Édito du Moto Magazine 298 de juin 2013

Mis en avant


jptheodore

L’obsession de la vitesse rend idiot

La vitesse en « mère de tous les vices routiers » revient en force dans les discours sécuritaires. Et prête à tous les délires…

« 1 km/h de moins sur nos routes, c’est 4 % de morts en moins. » Il vaut sans doute mieux entendre ça que d’être sourd, mais quand ce genre d’insulte au bon sens nous est relayé sans ciller par le président même de la commission alcool-stupéfiant-vitesse du CNSR, force est de se demander s’il n’y a pas quelque chose de pourri au royaume du bitume.
De quel modèle mathématique sort ce genre d’équation ? Mystère… Et à supposer qu’il intègre les données d’accidentologie des années 70 (15 000 décès annuels), que fait-il des progrès réalisés depuis quant à la sécurité des véhicules et de leurs passagers – airbags, carrosseries « absorbantes », ABS, ceintures de sécurité, etc. – et des infrastructures – ronds points, revêtement, signalisation ? Pas grand-chose, apparemment.

Le drame, c’est que ce genre d’assertion sert de base à des politiques de la même eau, à l’emporte-pièce. Dernière idée dans l’air d’ailleurs, au sein du Conseil de sécurité routière : une réduction de la vitesse sur autoroute à 120 km/h. La « nouvelle » a fait bondir la FFM et la FFMC réunies et on les comprend : l’autoroute est en effet le réseau le plus sûr, avec 7 % des accidents mortels, causés principalement, selon les professionnels même de la question, par la somnolence, l’alcool et la prise de drogues, médicaments compris. Malgré cela, on s’acharne et on médiatise à tour de bras les dangers de la vitesse. Bref, du grand n’importe quoi qui, hélas, incite plus à pleurer qu’à rire.

De là à conclure que Moto Mag est un indécrottable apôtre de la vitesse, n’y aurait-il qu’un pas ? Faux !
Notre numéro 298 en témoigne, qui s’attarde avec délectation (p. 42 et 70) sur un genre de machines et de motards qui privilégient le supplément d’âme, le style, dans l’esprit d’autrefois, et invitent indirectement à des conduites apaisées.
Le phénomène est, semble-t-il, en pleine expansion. Grand bien nous fasse. Mais très franchement, c’est bien le seul mérite qu’on puisse reconnaître à l’insupportable répression organisée contre la notion de vitesse et à la désinformation qui l’accompagne.
Faut quand même pas pousser…
Alain Corroler