Bonjour copain (et copine),
Connais-tu JOE LEONARD ? (si tu me réponds oui, chapeau, t’es un expert mon titou)
Joe, en 1961, aux 100 miles de Laconia (New Hampshire) qu’il va gagner …
… ce sera sa dernière année en compétition moto avant de passer à l’automobile au plus haut niveau en 1962 …
Joe en 1950 à Bay Meadow … il court pour une marque américaine bien connue … Déjà avec le numéro 98 qu’il gardera tant qu’il sera pilote de course moto …
Après une brillante carrière nationale sur deux roues, il quitte l’AMERICAN MOTORCYCLE ASSOCIATION (AMA) fin 61 …
Avec l’anglais JOHN SURTEES, il est l’un des très rares pilotes à avoir remporté des Championnats de niveau national / international tant sur deux que sur quatre roues …
Portland en 1951
Il est triple Champion des Etats-Unis AMA Grand National, en 1954, 1956 et 1957 (sur HARLEY-DAVIDSON), vice-champion AMA Grand National, en 1958, 1960 et 1961, 3e du championnat AMA Grand National en 1955 (4e en 1959). Il compte 27 victoires au plus haut niveau. Et gagne même la Daytona 200, en 1957 et 1958 (sur Harley-Davidson) … Excusez du peu …
Une fois un volant dans les mains il va aussi briller au plus haut niveau …
En Championnat Américain Automobile (AAA) avec de 1964 à 1974, 98 départs : 6 victoires pour 19 podiums – 37 « Top 5 » et 60 « Top 10 »- ainsi que 2 pôles. Et surtout, en INDY 500 avec des pôles positions, et des 3ème places de 1967 à 1972 (10 participations consécutives, entre 1965 et 1973) …
Il est donc titré en AMA GRAND NATIONAL et USAC INDIANAPOLIS CHAMP CAR
Ce qui fait de lui une légende vivante dans l’histoire du sport mécanique américain
Respect champion !!
Bon, ok, mais alors pourquoi reparler de cet ancien champion aujourd’hui ?
Et bien parce qu’il a encore des fans qui lui rendent hommage en restaurant de la plus belle des manières des modèles de motocyclettes de marque HARLEY DAVIDSON réplica de modèles qu’il a pilotés en son temps …
C’est donc à un certain Frederick FORTUNE, graphiste de son état, vivant dans la baie de San Francisco, amateur de motos anciennes que l’on doit cette magnifique restauration …
Il va d’abord rencontrer dans le cadre de son activité professionnelle le coureur Larry Headricks, puis son fils et faire une seconde rencontre fortuite avec une autre légende de la course, Joe Leonard. Il va alors entendre leurs histoires de courses, et littéralement tomber amoureux de ces racers sur WR, motocyclettes simples, brutales et sans fioriture … ll attrape le virus du dirt track racing et va passer pas mal de temps à restaurer un american classic racer …
Introduit en 1929 sous l’appellation modèle D pour concurrencer le succès de l’INDIAN 750cc à soupapes latérales SCOUT V-twin, la popularité de l’HARLEY-DAVIDSON WL (plus connu sous le nom de ‘45′, qui correspond à sa cylindrée en pouces cubes – ou cubic inches si tu préfères) est montée en flèche lorsque les Etats-Unis entrèrent dans la seconde guerre mondiale, créant ainsi une demande sans précédent pour une version militaire qui va être connue sous l’intitulé WLA. Le modèle WLC était quant à lui la version canadienne de la moto.
Le modèle WL de 750cc flathead à soupapes latérales va se révéler être l’un des moteurs Harley qui va connaître la plus longue carrière, terminant ses jours en motorisant le fameux Servicar 1973 à 3 roues …
… évoluant vers le Sportster Flathead, Ironhead et les moteurs dits Evolution de Harley Davidson.
Avant et après la guerre, une version dérivée du 45 connait un succès considérable dans la course sur piste ovale américaine (après l’introduction par l’AMA en 1937 de la Classe C pour les motos sur la base de la production 750cc qui avait pour but de rendre la course plus abordable pour les amateurs ordinaires).
L’Indian Sport Scout avait déterminé la norme initiale, mais Harley n’a pas tardé à suivre, en introduisant des versions toujours plus puissantes du ’45’, culminant en 1941 avec l’arrivée du premier 45 construit spécifiquement pour la course : le WR, qui était disponible pour le dirt-track et le modèle WRTT pour la course sur route. Les WRTT avait des repose-pieds type floorboards (plateforme) et un frein avant, à la différence des Flats Track WR.
Avec les réglages réalisés sur la WR par le légendaire Tom Sifton, dit « The Patron » (préparateur / constructeur de motocyclettes de course – décédé en 1990 – il a mené de nombreux pilotes américains à la victoire avec ses engins – Sifton est lui aussi une autre légende du sport motocycliste, entré dans le Hall of fames de l’AMA en tant qu’acteur majeur de la compétition moto aux USA) …
… Harley se met à imposer sa loi sur les pistes. En 1948, le WR remporte 19 des 23 événements motocyclistes nationaux. Cette année là, la Motor Company HD (la MoCo comme on dit là-bas) réalise l’incroyable performance de placer à Daytona sept de ses machines dans les dix premières places. En 1949, les WR remportent 19 des 24 courses nationales …
En 1950, Larry Headrick, sur un WR préparé par Tom Sifton, remporte les trois courses AMA national mile et obtient le Graal : la plaque si convoitée No.1. Avant qu’un accident de la rue lui brisant la jambe gauche l’amène à stopper sa carrière à l’âge de 30 ans. Il se souviendra toujours de cette brillante saison 1950, quand il était le meilleur coureur des USA …
Pour couronner les efforts effectués par Harley Davidson dans le domaine de la course, un petit peu plus tôt, en 1949, sur l’insistance de Tom Sifton, un nouveau venu de talent s’est vu donné sa chance sur une Sifton Harley WR. Le nouveau membre de l’écurie Sifton se nomme : JOE LEONARD.
(as-tu remarqué que, sur quasiment toutes les anciennes photographies de courses de motocyclettes, les pilotes … ne portent presque jamais de gants ?!!!??!!!)
Joe a débuté sa carrière sur TRIUMPH. Voyant que ce jeune pilote était fort, rapide et intrépide, Tom Sifton pensa que Joe avait un vrai potentiel. L’avènement de Joe Leonard dans l’équipe Sifton se fit à la suite de deux incidents tragiques :
une blessure de Al Rudy (décédé en 2010) …
… et
l’accident qui mit fin à la carrière de Larry Headrick …
Sifton identifie donc le talent brut de Leonard et l’engage comme pilote dans son équipe. Leonard dira plus tard que le jour Sifton l’a embauché a été l’un des plus excitants de sa carrière …
« Il était plus qu’un simple constructeur de moteur« , dira de lui Leonard, « Il était un entraîneur, un découvreur de talent et une figure paternelle. Il pouvait lire une piste et vous dire la meilleure façon d’y courir et il avait presque toujours raison «
Au début des années 1950, le tandem Joe Leonard / Tom Sifton a dominé le championnat national de dirt racing. Les Harley Davidson WR / WRTT construites et réglées par Tom Sifton et Charlie Ouest ont fait de Joe Leonard « le Fléau national » du demi-mile, du mile, de la course sur route et sur piste (inimaginable de nos jours). A ce jour, le WR Harley Davidson était et reste toujours considéré comme l’une des meilleures motos de course jamais construite. Les WR de Sifton WRs, de Rudy à Headrick en passant par Joe Leonard, étaient les motos à battre.
Revenons à nos jours avec notre restaurateur de mécaniques anciennes, Frederick Fortune …
Il explique : – » Je travaillais pour Larry Headricks avant sa mort en 2007 et faisait du motocross avec son fils Jerry, tout en ignorant l’histoire des années de course de son père et les motos qu’il pilotait. Des années plus tard, j’ai rencontré le coéquipier de Larry, Joe Leonard actuellement Chief Grill Tender à l’Atelier d’usinage de Barnaby locale aux sessions barbecue du mercredi soir où j’ai aussi rencontré le fils d’Al Rudy, Chris, qui de temps en temps venait avec le vieux WR de course en cours de restauration de son père ».
– « Mon attirance pour le WR a commencé ainsi et a été amplifié par la possibilité d’acquérir le WL quasi à l’abandon d’un ami. N’étant pas étranger à la construction de motos à partir de zéro, j’ai pris la décision de l’acquérir et de construire un WR de course par moi-même (qui soit bien « roulable » et réglementairement conforme) en hommage à ces légendes locales … spécifiquement Joe Leonard et son célèbre Numéro 98 dans l’écurie Sifton …
– « J’ai débuté par une période de « chasse intense » aux images des WRS produites par Sifton et notamment celles des motos originales de Joe. Puis, après plusieurs entrevues avec Joe Leonard lui-même, ayant reçu son approbation pour le projet, la moto a été entièrement démontée ».
Et le long et lent processus de recherche, de réparation et de finition de toutes les pièces manquantes a commencé … Le cadre a été réparé et redressé, tout comme la fourche, les moyeux avant et arrière y sont passé aussi et tout le « reste » qui se trouve au-dessus et au-dessous a finalement été trouvé. Dans certains cas, les bonnes pièces ne sont tout simplement plus disponibles ou pas du tout fiables … De sorte que des pièces de reproduction de qualité ont dues être achetées.
Des plaques avec le numéro de Joe, 98x, ont été recréés à l’identique et signées par lui. Finalement, la moto a été terminée à temps pour effectuer ses débuts au Quail Motorcycle Gathering 2016 où elle a reçu un bel accueil, rassemblant autours d’elle un flux incessant de photographes et vidéastes en tous genres, y compris une équipe de Discovery Channel qui était en train de réaliser un documentaire.
Propriétaire et « constructeur » principal Frederick FORTUNE
Fourches Poutrelle OEM 1949
Cadre OEM 1949
Réservoir OEM 1957
Moteur 1953G 750cc
Magneto Fairbanks Morse
Carburateur OEM Linkert
Freins OEM stock
Roues OEM moyeux, jantes acier
Pneus Buchanon / Dunlop K70s
Bars, leviers, contrôle OEM et aftermarket
Phare Belray-ish
Selle WRTT
Feu arrière et support repro’ fabriqués en acier
Garde-boue arrière OEM, avant inconnu
Peinture / Pinstriping, TRAILER Steve
OEM signifie Original Equipment Manufacturer
Alors mon titou, c’est pas beau ça dis donc ?
Bravo à Frederick FORTUNE, quelle restauration !!!
Vivement la prochaine.
Aller, la bise
L’Hervé, your Berrichon friend