Savez-vous qu’à Bangkok, les deux-roues ne sont pas autorisés à utiliser les voies rapides ?
Non ? Et bien, nous ne savions pas non plus. Pas dramatique me direz-vous. Surtout que rapidité rime assez mal avec voyage. Le seul problème c’est plutôt d’essayer de traverser ou contourner la capitale uniquement par des voies secondaires (peu ou pas de signalisation), avec des feux tricolores interminables (plusieurs minutes, vous pouvez couper votre moteur !), un trafic toujours chargé et une température toujours au dessus de 30 º (parfois, plutôt 40º). Bref, du Sud à l’Est de Bangkok : 4h. Difficile de rester calme lorsque je me fais refouler à un péage… (Les Thaï, eux, restent toujours très calme).
À une de ces barrières de péage, j’ai garé la moto et me suis approché à pied pour demander si c’était bien ma direction, et si je pouvais passer. Un policier m’a répondu : « laïceunz » ! Oui, comme vous, je n’ai pas bien compris. Alors je l’ai fait répéter. Mais à nouveau est sorti : « laïceunz » ! Mouais, à la troisième écoute j’ai supposé qu’il voulait mon permis de conduire (licence).
Une fois mon permis en main, il m’explique que je suis en infraction et me demande de l’argent (une centaine d’€ !). Puis, il s’en va (poursuivre sa démarche citoyenne vouée à faire respecter l’ordre et la sécurité auprès des autres usagers de la route). J’ai retiré mon casque, ma veste et me suis assis dans un coin, prêt à attendre. Lorsqu’il est revenu à la charge (15 bonnes minutes plus tard) avec son carnet et quelques permis en main, j’ai arraché le mien du lot en riant et en lui disant qu’il était à moi, avant de le remettre dans ma poche ! Pendant que son visage marquait la surprise, celui de son collègue s’est fendu d’un éclat de rire.
Face à la bêtise, le rire reste souvent la meilleur arme, mais je reconnais que parfois on manque d’à propos…
Bref, après les épisodes sud de la Thaïlande, nous nous sommes décidés à « changer de pays », c’est à dire à mettre le cap au nord. Car conformément à nos attentes, le tourisme de masse ne nous a pas suivi. Les rapports humains sont redevenus humains et les gens souriants. Elle est pas belle la vie ?
Nous avions aussi dans l’idée d’aller voir côté Laos comment sont les sourires, si la nourriture et la bière ont un goût différent. Pour cela, il fallait traverser le Mékong.
J’ai toujours pensé qu’il y a des noms qui ont la faculté, à eux seuls, de faire voyager loin. Et bien le Mékong est de cet ordre. Alors nous étions plutôt content de mettre des images sur ce nom. Pourtant, notre passage au Laos fut un passage éclair. Les enfants nous accompagnant, Fred a loué une voiture pour les déplacements familiaux. Or les loueurs refusent que leurs voitures passent une frontière. Ça on le savait, en revanche ce que nous ne savions pas c’était le coût exorbitant des bus. Nous avons donc écourté notre exploration du Laos pour reprendre la voiture (qui nous attendait à la douane) et explorer les montagnes du « triangle d’or », mais côté Thaï. De la végétation bien verte (bananiers, palmiers, etc.) sur une terre bien rouge sillonnée par des routes sinueuses et inclinées. Nous avons continué à improviser nos étapes, nos repas sur des marchés ou des petites échoppes, et avons retrouvé plaisir à nous balader.
Mais après avoir parcouru 3000 km de Bangkok à Bangkok, nos enfants retournent prochainement à l’école et, dans deux jours, nous mettrons le cap au sud direction la Malaisie.
À suivre…