Dernier réveil collectif.
Le ciel est triste et marque à sa façon la fin qui s’annonce de notre périple.
Oh, pas une grosse pluie. Juste un crachin fin mais persistant, histoire de dire qu’au Pays Basque comme en Bretagne, il faut de l’eau pour rendre les paysages bien verts.
Ceci dit, il était temps qu’on mette les voiles, car quelque chose me dit que nous sommes restés là que trop longtemps…
La pluie n’effrayant pas le pèlerin, chacun a enfourché sa monture de bon gré, mais il faut reconnaître que fouiller les sacoches, valises ou sacs divers, afin d’en extraire les vêtements de pluie oubliés depuis le premier jour et la (déjà ! ) traversée du pays Basque espagnol, n’est pas ce qui nous réjouit le plus.
La brume encore légèrement présente au départ de l’hôtel disparaît peu à peu, et finalement la pluie finit par en faire autant.
L’occasion pour tous les groupes de se retrouver au premier bar venu, afin de se débarrasser de ces oripeaux devenus dispensables et de penser à remettre un peu de combustible dans les organismes.
L’intermède pain local / chorizo de pays est goûté à sa juste valeur, et malgré le petit déjeuner récent, on trouve facilement des volontaires pour tester la chose.
La route séchant, le rythme augmente et la caravane se rapproche de l’étape du midi.
Une des dernières occasions pour certains, de ramener quelque production du terroir ou souvenir à l’attention des proches.
C’est le cas de mes deux camarades de l’étape, qui affichent le désir de ramener quelques litres d’huile d’olive locale.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Mais le problème en la matière, n’est pas tant l’achat que le transport du retour. Et si la Harley se montre accueillante en faisant un peu de place dans sa sacoche latérale, il en va autrement du 1150 GSA, dont la bagagerie est déjà bien encombrée !
Heureusement, notre adepte du gaffer et du rilsan (les amis du voyageur en deux roues) pallie rapidement à cette légère contrariété.
Encore une bonne astuce MotoMag. Comment optimiser le chargement de votre véhicule lors des transhumances estivales…
En se rapprochant du lac d’Urrùnaga, la route devient plus viroleuse. Histoire de retrouver l’appétit, à la fois de pilotage et, plus basiquement, pour les tapas et les bocadillos qui nous attendent à l’étape.
Repas simple et copieux, au cours duquel je ne suis pas fâché d’échanger notre compagne de la quinzaine, la morue, pour une de ces délicieuses tortillas con patatas qui me remplit de bonheur !
Chacun a pu trouver son compte durant ces deux semaines, entre le poisson, les diverses viandes, les légumes variés, les soupes et les desserts à foison…
Pour certains, une bonne sieste vient conclure cette pause gustative.
J’avoue, j’en suis, et je fais durer au maximum ces instants de récupération.
C’est ensuite la dernière ligne droite (façon de parler) jusqu’au terme de notre quinzaine, l’hôtel Ibaia à Hendaye, d’où nous sommes partis il y a quasiment deux semaines.
Quel plaisir de pouvoir enfin goûter au plaisir d’apercevoir les vallées Basques autrement que sous la pluie.
A force de tournicoter et d’avancer en tirant des bords, on finit, au déboucher d’une minuscule route, par se cogner le nez dans une vision inattendue : revoilà l’océan Atlantique, et la petite cité de Getaria…
On retrouve la côte, la même que celle empruntée à l’aller, mais bien évidemment dans l’autre sens.
Et toujours ces quadrupèdes présents partout au pays Basque.
Je redoute un instant que l’animal curieux et joueur, ne confonde le mâle organe de mon camarade avec une carotte de courtoisie !
Mais non, Ouf !!!! Il réussit à préserver l’essentiel…
tous ne sont toutefois pas aussi actifs : certains ont même réussi à adopter les pratiques de notre vénérable fossile, j’ai nommé Jackinou l’homme qui vit à l’horizontale.
Arrivés à San Sebastian, on commence à croiser quelques motos éparses, puis de plus en plus nombreuses.
Et nombre d’entre elles sont des anciennes, ou des néo-rétro. Il y a un max’ de machines au look très personnalisé. Et ce défilé de barbes taillées, de cuirs « tendance », de casques ou de tenues branchées…
Mais bon sang, mais c’est bien sûr !!!! On tombe pile-poil dans le Wheels ans Waves, cette manifestation en plein boom depuis trois ans.
La montée du col de Jaizkibel est refusée à de nombreux groupes. En haut ont lieu des runs nécessitant la fermeture de l’endroit.
Coup de chance, roulant le dernier, je réussis à me faufiler alors que les courses viennent de se terminer. J’y croise un paquet de bécanes tout aussi originales que parfaitement roulantes.
Les derniers km se font au milieu d’une nuée de motos de tous styles, de toutes provenances (l’Europe motarde s’est donnée rendez vous ici visiblement), et dans une impressionnante file de bouchons, la côte, envahie en cette occasion, ayant déjà une tendance naturelle à l’engorgement.
Je parviens à l’hôtel après avoir pris soin de remplir le réservoir de mon italienne d’un carburant espagnol particulièrement avantageux (bien plus qu’au Portugal).
Tout le monde ou presque est arrivé.
On me signale toutefois que la rando se termine comme elle a commencé, par une glissade sur du gas-oil.
C’est à Irun, sur un rond-point à quelques encablures de l’arrivée, que la Guzzi Breva de Luc et Marie Andrée se couche sur le macadam inhospitalier.
Résultat des courses, une moto avec une bulle en vrac, un repose-pied pilote en moins, un guidon tordu, et, surtout, une passagère qui se relève avec des douleurs au genou.
Direction l’hôpital le plus proche, histoire de savoir de quoi il retourne.
D’autres se sont fait une belle frayeur, mais en sont quittes avec cette peur. Pas d’autre chute, heureusement, à déplorer. Ça aurait pu être pire.
Il est dit que le pays Basque n’aime pas le mariage gas-oil / motards. Futurs participants, ouvrez l’oeil, nous y avons laissé des plumes, malgré notre conduite prudente.
En attendant d’avoir des news que tout le monde espère rassurantes, chacun remonte dans ses appartements, histoire de se refaire une beauté avant la conclusion.
A 19h30, l’intégralité de la petite troupe, se retrouve au bord de la piscine pour un apéro de débriefing au terme de ces plus de 3000km de roulage au coeur de la péninsule Ibérique.
Le chef-chef-oui-chef est chaud patate !
Il a réuni tout le staff, et chacun sait ce qu’il a à faire. On est tous dans les starting-blocks !
Faut dire qu’on a largement de quoi être débordés…
On croyait pouvoir souffler un peu, mais non, v’la que redémarrent les cadences infernales !
Quel négrier, tout de même, ce chef !
Apéro final, avec un résumé de tout ce qui a été vécu depuis notre départ. Des remerciements pour la simplicité et la bonne humeur affichées par toutes et tous.
75 000 km parcourus en cumulé. Deux chutes sur du gas-oil, quelques motos tombées à l’arrêt. Aucune panne rédhibitoire, Philippe et ses aides ayant systématiquement réussi à solutionner les petits tracas rencontrés. Un entretien efficace sous l’auvent Motul, avec des compléments de fluides réalisés grâce à notre partenaire, des pressions faites régulièrement, et du système « D » lorsqu’il fallait résoudre des problèmes plus inattendus. Un bilan très satisfaisant donc, tant au niveau mécanique qu’humain.
Un super millésime d’ouverture, avec la certitude que les deux prochains groupes feront perdurer cet état d’esprit, panachage de rigueur et d’improvisation. Le juste compromis entre une organisation efficace, et ce qu’il faut de souplesse pour s’adapter aux événements et à l’esprit du groupe et du moment.
Remise d’un petit cadeau, avec un T-shirt aux couleurs de la cuvée 2017 Lusitanienne, initiative appréciée de toutes et tous.
Une bordée d’acclamations réchauffe ensuite le coeur endurci (qui se craquèle sous l’émotion), de ce staff désormais rodé à l’aventure.
Isa et Jean Marc à l’organisation, ainsi qu’à l’ouverture d’un groupe (Isa ayant ensuite « glissé » dans le camion-bagages suite à son accident. Elle s’y sentit tellement bien qu’elle finit par le personnaliser à sa façon, histoire de marquer son territoire),
Jacky, Jean-Jacques et Olivier à l’ouverture de groupes (Olivier faisant bagagiste le matin et le soir, les trois officiant en soutien de Philippe à la mécanique),
Philippe (le chauffard fou, qui tente de précipiter les motards piétons dans le premier ravin venu, dès que l’occasion lui en est donnée ! J’ai des témoins…;o)) ) à la mécanique impossible, et à la fermeture du convoi, au volant du camion St Bernard qui ramasse les éclopés, les malchanceux ou ceux qui ont un coup de mou,
et mézigue, aux photos, rédactionnel, et à tout ce qui peut passer par le cerveau embrumé de not’ chef-chef-oui-chef… (et Dieu sait s’il en passe, des trucs zarbi, là haut…)
Le repas de clôture se déroule avec la projection de photos prises au fil de ces étapes et régions traversées. L’occasion de revivre à chaud quelques bons moments de convivialité.
Cerise sur le gâteau, Luc et Marie Andrée nous rejoignent avec de bonnes nouvelles. Plus de peur que de mal, elle n’a rien de sérieux, et c’est sous une salve de hourras qu’ils viennent prendre leur place à table.
Les meilleures choses ayant une fin, chacun se retire pour une dernière nuitée avant un décollage parfois très matinal.
Des adieux pour ceux qui prendront la route tôt, un ultime RV au petit déj’ pour ceux qui ont fait le choix de prendre leur temps. Des instants chargés d’émotion.
Le lendemain, seuls subsistent les « pas-pressés » quand je débarque au petit-déj’.
Et last but not least, comme disent nos voisins d’outre-manche, honneur soit rendu à sa majesté, Jean-Paul, le seul, l’unique, notre vedette internationale, qui termine ce demi-mois de péripéties incessantes en affichant un pansement de dernière minute..
Poussée de fièvre, moustique farceur, rasage hasardeux … ??? Je n’ai pas l’origine de la chose, mais le résultat est là, un nouveau fait d’armes de notre prodigieux compagnon !
Ne change rien, JP, c’est du bonheur comme c’est !
Pendant que les moins organisés préparent un itinéraire de retour à l’arrache,
d’autres s’affairent dans les sous-sols de l’hôtel à rendre la Guzzi de Luc apte à reprendre la route.
Résultat probant et validé !!! Le sourire de Luc suffit à exprimer sa gratitude à Fifi et Oliv’…
Faut dire qu’avec Pépin, le roi de la bulle, ils ont eu l’occasion de faire leurs gammes niveau pléxi…
Jean-Jacques et Jacky, nos bonobos, sont partis faire une tournée de linge à la laverie, et mettre un coup de propre sur le camion (pas au même endroit je vous rassure, ils n’en sont pas encore réduits à laver leurs slips au karcher ! Encore que, à la réflexion…)
Guy a laissé son scoot’, il a gentiment chargé sa remorque de la Versys blessée, qui va remonter en express aux locaux de MotoMag’ avant d’être rapatriée chez Kawasaki pour un reconditionnement en bonne et due forme (elle a dépanné la Guzzi d’un repose-pied ce matin encore).
« KC », c’était là une immat’ prédestinée. Dommage, on aurait bien aimé la tester sur ces petites routes viroleuses. Nul doute qu’elle y aurait trouvé un terrain à sa mesure.
Quand on voit avec quelle aisance sa grande sœur la 1000 s’est tirée des pièges des routes portugaises, il y avait de quoi s’amuser avec la petite verte.
Allez, les sacs sont bouclés, les valises en place, l’heure est venue de tailler la route.
Un ultime bisou, et on laisse la place à la deuxième session qui saura, sans nul doute, entretenir cet état d’esprit et cette bonne humeur permanente.
Tchao, si il y en a qui redoublent, ce n’est pas mon cas. J’ai mille bornes devant moi, et de l’école lundi…
Bye, les potes, ça a été un vrai bonheur que ces quelques jours en votre compagnie.
Vivement la prochaine….