L’édito du Moto Magazine 352 de novembre 2018


jptheodore

Scabreuse transition

En même temps que le salon parisien de la moto ouvrait ses portes, Paris fermait les siennes à la moto ! Verbalisations à gogo, enlèvements massifs de machines à la porte de Versailles, nouvelles annonces pour bouter les moteurs thermiques hors les murs… Voilà bien une preuve que notre moyen de transport – et notre passion – est totalement déconsidéré par la mairie de la capitale, alors qu’ailleurs, en France et en Europe, des édiles réfléchissent à l’alternative qu’il représente pour fluidifier le trafic urbain et réduire ainsi la pollution atmosphérique. La communauté des motard(e)s va devoir encore réagir pour stopper des initiatives aussi absurdes que socialement discriminatoires.
Dans un autre domaine, celui de l’état des routes, c’est la même limonade ; ou plutôt le même breuvage amer. Trous, saignées, ralentisseurs défoncés, les pièges à deux-roues se multiplient sans cesse. La Fédération française des motards en colère va faire porter un projet de loi devant l’Assemblée nationale pour que la totalité des recettes des radars soit dévolue à l’entretien des routes (lire p. 8). Avec le slogan : « Rendez-nous notre argent ! » C’est plus que jamais le moment de la soutenir…
En attendant, satisfaction quand même lors de ce Mondial du deux-roues, le retour de Peugeot sur le segment moto. En espérant que le contexte ne tue pas le projet dans l’œuf. En 1973, Motobécane lançait son 350 tricylindre 2T en plein choc pétrolier. En 2019, la marque au lion devrait produire deux mignonnes citadines à l’heure où le stationnement urbain risque de devenir payant… Transition écologique ou transition industrielle, le tempo n’est pas vraiment bien choisi…

Jean-Pierre Théodore, rédacteur en chef

L’édito du Moto Magazine 351 d’octobre 2018


jptheodore

Le monde moto en pleine mutation ?

La transition écologique est au cœur des débats dans notre société, et a eu encore plus d’écho ces dernières semaines après la démission de Nicolas Hulot. Un grand nombre de citoyens aspirent à préserver la planète pour les générations futures, à un environnement plus respirable et plus serein. Ce qui va engendrer efforts et interdictions. Ce à quoi la moto n’échappera pas.
L’État a d’ailleurs déjà promulgué un plan pour la transition écologique en 11 mesures (voir p. 8) qui pourrait d’ici quelques années bouleverser la pratique de la moto. Et un plan vélo qui ne sera pas sans conséquence sur l’aménagement des voies.
C’est notamment en ville, avec des restrictions de circulation de plus en plus fréquentes et de plus en plus drastiques – accompagnées de moyens de contrôle et de verbalisation par vidéo (voir p. 14) – que les effets vont se faire le plus rapidement sentir, le gouvernement ayant pour objectif l’éradication de tous les véhicules thermiques en zone urbaine d’ici 2040, et d’interdire la vente des cyclos de ce type dès 2030. Mais si passer du thermique à l’électrique avec un utilitaire n’est pas trop gênant (si ce n’est le problème de l’acquisition d’un nouvel engin), il en va tout autrement avec nos motos passion, qui ont chacune leur caractère, leur look ; ou encore leur histoire, quand on roule avec une moto qui a de la bouteille…
Faudra-t-il bientôt n’envisager la moto que pour les loisirs ? Espérer des progrès d’envergure pour la rendre encore moins polluante mais aussi plus silencieuse ? Attendre l’avènement de machines électriques à l’autonomie suffisante ?
À défaut de pouvoir aller contre le cours de l’histoire, nous devrons nous motard(e)s, avec la FFMC, faire valoir les avantages du deux-roues et veiller à ce que cette transition écologique se fasse intelligemment et, surtout, sans brimer et culpabiliser les citoyens qui n’ont pas les moyens de changer de véhicule maintenant et tout de suite.

Jean-Pierre Théodore, rédacteur en chef