MotoMag dans les Balkans : Jour 08, La Croatie


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FLANERIE AU BORD DE L’EAU

Certains penseront qu’aujourd’hui on fait relâche, puisqu’on ne roule pas (à peine 20 km tout compris). Ca n’est que partiellement vrai.

Certes, il n’est pas question d’avaler du kilomètre, mais nous ne restons pas pour autant les bras croisés (ni les deux pieds dans le même sabot).

On commence par se lever un peu plus tard, ce qui est toujours bon à prendre vu les heures de roulage de ces derniers jours, puis on met le cap sur le parc national de Plitvice.

La météo est bonne. Moins chaude que ces deux derniers jours, elle devrait permettre une marche pas trop fatigante.

Car le but du jour, c’est bien de laisser les motos sur le parking, de se débarrasser de tout attribut permettant de nous identifier comme faisant partie de la tribu des motards, et de se promener léger et en confort.

Les bermudas, pantalons en toile, baskets et autres sacs à dos ont avantageusement remplacé les blousons et pantalons de cuir, les combinaisons, bottes et gros gants.

Les casques et le reste de l’habituelle panoplie sont rangés dans le camion « mécanique », et c’est le pas léger et le cœur vaillant que la troupe s’élance sur les sentiers, scindée en deux groupes, sous la houlette de deux charmantes guides du parc (la notre s’appelait Betsy, était très sympa et parlait un français remarquable agrémenté d’une pointe d’accent slave des plus délicieux).

C’est au cœur d’un joyau du patrimoine mondial (classé par l’UNESCO depuis 1979), n’ayons pas peur des mots, que nous déambulons.

Ce site, remarquable, d’une superficie de 296 km², comprend 16 lacs qui se jettent en cascade les uns dans les autres (par le biais de 92 chutes d’eau, cascades ou rivières), ainsi que de nombreuses zones boisées où vivent de multiples espèces d’animaux sauvages (dont les plus symboliques sont certainement l’ours brun et le lynx).

Tout y est laissé à l’état sauvage, à l’exception des passerelles en bois et des chemins qui font le tour des lacs.

J’y étais venu en 1987 alors que je me rendais à Istanbul sur une Transalp fraîchement mise sur le marché, et je n’ai pas trouvé grande différence (sinon dans les aménagements touristiques tout autour du site, et dans le taux de fréquentation hallucinant, qui n’a plus rien à voir avec celui qu’il avait lorsqu’il était encore en terres yougoslaves).

Les mots étant d’une relative inutilité pour décrire la beauté de ce que nous avons sous les yeux, laissons plutôt parler les photos de l’ami Guillaume, qui, nous l’espérons, vous convaincront d’avantage.

La promenade matinale propose la traversée du plus grand des lacs inférieurs en bateau.

La file d’attente est longue, et une partie de la troupe préfère s’y rendre à pieds plutôt que d’attendre la rotation suivante sous le soleil.

Les bars et glaciers avoisinants ne prennent pas l’euro ce qui n’arrange pas la plupart de nos assoiffés du jour.

Le capitaine du Costa Concordia n’ayant pas poursuivi sa carrière sur les lacs Croates, nous parvenons sans encombre au bout du plan d’eau, pour reprendre aussitôt nos investigations pédestres.

La boucle terminée, nous ré-embarquons sur un bateau pour une très courte traversée, qui nous dépose non loin de notre restaurant du midi.

Le repas est englouti par des ventres affamés, puis ceux qui en ont l’envie et le courage, repartent en navette terrestre, jusqu’aux lacs supérieurs pour une nouvelle séance de marche.

A 19h les derniers marcheurs regagnent le camion, pour un retour rapide sur leurs hôtels respectifs.

Nettement moins de candidats qu’hier pour la séance de piscine.

Il faut dire que la température sensiblement moins élevée, si elle fut favorable à la marche à pieds, n’eut pas le même caractère incitatif au trempage des épidermes, que celle de la veille.

Comme d’habitude, soirée chaleureuse et animée autour de la table, avec une cuisine locale qui ne traîne pas longtemps dans les assiettes.

Allez, tout le monde au lit, m’est avis que ça va en écraser cette nuit…

Infos du jour : pas grand chose à signaler en ce jour, sinon que les dernières nouvelles de Yann, notre bucheron amateur du Stelvio, sont qu’il est bien rentré chez lui comme promis, mais que les médecins français lui ont détecté une fracture du sternum qui avait échappé à leurs homologues italiens. Courage mec, on pense à toi et Jean Louis va te ramener une valise de photos.

Signalons également à ceux qui l’ignoraient, que les motos Guzzi sont dotées d’une vie propre. Ce matin, ma Stelvio qui chauffait tranquillement sur sa béquille latérale, le nez pointé vers le haut de la pente, a, sous l’effet des vibrations, émis le souhait d’aller voyager elle aussi, a reculé sur plus de deux mètres, avant de faire une rotation autour de sa béquille, et de s’étaler de tout son long, en sens inverse, dans un fracas peu encourageant.

Moralité : amis Guzzistes, pour faire chauffer vos bécanes, ALLEZ ROULER !

Info météo : ce soir, il a plu pendant qu’on dînait, et là, des orages avec des éclairs et des coups de tonnerre viennent de faire leur apparition. Résultat des courses : brève coupure de courant. On verra demain si ça se confirme, mais ça sent le retour des équipements lourds.

Aujourd’hui, la star du jour c’est Thierry !

Lui, tout le monde l’aime bien, parce qu’il nous décharge de nos encombrants bagages le matin, enfourne tout ça dans son fourgon, nous permet de voyager léger et parfois de nous amuser un peu avec des motos allégées, et nous les redépose avant notre arrivée, sur nos lieux de couchage du soir.

On est pas des gâtés, à votre avis ?

Et tout ça, c’est à lui qu’on le doit, un mec cool non ?

En temps normal, il est membre de la FFMC petite couronne (départements 75 et limitrophes), roule en 600 CBR, et pratique des interventions de sécurité routière dans les collèges (ERJ).

Il se dit heureux d’être là, pas frustré d’être en camion, et sa mine réjouie en permanence ne le contredit guère.