Deuxième étape d’aéroport


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Cédric est un habitué des contrées nordiques, il y a été voyageur, écrivain, diplomate ; une sorte de Romain Gary moderne… il connaît toutes les ficelles.

Quand je lui avais demandé comment il avait fait pour décrocher le propusk, il m’a répondu de contacter Anastasia, une citoyenne Russe du Tchoukotka, mariée avec un français et installée… à vingt bornes de chez moi.

Anastasia m’a mis en contact avec Evgeniy qui a une agence de voyage à Anadyr, capitale du Tchoukotka, puis avec Yves, un mystérieux retraité qui ne cesse de faire des va et vient entre Magadan et Montpellier. Ces va et vient, c’est toute sa vie… lui il connaît l’agence qui me fera le visa qu’il faut bien comme il faut. Serge connaît Svetlana à Magadan, Anastasia a des relais partout au Tchoukotka…C’est la grande chaine de solidarité russe, elle est plus forte que tout ; même à deux pas de chez moi, elle était déjà bien là.

Inversement, de mon côté, j’ai quelques missions à accomplir. Des enveloppes à ramener au gré des escales. J’ai même failli devoir déposer une exposition de peinture à Moscou, mais les russophiles Languedociens rêvent encore un peu trop au monde d’avant. La mairie de Montpellier, elle, suit la ligne, imaginer continuer des jumelages culturels en ces temps agités relève de l’utopie forcenée. La culture, c’est un truc estival, quand les cieux s’assombrissent, ce qui devrait caractériser l’être humain n’existe plus. Il ne reste que la bête qui sommeille toujours en ses tréfonds…

La bête, d’ailleurs, s’est réveillée pas très loin de mon escale moscovite, et à l’arrivée à l’aéroport de Sheremetevo, avec huit heures de retard, le fonctionnaire en uniforme est un peu plus tatillon que d’habitude; je ne suis plus à une heure près.

Nous sommes un petit groupe à devoir patienter, chacun a droit à un entretien. Je dois expliquer ce que je suis venu faire, ce que je pense de la conjoncture. Dans mon anglais approximatif, je parle de toutes mes virées, de mes innombrables amis à travers tous le pays, des clubs de motards. Le motard ne fait pas de politique, il roule, il est born to be ride et ça, ça plait toujours aux fonctionnaires en uniformes.

A une heure du matin, heure locale, je posais enfin mon sac dans une piaule aseptisée de l’Holiday Inn de Sheremetevo.