des gens d’ici, malgré leur sens de l’accueil démesuré. Chez les Français, on appelle juste ça, être chauvin… De mon côté, quand on critique Macron, ça ne me dérange pas du tout, je ne vais pas quand même prendre la défense de ce petit banquier qui a fait carrière. Je ne vais pas non plus la prendre pour la fille du borgne hargneux. C’est plus compliqué, avec ces nationalistes vigoureux que sont presque toujours les motards ou les camionneurs, d’expliquer pourquoi voter Le Pen c’est tout pourri aussi. Alors je m’applique et puis on trinque.

Je repense à Andrey, ce chauffeur de Kamaz qui ramassait les ordures des autres dans la toundra, qui conchiait ses cinglés de collègues qui ne respectent rien et qui, finalement, par désespoir, comme par bravade pour les autres, finissait ivre mort, ivre triste, effondré sur la couche de son camion ou sur la table de sa cuisine…