Première piste en moto… de Tsagaannuur à Ölgyi


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L'équipe du Raid des Navettes aux BaguettesVoir la carte de notre itinéraire : https://goo.gl/maps/djGZZurCJL22

Nid à côté de la "chambre"29 mai – Nous sommes réveillés par le piaillement incessant d’oiseaux qui nichent dans l’embrasure de notre porte.
Déjà 8h30, nous sommes très en retard.
Ici pas de salle de bain. Les WC, c’est une cabane au fond du jardin.
Les lingettes font office de douche rapide.. Nous sommes prêts en quelques secondes…
« Toc, toc, toc !  » à la porte d’à côté. Pas de réponse. Où sont-ils ?
La salle du restaurantDirection la salle du restau.
En entrant, Max nous dit, sourire au coin des lèvres : « Salut les amis, bien dormi ? »
Maryse enchaîne d’un oeil rieur: « Alors, vous avez eu de la compagnie ? »
– Monique : « Ouais, salut. Jusqu’à 1h30 du matin mais ils n’ont pas dormi avec nous. Shirarbek a relancé le « four »…  On a cru mourir cuit ! On était dans nos duvets, ils n’ont pas pu rester . »
– Moi : « Salut tout le monde. Qu’est-ce qu’on mange ? »
Maryse répond : « Café au lait lyophilisé, biscuits secs et un genre de pain d’épices ou thé au lait salé ! »
Maxime ajoute : « Aujourd’hui, il fait beau. On fait les niveaux d’huile, on charge et on y va. »

C’est l’heure des adieux.
Tileugul, emmitouflée dans sa robe de chambre « bisounours », nous rejoint dans l’arrière cour où nous préparons les motos.

Tileugul

Tileugul

Tileugul et HongThinh sur la moto de Max

Tileugul et HongThinh sur la moto de Max

Elle grimpe sur la moto de Max pour faire quelques photos souvenirs.
Pendant ce temps, Shirarbek sort son troupeau de chèvres et de moutons.

Après quelques effusions avec ce couple charmant, nous enfourchons nos machines et reprenons la piste : Direction Ölgiy.
Les vingt premiers kilomètres ne sont pas de tout repos.
La pisteNos motos chargées comme des mules s’enfoncent dans la boue, glissent sur les pierres et gravillons recouvrant la piste et pour finir, subissent les milliards de secousses d’une tôle ondulée infinie. Tant et si bien que nos vessies « secouées comme un prunier »  nous obligent à des arrêts « pipi » fréquents.

Un peu de route

Soudain, tous nos communicateurs Scalarider Packtalk s’animent : Enfin l’asphalte !
Michel : « Ah, du bon goudron ! »
Max : « Pourvu que ça dur ! »
Bruno: « Ouep, c’est toujours ça de pris ».
Mais cet instant de bonheur ne durera que 25 km. Au-delà, la piste reprendra ses droits.

Vers le colImmensité MongoleTrès attentifs au chemin plus qu’incertain qui défile sous nos roues, nous remontons jusqu’à 2500 mètres d’altitude. La moindre erreur de pilotage, c’est le dérapage et la chute assurée.

Des dizaines de marmottes surprises de nous voir, dressées sur leur pattes arrières nous regardent et courent se réfugier dans leur terrier.

Paysage mongoleNous traversons des magnifiques paysages,  couleur sable, animés par l’ombre des nuages . Au loin, des yourtes et des troupeaux perdus dans l’immensité. De petites montagnes de toutes hauteurs forment un collier de perles aux rondeurs irrégulières.
A perte de vue, des prairies, des steppes traversées par des vaches, des troupeaux de yaks, de petits chevaux à  la robe brun clair, à la crinière courte noir et brillante, vivent en toute liberté.
Même si la route est difficile, nos motos se jouent bravement de tous les pièges.
Devant une telle beauté, loin de toute civilisation, nous entrons en communion avec la nature. Le ronronnement lancinant des motos et le bruits des pneus sur la piste nous invite à la méditation.

Mongolie, le bout du monde

Mongolie, le bout du monde

Arrivés au sommet, comme des navigateurs au bout du monde, les motos de Michel et Max chavirent de l’autre côté avalées par le ciel ou englouties par la terre.
A notre tour, nous basculons de l’autre côté du monde.
Il faut faire vite car les cumulus s’amoncèlent, le ciel menace et quelques gouttes s’écrasent sur nos visières.

Arrivée à Ölgiy

Arrivée à Ölgiy

Side-car dans Ölgiy

Side-car dans Ölgiy

Ölgiy n’est plus très loin. 14h30, nous arrivons à temps en ville et évitons l’orage.

La nourriture spirituelle ne nourrit pas son homme. Max et HongThinh s’écrient  : « Nous avons faim, cherchons un restaurant ! »
ÖlgiyAprès un excellent repas pris dans un restaurant à la sortie d’Ölgiy (Malheureusement nous n’avons pas pris l’adresse…), nos ventres rassasiés,  Michel et moi partons à la recherche d’un hôtel. Le temps est à l’orage.
Fatigués par cette première expérience de piste nous décidons de rester à  Ölgiy.

Jeux dans une cour d'école à Ölgiy

Jeux fabriqués avec les moyens du bord dans une cour d’école à Ölgiy

Hôtel ANTALYA Ölgiy

Hôtel ANTALYA Ölgiy

Nous trouvons dans une rue à proximité un hôtel pour dormir et garer nos motos en lieu sûr.

Attifée d’un chignon noir, son visage buriné nous gratifiant d’un sourire aux grandes dents jaunes, un mégot collé à la commissure des lèvres, la patronne  nous invite à visiter ses chambres. Elle exhibe dans une main un trousseau de clefs se balançant autour d’un énorme anneau métallique. Ses manières de faire nous font penser à une tenancière de bordel. Mais ne nous fions pas aux apparences, la patronne est plutôt sympathique et avenante. Nous passerons notre deuxième nuit dans cet hôtel assez kitch .

Allez, au lit, car demain la route va être longue. Plus de 150 km à parcourir, piste à volonté…

Moto en Mongolie… En route vers l’infini et au-delà


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Voir la carte de notre itinéraire : https://goo.gl/maps/djGZZurCJL22

18h30 – Une pluie froide sur une piste boueuse nous accompagne. Le soleil baisse rapidement et le froid devient mordant.
Michel dit à travers son communicateur :  « J’ai froid ! »
– Qu’est-ce qui se passe ? demande Max.
– Je suis fatigué, j’ai froid. Toujours pas de goudron, que cette piste boueuse et casse-gueule. Arrêtons-nous dès que possible.
– Plus que 75 km avant notre prochain arrêt. Dis-je.
– Je ne me sens pas de les faire. En plus, on ne sait pas ce qu’on va trouver sur la route.
C’est un « Ok » général qui résonne dans tous les communicateurs avec la consigne : Trouvons un gîte !

Arrivée à Nogoonnuur

Arrivée à Tsagaannuur

Yak Shop Hotel Café bien venu en MongolieNogoonnuur10 km plus tard, dégoulinant et gelés jusqu’aux os, nous croisons notre première yourte (habitat traditionnel mongole) et nos premiers Yaks.
Enfin, apparaît sur le bord de la piste, un hameau surgit de nulle part avec peint en grosses lettres sur une de ses façades, ces mots magiques : « SHOP – CAFE – HOTEL ».
Un jeune couple de Mongole accueillant et chaleureux nous loue deux petites chambres.
Nous passons notre première nuit dans un lieu typique complètement dépaysant.
Imaginez un grand cube divisé en deux. Une moitié pour la grande chambre.
La deuxième moitié divisée encore en deux : Une pour le vestibule et l’autre pour une petite chambre.
Ici, pas de carrelage, pas de parquet, brut de chez brut, simplement du lino posé sur la terre battue et des murs blanchis.
Chaque chambre est équipée d’un poêle fonctionnant à la bouse de Yak séchée.
Notre chambreLe lit est en fait une grande planche de la largeur de la chambre recouverte de couvertures, de coussins et de couettes.
Un petit fenestron et une ampoule pendante au bout d’un fil courant le long du mur tentent d’éclairer la chambre. Deux prises électriques vétustes sont accrochée sur l’autre mur.
Shirarbek, notre gentil hôte,  plante des clous dans la poutre pour faire sécher notre équipement. Une ficelle servira de corde à linge.
Poêle à bouses de YakLes chambres sont froides et humides. Shirarbek revient les bras chargés de bouse de Yak, s’accroupit devant le poêle, ouvre le foyer, le bourre à « ras la gueule » avec ce combustible inattendu.
Quelques feuilles de papier journal roulées en boules, le tout arrosé généreusement d’huile de vidange. « CRAC » une allumette, « WOUF ! », le tour est joué.
Le papier imbibé d’huile s’enflamme, dégageant une fumée envahissant le plafond de notre chambre. L’atmosphère devient rapidement irrespirable.

Le poêle à la bouse de yak ça fume un peu

Le poêle à la bouse de yak ça fume un peu

J’ouvre la porte et l’appel d’air généré accélère la combustion.
Dans un vrombissement de feu de l’enfer, notre poêle se met à rougir.
En quelques minutes la température est si élevée et tellement insupportable que nous sortons.
Etrangement, aucune odeur à part celle de l’huile. En revanche le feu s’arrête aussi soudainement qu’il a commencé. Au bout d’une demi-heure, il est éteint.
Malgré son dénuement et sa simplicité, jamais une chambre ne nous a parue aussi délicieuse.

La moto de nos hôtes

La moto de nos hôtes

Nous parquons nos motos dans l’arrière cour boueuse à côté de celle de notre hôte.
La plupart des mongoles se déplacent soit à cheval soit sur de petites motos. En général des 125 ou des 150 cm3 chinoises. Il n’y a pas de grosses cylindrées en Mongolie.
Plusieurs raisons à cela :
D’une part, il est beaucoup plus facile de se déplacer dans le désert sur une moto légère et maniable même à deux dessus que sur nos mastodontes chargés à 500 kg avec pilote et passagère. Nous en croiserons de nombreuses au cours de notre traversée du pays qui nous ferons bien souvent envie.
Les mongoles très agiles sur ce genre d’engin se jouent des pièges du désert et traversent les guets avec tout autant de facilité.

Motard Mongole

Motard Mongole

En revanche, leur équipement est bien sommaire et les chutes doivent-être malheureusement sévères…
D’autre part, le prix d’une grosse cylindrée est prohibitif.
Les motos parquées , nos bagages déchargés et rangés dans les chambres, la faim nous appelle.

Un bon repas

Un bon repas

C’est dans une petite salle où trônent deux tables, un banc et quelques chaises que nous allons découvrir l’art culinaire mongole autour d’une bière tiède.
Tileugul Abai notre hôtesse, derrière le comptoir, concocte un plat à base de pâtes, légumes et viande de mouton, le tout arrosé d’un délicieux bouillon pendant que Shirarbek son mari, nous  montre ses trophées de chasse; en particulier un tête de mouton argali (gros mouflon sauvage) dont les cornes peuvent peser plus de  20 kg.
22 h – Epuisés par cette journée riche en émotion, l’équipe part se coucher.
Repos bien mérité, nous plongeons dans un demi sommeil blottis dans nos duvets.
Vers 23h30, après avoir rendu visites à nos quatre compères logeant à côté,  notre porte s’ouvre.
Shirarbek entre dans notre chambre plongée dans l’obscurité et nous tire de notre sommeil.
Il « baragouine » quelque chose dans sa langue. A moitié endormi, je hoche la tête. Quelle erreur !
La cérémonie du poêle recommence, CRAC, WOUF ! L’enfer est de retour. J’allume la lumière, adieu le sommeil.
Le couple s’installe sur notre lit surpris de nous voir dans nos duvets.
Grâce aux smartphones et à l’aide des traducteurs, nous devisons sur la vie en Mongolie, la musique, la famille… Photos, Facebook, Deezer…
Surprenant, le monde reste connecté même au milieu d’un désert en altitude.
Vers 1h30 du matin, Shirarbek commence à s’endormir et cherche vainement une couverture pour se couvrir. Après avoir tourné, viré, il se lève pour finalement regagner son lit. Quelques minutes plus tard, il appelle sa femme.
Tileugul quitte notre lit à regret et rejoint son époux.  Le poêle a rendu l’âme. De nouveau, le froid et l’humidité ont investi la chambre. Blottis dans nos duvets, nous nous laissons enfin emporter par le sommeil.
Sachez qu’en Mongolie, l’hospitalité est un devoir. Vous pouvez librement aller dormir dans une yourte mais la réciproque est vraie. Un mongole peut très bien venir dormir dans votre tente ou chambre.
L’attitude de notre jeune couple Mongole était donc tout à fait naturelle.
Mais surpris par nos duvets, pas de couvertures pour se glisser dessous, ils ont regagné leur chambre.

Ce premier contact nous a bouleversé face à un peuple si démuni et généreux. Si vous décider de rejoindre la Mongolie par Tashanta, n’hésitez pas, arrêtez-vous à Tsagaannuur chez Tileugul et Shirarbek. Une rencontre qui illuminera la suite de votre voyage.
La Mongolie (3 fois grand comme la France avec moins de 3 millions d’habitants dont le tiers vit dans la capitale Oulan-Bator) est un pays désert, froid en hiver (-40°C) et pauvre mais tellement riche en contacts humains, aux paysages inoubliables que vous y laisserez une partie de votre coeur.
Un choc culturel important qui nécessite une réelle ouverture d’esprit.