Le motard est un être simple qui sait se satisfaire de peu.
Prenez au réveil un motardus vulgaris, attendez qu’il ouvre un œil (voire même deux s’il est dans un état de forme exceptionnel) et laissez le en faire usage pour se faire une idée des perspectives extérieures.
C’est bête comme chou, mais si la lumière est lumineuse, notre gaillard a toutes les chances d’afficher un sourire béat, à la limite du « grand nigaud », signe que la journée s’annonce sous des auspices les plus prometteurs.
Eh bien ce matin, c’est un YYYYYEEEESSSSS ! Général qui résonne dans les couloirs de l’hôtel à Lierganes, devant le ciel d’azur et le soleil qui amorce sa lente montée au zénith.
Personne ne traîne. La motivation générale est nettement plus à l’impatience qu’hier face au ciel bouché qui ne nous a jamais lâchés.
Nouveauté du jour, vu que sa 650 est indisponible pour un temps certain, et que la 1000 SX dans le camion est d’une prise en main qui ne lui inspire pas plus confiance que ça, Isa glisse dans le camion bagages, et Olivier enfourche désormais la 1000 SX pour ouvrir le groupe des Rouges.
Pause carburant dès le départ pour les deux groupes n’ayant pas pu le faire hier soir, et on attaque rapidement les choses sérieuses.
Notez la technique de Guy qui a misé sur la légèreté et la facilité d’utilisation avec un scoot Honda 300, et qui palie à la contenance réduite de son utilitaire urbain, par l’adjonction d’un réservoir d’appoint (au début, je pensais qu’il ne se déplaçait jamais sans ses prélèvements d’urine, à des fins médicales en cas d’accident…. Mais ses petits camarades qui le connaissent bien m’ont expliqué l’origine de la chose).
Un peu de plat semi urbain en matière de hors d’œuvre, et bientôt on tape dans le dur, avec de la petite route bien escarpée.
Ici, les Rouges goûtent au plaisir du roulage en mode ombragé. Y’a de la pente, ça tournicote, et c’est étroit : tout ce qu’on aime !!!
même le camion méca doit rentrer les épaules pour passer là…
Peu après, le pauvre Philippe devra assurer le coup en se laissant glisser au frein moteur sur une courte mais impressionnante pente viroleuse, bétonnée et striée.
Pas d’inquiétude, tout s’est bien passé ! Il n’y a en fait, qu’à se laisser couler sur le frein moteur, et on arrive en bas avant d’avoir eu le temps de se poser trop de questions.
Une fois regagnée la civilisation, le Tripy me signale la présence du 1er bar, et… bien évidemment, j’y retrouve les Mauves attablés. Ça doit faire trois quart d’heure qu’on est sortis du petit-déjeuner, et déjà les soiffards réclament une réhydratation.
Ici, on les voit accepter la proposition de consommer un produit local proposé par le serveur, et présenté en photo sur son smartphone. Le bec sucré collectif opte pour la commande d’un gâteau pour le groupe.
Quelques minutes plus tard, quelques heureux volontaires auront la chance et le loisir de se délecter d’une délicieuse omelette au poisson !!!! Bonne pioche, surtout moins d’une heure après le café au lait / croissants…
Je laisse là mes zozos, tout à la joie digestive matinale de leur tortilla aux produits de la mer, afin d’essayer de retrouver d’autres couleurs.
Bien plus loin, je finis par retrouver les Jaunes de Jean-Jacques et les Bleus de Jacky, qui redécollent de concert d’un établissement ayant vocation à étancher la soif des voyageurs.
Mais j’y retrouve aussi deux fort beaux spécimens de reliques à quatre roues, participants d’une épreuve locale, la « Via Iberica ». Les autres sont déjà passés, mais même si ça n’a pas deux roues, l’occasion est trop belle de se pencher très brièvement sur ces beautés d’un temps révolu.
Plus loin nous quittons la vallée, pour reprendre de l’altitude via une petite route signalée comme étroite.
Un moment de roulage fort prisé de tous nos participants (ici quelques Jaunes et Bleus)
La montée se fait à son rythme, dans des décors qui ne sont pas sans nous suggérer quelques paysages hexagonaux. Ici, les Rouges suivis comme leur ombre par un autochtone des plus accrocheurs….
Un peu plus haut, tout ce petit monde se pose pour embrasser la vue depuis le barrage avant le village de La Laguna.
Dernier coup de rein pour plonger dans la vallée, afin de conclure cette matinée de plaisir, au restaurant Paco Wences, dans le village bien nommé de Potes…
Repas point trop chargé, mais de bonne tenue, assez vite expédié, de telle sorte que tout le monde reprend la route sans affoler la pendule du chef-chef-oui-chef.
Alors là les p’tits loups, je vais vous le dire tout de suite, cet AM c’est régalade totale !
Des routes variées mais alternant le roulant et le technique, dans les vallées ou sur les hauteurs, au bord de l’eau ou dans des gorges… Sous un soleil bienveillant, on en a pris plein les mirettes !
Un début d’étape en mode sport pour certains, où quelques bourres bien saignantes seront relevées par le comité de surveillance, avec une montée finale jusqu’au panorama « de la biche », avant Portilla de la Reina, où plusieurs motos laissèrent quelques bouloches de gomme (les mauves furent de tous les bons coups, me suis-je laissé glisser à l’oreille).
Pendant que ces derniers immortalisent à leur façon le rendez vous avec la biche de Bronze surveillant la vallée (il aura fallu à ce sujet, extirper not’ bon chef qui avait trouvé le moyen de se coincer une botte entre les jarrets du gracile quadrupède, et que nous aurions récupéré là au passage de la seconde session de juin, sans l’intervention généreuse de quelques nobles âmes à la vocation secouriste), c’est sur un mode beaucoup plus placide qu’arrivent à leur tour les Jaunes et les Bleus.
Pas d’embouteillage au point photo, c’est ça une organisation qui roule !!!!
On se régale les rétines en arrivant sur le lac de Riano. Pas d’envie de mettre du gaz, on fait durer le plaisir, histoire de profiter au maximum de l’instant.
Guère plus loin, on saute de nouveau sur les freins histoire de profiter du coup d’œil depuis le barrage au dessus de Las Salas. Les Rouges y prennent la pause avec une bonne humeur qui contraste singulièrement avec les mines fermées de la veille (l’humidité doit rétracter les pores de la peau, certainement).
Cette fois ci on quitte définitivement les hauteurs afin de plonger dans la vallée qui nous ramène vers Léon. El camino de Santiago : Le chemin de St Jacques de Compostelle, balisé tout du long, et assidûment fréquenté.
Aujourd’hui les pèlerins sont Français, arborent une chatoyante couleur mauve, et avec une ferveur quasi-religieuse, s’adonnent à la dégustation des breuvages et mets locaux. La patronne de l’Oasis, petit coin de paradis et de verdure rafraîchissante dans la chaleur ambiante, est tenu par une dame d’origine Belge qui n’a pas mégotté son plaisir à communiquer longuement dans la langue de Beaudelaire, qu’elle manie à la perfection !
Une brève pause photo sur la portion finale, histoire d’immortaliser un des nids de cigognes croisés, et c’est le rush vers l’hôtel, afin de bénéficier du quartier libre de la fin d’AM, en vue de visiter le centre ville historique de Léon.
Par petits groupes, en solitaire, à pieds ou en petit train, la meute file découvrir le palacio de los condes de Luna, la catedral de Léon, la Basilica de San Isidoro, le palacio de los Guzmanes,la casa de Botines, les petites ruelles typiques, les bars, leur bière et leurs tapas…
A 21h, tout le monde est rentré pour le repas (léger) du soir, et le traditionnel « after » où on discute de tout et n’importe quoi.
Une nouvelle nuit à se préparer pour une nouvelle journée de découvertes.
La dernière avant la découverte du Portugal.
Buena Noche, Signor y signora. Hasta manana.
NB : notre Philippe a encore dû ouvrir le camion une paire de fois ce jour. Pour un rajout d’huile dans les entrailles du flat 1150 de Jean-Luc, généreusement sollicité ce jour (le flat, pas Jean Luc hein…), et pour une paire de Rilsans sur la plaque baladeuse de mon Stelvio, ainsi qu’un resserrage en règle de la pédale de frein arrière en quête de liberté, sur la même native de Mandello. Ah ces ritales, du tempérament et des good ol’ vibrations à tous les étages…
Oui je sais, avec des loustics pareils, il faut toujours être derrière eux ! le moindre moment de relâche, et tu les retrouves allongés à l’ombre en train de se la couler douce…
Heureusement, la hiérarchie veille !