Bonjour copain (et copine),
IRON BUTT : STAGE II After the Saddle Sore run here comes the Bun Burner Ride!
(Que l’on traduira par : – « Après les blessures de selle voici venu le temps des cojones dans le grille-pain ! »).
Flashback !
Souviens-toi ami biker /motard, en 2010, Hervé et Nicholas, deux road mates, gros rouleurs ayant usé leurs gommes sur toutes les routes d’Europe, décident de relever un ‘’drôle’’ de défi : parcourir 1747 km en 21h00 pour le seul plaisir d’entrer dans la très restreinte IRON BUTT ASSOCIATION américaine (IBA) qui, diplôme, patch et sticker à l’appui ,
certifie les long runs à moto partout dans le monde. Ils réalisent alors le premier niveau de l’IBA, un ride dénommé Saddle Sore (le contrat : réaliser 1000 miles ou 1609 km en 24h00). A l’issue de cette expérience unique et exaltante, ils s’étaient bien promis de s’attaquer au niveau deux : un autre ride, intitulé Bun Burner, soit 2410 km (1500 miles) en 36h00.
Avant de narrer cette nouvelle épopée motarde, un petit rappel s’impose : l’IBA, kesaco ?
Bin là mon loupiot, si tu es à l’aise avec la langue de Shakespeare tu vas faire un tour sur le site de l’IBA :
http://www.ironbutt.com/about/default.cfm
Sinon, voici la nomenclature des rides codifiés par l’association (fais toi peur, convertis tout ce que suit en kilomètres) :
– le plus prestigieux : le 11000 miles Iron But Rally (11 jours),
– le plus pratiqué : le Saddle Sore 1000 (1000 miles en 24 heures),
– la suite ‘’logique’’ du précédent : le Bun Burner 1500 (1,500 miles en 36 heures),
– le plus puissant : le Bun Burner Gold (1500 miles en 24 heures),
– le plus sportif : le 50cc Quest (un Cross Country en 50 heures),
– le plus beau : le National Parks Tour Master Traveler Award (visiter 50 parcs nationaux dans au moins 25 Etats américains),
– le plus difficile : le Coveted 10/10ths Challenge (1000 miles par jour pendant 10 jours),
– le presque impossible, qui vous fait entrer dans le 100K Club (100,000 miles ou plus dans l’année).
Ce n’est pas pour rien que les Iron Butters revendiquent le titre de World’s Toughest riders (Les motards / chevaucheurs les plus durs du monde).
Bon, c’est reparti, Here we go again!
Peut-on réellement parler d’expérience, de savoir-faire motard, de connaissances routières accumulées (uniquement en Harley pour Hervé) depuis 20 ans quand on se lance à 05h00 du matin en ce samedi du week-end de Pâque 2012 sur un parcours de presque 2500 km ? Ou bien, au contraire faut-il être totalement inconscient ?
On verra ça plus tard, au retour, autour d’une binouze avec les potes.
Cette fois-ci, quitte à faire dans le grandiose kilométriquement parlant, autant se la jouer Européenne. Hervé et Nicholas avaient décidé de donner une autre dimension au défi en le faisant partir de Paris, monter à Bruxelles, passer par Amsterdam, rejoindre Hanovre, pousser jusqu’à Berlin, redescendre sur Prague, revenir par Sarrebruck et retour à Paris. La grande classe ! Le périple étant prévu pour le week-end de Pâques (le lundi ne sera pas un luxe de repos pour reprendre le boulot le mardi matin).
Oui mais bon, Pâques c’est une chance sur deux d’avoir du soleil … ou le contraire. Mauvais tirage cette année : deux jours avant le départ les températures sont négatives au nord de l’Europe, il neige à Berlin et ça n’est guère mieux à Prague. –‘’Keskonfé, on annule ?’’, se demandent nos deux riders quelques heures avant le coup d’envoi ? Ça fait des mois qu’ils attendent, un hiver entier à peaufiner la chose … pas question, on y va ! Et en avant pour bricoler un nouveau parcours (en direction du sud européen cette fois-ci) au dernier moment (merci Internet). La veille du lancement, c’est décidé, on part pour l’Espagne !
Le départ étant officiellement déterminé par l’heure qui figure sur le ticket de caisse du paiement du premier plein d’essence, il faut commencer par trouver une station-service … qui soit ouverte.
Première source d’énervement en ce petit matin pas du tout ensoleillé et froid : la station où il était prévu de faire le fameux plein est fermée. GNARGHH !!!!! Bon sang, l’était ouverte pourtant i’a deux ans quand on était parti pour le Saddle sore run à la même heure, c’est pô juste !!!! Pas grave, on sait où en trouver une seconde : fermée aussi, re-(gros) GNARRRRGGHHHH !!!!! Vite une troisième !, qui … est OUVERTE ! Allez Lou ya brozère !!! Chercher une station-service en banlieue parisienne de nuit à 04h30 du matin, qui plus est, encore ensommeillé … i’a plus motivant comme exercice pour débuter un Bun Burner ride. Ça démarre fort là !
A partir de là, que du bonheur de motard. Les 200 premiers kilomètres furent pénibles : nos deux compères ne sont pas très bien réveillés, la météo est hésitante, la sortie de Paris sans grand intérêt, mais petit à petit, le rythme s’installe.
Les pauses café se suivent et se ressemblent (jamais plus de 25mn) et c’est l’arrivée sur Bordeaux dans une apocalypse de pluie, de camions ‘’TIR’’, d’embouteillages de départ en week-end et de travaux routiers transformant le parcours jusqu’à Dax en une petite galère mais faisant surtout dangereusement chuter la moyenne. Car bien évidement l’IBA interdit tout excès de vitesse (il ne s’agit pas de faire un chrono sur route) mais néanmoins il y a ces bon sang de 36h00 à ne pas dépasser et s’il faut dormir un peu … hé bien ça ne laisse pas vraiment beaucoup de temps à s’amuser à faire baisser la vitesse de croisière.
Enfin l’Espagne et son (frais) soleil ouvre ses routes à nos deux riders qui découvrent avant Pampelune une autoroute de montagne superbe qui permet de rouler dans un très beau paysage en descendant des Pyrénées pour rejoindre les plateaux arides plantés de dizaines de milliers d’éoliennes et autres panneaux solaires jusqu’aux portes de Barcelone avec ses terres dignes du sud de la Californie ou du Mexique. Puis c’est Girone, la nuit arrive et enfin le poste frontière de la Jonquière (longue baston pour Hervé avec combin’ de pluie récalcitrante).
Les routes espagnoles sont dans un excellent état et à la surprise de nos deux protagonistes pratiquement vierges de tout trafic. Quasiment désertes. Pourquoi ?, c’est un mystère, mais quel plaisir de rouler dans ces conditions. Ah, si !! Une source d’énervement, de très gros Z’énervement (avec un énorme ’’ Z’’) : les péages. Ne jamais oublier que c’est l’une des spécialités espagnoles (et oui, il y a pire qu’en France). Compter en moyenne une barrière autoroutière de péage tous les 428 mètres qui vont vous coûter pratiquement l’équivalent de budget de la NASA. L’horreur (surtout quand tu es en moto en combarde de pluie avec les gros gants d’hiver : un grand classique motard).
Profitons-en pour évoquer ici l’aspect pécunier de la chose, pour répondre à cette question qui taraude tout lecteur attentif : -« mécombien sacoute leur truc à moto là ??!! ».Eh bien disons qu’au prix actuel du carbure, une nuit d’hôtel, la délicieuse junk food que tu vas
t’ingurgiter sur parkings d’autouroutes, les fameux péages et la (petite) cotiz à l’IBA, il faut compter aux alentours de 400 brouzoufs par personne (à l’allure où augmente le prix de l’essence l’IBA va pouvoir fermer boutique ou bien se recycler en club pour motards fortunés – Pas glop !).
Après la frontière, direction Nîmes où nos deux riders ont prévu de s’arrêter quatre heures pour dormir un peu dans un hôtel (réservé à l’avance). Mais, en fait, à la station-service précédente, à hauteur de Montpellier, Hervé en forme olympique propose à un Nicholas pas moins gonflé, de ne pas s’arrêter et de tenter le retour sur Paris en une seule traite. Banco, c’est parti pour un ride non- stop !
Et c’est l’entrée dans la nuit profonde sur autoroute déserte. Peu de voitures, quasi aucune moto et pas de camion (bicoz week-end Pascal). Univers surréaliste des aires autoroutières totalement désertes, de stations- services ilots de lumière vides et d’employés totalement seuls, isolés, plus ou moins persuadés que ces deux motards cagoulés vont se tirer sans payer (pénible à vivre quand on est simple Iron Butter mais réalité vraie qui fait régulièrement la une des journaux : les vols d’essence ont augmenté de 20 à 30% ces derniers mois).
Un mauvais petit somme de 30mn au nord de Lyon, dans l’espace « détente » d’une station, mal assis entre les machines à café et les bacs à sandwichs et nos deux compères commencent à ressembler à deux sdf de la route. Ils auraient bien voulu se faire photographier mais … personne dans les parages à cette heure indue. Pas grave, ils se sont débrouillés tout seul …
C’est la remontée sur Paris. Assez facile finalement (même si la moyenne horaire a chuté et oscille entre 100 et 110 km/h). C’est essentiellement entre 06h00 et 06h30 ce dimanche matin qu’a eu lieu le seul passage difficile physiquement de ce Bun Burner ride : un « coup de pompe » accompagné d’un froid humide intense (dû aux premières brumes) que seul un arrêt p’tit déj’ d’une bonne heure permettra de surmonter.
L’arrivée se fait au dernier point de ravitaillement (après le péage de St-Arnoult), ultime ticket de caisse horodaté qui matérialise l’exploit : 2254 kilomètres parcourus en motocyclette de marque américaine en 28h00 et sans dormir. YES, we’re riders !!!
Que dire de plus ?
Qu’Hervé et Nicholas sont heureux, satisfaits et fiers.
Que les deux motos, un Street Glide 96 et un Softail Heritage de Luxe ont été des monolithes de fiabilité, véritable rails de stable sécurité (seul gros défaut : va falloir les nettoyer après un tel périple, vu que la Compagnie Harley-Davidson n’a toujours pas inventé les peintures insalissables …) avec des consommations tout à fait raisonnables pour de telles cylindrées (étonnement il semblerait que l’Heritage eut été plus gourmand que le Street).
Que les émotions ont été au rendez-vous et bien qu’à l’arrivée Nicholas avait une hanche qui refusait presque de fonctionner et Hervé la main droite tétanisée (bien qu’ayant roulé avec le cruise control) ce fût géant !
28h00 de pur bonheur et même pas mal à l’Iron butt !!!
Et cela, toujours hyper bien sapé du début à la fin …
Départ 05h00 du Plessis Robinson le samedi matin
07h20, 210 km
09h55, 475 km
13h20, 750 km Bayonne
16h25, 975 km Pyrénées
18h44, 1225 km entre Pampelune et Saragosse,
21h40, 1495 km entre Barcelone et Gironne,
23h5, 1705km aux alentours de Montpellier,
02h15, dimanche, 1880 km, après Montélimar,
05h15, 2070km, nord de Lyon,
07h05, 2422km, peu après le péage de St Arnould.
10h55, 2500,2 km, back home !
YES WE’RE RIDERS !!!!
Eh, l’est pô belle la vie sur pneus ???!!!!!
Aller, la bise.
L’Hervé, your Berrichon friend.