MotoMag dans les Balkans : Jour 06, La Croatie et la Bosnie


yome

RETOUR VERS LE FUTUR

Une prise de guidon à 8h30 (dans les temps, hein chef ?) avec 26° d’affichés au tableau de bord : on sent bien que ça ne va pas être un remake du Stelvio.

La nuit a été douce et la literie confortable bien que bruyante. L’hôtel n’a visiblement pas encore digéré le long règne du maréchal Tito, et sa rusticité nous plonge dans ce que sera notre immersion dans la Croatie profonde (nous n’étions qu’à une trentaine de km de la Hongrie).

Le parking en plein air , surveillé toute la nuit par un vigile, attise les curiosités avec sa soixantaine de motos alignées en rangs d’oignons.

Nous nous enfonçons au cœur du pays par des petites routes à la courbure sympathique.

Les villages défilent, tels un enfilage de perles, les uns après les autres, avec une austérité qui surprend après les couleurs chatoyantes de l’Autriche et de la Slovénie. Une monotonie pourrait être ressentie si le charme suranné de cette remontée dans le temps n’éveillait pas notre intérêt.

©G. de CROP/Motomagazine

Entre les femmes vêtues à l’ancienne, de blouses et de fichus et souvent occupées à pousser les brouettes ou charrier de lourdes charges dans les campagnes, les tracteurs et leurs petites remorques emmenant parfois femme et famille, les enfants en nombre dans les rues à l’heure où l’école les accaparerait chez nous, les maisons souvent très simples d’aspect et en agglos apparents, nous apprenons à revoir ce à quoi ressemblait une partie de nos campagnes au siècle dernier.

©G. de CROP/Motomagazine

Les degrés montent doucement, et les pauses « liquide » se font plus fréquentes que les deux premiers jours.

Nous posons les motos sur la place centrale de Bjelovar, une des villes Croates notablement marquée par le dernier conflit des Balkans.

En déambulant au gré des rues, dans une atmosphère détendue et apaisante, certains auront même l’occasion se s’immerger au cœur du marché local, riche de petits producteurs agricoles locaux. Du 100% garanti bio sur facture, laquelle ne devait en plus, pas s’élever bien haut.

Une fois branchés par des membres du moto club local, qui nous font promettre de les contacter avant notre prochaine visite, afin qu’ils nous préparent une réception des plus festives, on redémarre les machines, direction l’hötel Garic à Garesnica, pour un remise sur « Full » de la jauge à aliments.

Les bouteilles d’eau « Frizzante » ou « Naturale » sont descendues à une vitesse vertigineuse : on croirait une descente de col gaz en grands et genou par terre !

On se croirait revenus en Sicile 2014. il faut dire qu’au tableau de bord, ça tourne autour des 35°.

©G. de CROP/Motomagazine

Il y a bien longtemps que tous ceux qui le pouvaient se sont débarrassés de leurs oripeaux de motard d’hiver, pour faire leur « poil d’été » : on roule le plus léger possible, mais malgré ça, le moindre arrêt de progression et on sent que ça commence à perler dans le cou, sous le blouson ou dans les gants.

Trente kilomètres, c’est ce qui est calé dans le Tripy, jusqu’au prochain point d’intérêt, le mémorial du camp de Jasenovac, où plus de 82 000 personnes, en majorité des Serbes, Juifs et Roms, furent exterminés avec barbarie par les milices Croates lors du second conflit mondial.

©G. de CROP/Motomagazine

Moment de recueillement et d’intense émotion.

©G. de CROP/Motomagazine

Le temps de laisser redescendre le trouble général généré par cette visite de mémoire, et c’est en convoi « GROUPIR !!!! » que la troupe se dirige vers la frontière Croato – Bosniaque, à 4 km de là.

La raison ? Un des participants s’est rendu compte, malgré les nombreux rappels à l’ordre de Jean Marc avant le départ que sa CIN était périmée. Bien que prolongée de 5 ans par l’administration française incapable d’assurer le renouvellement des documents administratifs dans les délais impartis, sa validité faciale est dépassée et certains fonctionnaires aux frontières ne reconnaissent pas cette prolongation purement administrative.

Bref, en noyant le mouton dans le troupeau, on espère que le préposé au contrôle sera moins regardant. Ce qui est clair, c’est qu’il y en a un qui est dans ses « petits papiers » justement, fait de l’huile malgré la pénurie d’olives de la récolte 2015, et cherche absolument à se faire le plus transparent possible.

©G. de CROP/Motomagazine

Nous ne rentrerons pas dans les détails, mais sachez que, malgré une vérification individuelle des documents d’identité et du véhicule qui bloque la totalité de la troupe près d’une heure durant, l’infortuné copain réussit tout de même à franchir la zone frontalière : et un migrant supplémentaire !

C’est ensuite la ruée vers les bars pour abreuver les organismes asséchés par cette attente sous une température de 35 / 36°. Certains s’y reprendront à deux fois, tant il fait soif !

Avec tout ce retard, c’est par une route fréquentée et dont l’activité économique intense tranche avec le dénuement des petits axes matinaux, que nous regagnons, bien fatigués (on a vu le thermomètre monter jusqu’à 39°) l’hôtel Bosna de , terme de nos 270 km du jour.

Repas détendu dans un cadre hyper moderne qui tranche singulièrement avec celui de la veille, où tout le monde se félicite de la fin heureuse des aventures de notre camarade (dont nous tairons l’identité afin que les anciens des randos 2013 et 2014 n’en rajoutent pas au torrent de vannes qui a accablé le tête en l’air du jour).

Soirée visite du centre ville pour ceux qui en ont l’énergie et l’envie. L’occasion de constater que la jeunesse y est hyper branchée, festive et que les commerces sont à mille lieues des épiceries de campagne rencontrées dans la matinée.

Niouzes du jour :grande première aujourd’hui, avec un participant qui a vu, alors que nous longions un canal en Croatie, la valise de son 1200 GS se détacher pour s’en aller finir son existence dans les eaux profondes. Heureusement que les papiers d’identité de l’infortuné n’étaient pas stockés dans ses fontes, sinon ça n’aurait pas arrangé nos affaires.

Le service « Essais conso » de Motomag’ va mener l’enquête pour trouver le responsable de ce test produit à l’insu de l’intéressé. Lors de la prochaine session de juin 2016, un courageux journaliste sera chargé de plonger récupérer l’objet, et il sera enfin possible de tester l’étanchéité « in situ ».

Si c’est pas du sérieux et de la conscience professionnelle, tout ça…

Conseil du jour : Mesdames les épouses ou compagnes des futures sessions dans les Balkans, ne laissez pas partir seul votre mari !

Ce soir, la densité de beautés slaves, jeunes mannequins ou assimilés, au mètre², était tout bonnement stupéfiante ! Soit il y a un élevage officiel à proximité de notre lieu de villégiature, soit la présence d’un casino au sein de l’hôtel **** où nous étions logés est très attractive pour ces chasseuses de dot.

A moins qu’encore plus simplement, ce soit la réputation galopante de french lovers de la gent masculine cuvée 2015 de la rando Motomag’ qui soit parvenue en ville…

conseil bis : messieurs les futurs riders en solo 2016, si votre femme n’a pas encore parcouru ces lignes, prétextez une panne d’ordi, et courrez le cacher dans le grenier jusqu’au mois de juin prochain…

MotoMag dans les Balkans : Jour 05, Le Tyrol suite, la Croatie


yome

LES LOU-OU -OU-OUPS SONT VENUS DE PARIS…

« Soit d’Italie, de Slovénie, les loups dorment en Croatie !!!! »

A chanter à tue-tête et sans retenue sur l’air de la célèbre chanson du grand Serge (pas celui qui cherche à culbuter de la diva made in USA, l’autre, le rital d’origine).

Car oui, ce soir la meute dort en Croatie.

Elle a la bougeotte, il faut dire, avec deux nouvelles frontières de franchies dans la journée.

©J.L. BASTIDE/Motomagazine

Temps clément, pas de pluie, routes sèches et température douce, autant vous dire qu’on y prend rapidement goût.

Photo des groupes avant le départ, pour ceux qui n’ont pas déjà filé ventre à terre, puis c’est parti pour 128 km de macadam autrichien.

Toutes les équipes vont faire une halte pour aller tester un impressionnant pont suspendu d’au moins 80 mètres de long, à Bleiburg.

©A. MORTREUIL/Motomagazine

Le motard randonneur ayant la fibre d’un Indiana Jones qui s’ignore, c’est une ribambelle de gamins aux cheveux gris qui file tester la résistance de l’ouvrage. Ca ondule, ça chaloupe, ça perturbe l’oreille interne de certain(e)s, mais ça ne rompt point !

©A. MORTREUIL/Motomagazine

Et c’est tant mieux pour Jean Marc, qui n’aurait pas apprécié de devoir justifier un nouveau plongeon (collectif celui là) dans les profondeurs Alpines. Le chef-chef-oui-chef n’a pas toujours conscience de la somme de tracas que nous lui épargnons…

L’heure du repas se précise doucement, et certains réclament déjà pitance.

Ca tombe on ne peut mieux, la montée vers l’auberge de l’Aspengasthof Messner, à Saboth, est un terrain de jeu rêvé pour tout motard aimant évoluer autrement que dans une position parfaitement verticale. En langage motard, on enroule du câble et on lime bien les flancs de pneus.

Chacun roulant à son rythme (pour certains, c’est un train de sénateur) , les groupes s’étirent, se disloquent, et il faut parfois au GO, partir à la pêche pour reconstituer l’intégralité de son équipe. Faudra t-il un jour envisager d’équiper les participants de la cloche à vache arborée par tous les bovins de la région ?

Toujours est-il que tout le monde est là pour le service en costume local, avec bretelles, culotte de peau, et chaussettes montantes.

©G. de CROP/Motomagazine

Pas le temps de digérer, car la reprise du guidon coïncide avec l’autre versant de la route nous ayant amené jusque là. Pas la peine de préciser qu’on est vite remis dans le bain, avec la banane sous le casque (il ne nous reste donc plus que 4 fruits à consommer ce jour, pour respecter le quota).

C’est sous un soleil éclatant que nous passons (sans contrôle) la frontière de la Slovénie. On shoote quelques photos pour immortaliser l’instant, et on se débarrasse des doublures, gants d’hiver et autres vêtements chauds. Le thermomètre affiche 26°, et mine de rien, ça nous fait quand même un différentiel de 22° avec la journée du Stelvio.

©G. de CROP/Motomagazine

Il paraît que les alternances chaud / froid sont bonnes pour nos vieilles carcasses. : ça devrait donner un de ces coups de jeune à la cuvée Balkans 2015 !

©G. de CROP/Motomagazine

Quelques km de parcourus plus tard, et toute la rando s’invite chez un collectionneur de vieilles voitures dont les carcasses entassées avaient attiré l’oeil du staff lors des reconnaissances.

©G. de CROP/Motomagazine

C’est un passionné en retraite qui a accumulé des voitures dans des états très variables, et qui ambitionne de les restaurer.

©G. de CROP/Motomagazine

Très sympa, il nous ouvre ses portes et nous passons un long moment à parcourir ses hangars, ateliers et à échanger avec lui.

©G. de CROP/Motomagazine

©G. de CROP/Motomagazine

Il se proposait déjà d’accueillir la prochaine rando Balkans de juin 2016 dans sa région, pour au moins cinq jours, et d’en faire découvrir tous les attraits aux participants. Jean Marc a dû user de diplomatie et de son anglais de fortune, pour lui faire comprendre que les réservations et la logistique étaient déjà dans la boîte.

La température est toujours conséquente et la chasse aux rafraîchissements peut alors démarrer. Mais sur les petites routes qui traversent la Slovénie, les bars ou cafés sont une denrée rare. C’est donc fort logiquement que, par vagues, tous les groupes ou presque, terminent en terrasse dans les mêmes estaminets, pour éviter la lyophilisation générale.

©G. de CROP/Motomagazine

Les motards n’étant pas que des allumés de roulage, nous prenons ensuite le temps d’apprécier les attraits du château de Darvana.

©G. de CROP/Motomagazine

Puis, c’est le passage (avec contrôle, plus ou moins souple selon les groupes, les motards et les situations) de notre seconde frontière du jour, celle de la Croatie.

©G. de CROP/Motomagazine

Les dernières dizaines de km (sur les 266 du jour) jusqu’à Cakovec, si elles n’ont pas le « piquant » motard de celles du matin, n’en permettent pas moins d’apprécier l’architecture et l’atmosphère des petits villages Croates. Comme en Autriche, comme en Slovénie, les maisons peintes de couleurs vives, égayent les campagnes traversées.

Nous parquons les motos devant l’hôtel Park, où un vigile les surveillera toute la nuit, et dans un cadre austère, partageons un repas en commun avant d’aller tester le confort de la literie Croate.

©G. de CROP/Motomagazine

Infos du jour : Michel, dangereux récidiviste des randos Moto Mag’, a été traîtreusement attaqué par un frelon (certainement missionné par un participant désireux de mettre la main sur sa BMW 1200 RT, sur sa délicieuse épouse Yolande, ou tout simplement énervé de ne plus trouver de bouteilles de bon vin aux restaurants, après le passage des Picards fous), a dû faire un crochet par l’hôpital le plus proche pour éviter une réaction allergique, déjà constatée par le passé.

Aux dernières nouvelles, il a survécu, ce qui n’est pas le cas de l’innocent animal, visiblement pas préparé à s’attaquer à du cuir de Picard (Yannick si tu nous lis…).

autre info au rayon médical : Yann, notre cascadeur du Stelvio, devait à cette heure, être rentré chez lui. Yann, si toi aussi tu nous lis, on pense à toi, et ton pote Jean Louis se charge de s’occuper du vin pour deux…

Présentation du jour : le groupe des verts, placé sous la baguette de la délicieuse Valérie, militante FFMC de Paris, et néophyte en matière de randos Moto Mag’.

©A. MORTREUIL/Motomagazine

Elle n’a pas été épargnée par les aléas d’un Tripy farceur le premier jour, mais depuis, ça s’est tassé, et désormais son groupe trace la route sans faire de bruit, mais dans la bonne humeur.

A noter dans ses rangs, la présence de Patrick et de son 500 CB au freinage aléatoire. Par deux fois, il a dû faire intervenir son homonyme du camion assistance pour débloquer son disque avant aux plaquettes collées à l’acier. La dernière intervention de ce soir devrait normalement avoir définitivement résolu l’affaire (on en saura plus demain).

Et c’est tant mieux, car le système mis en place pour rallier le camp de base était des plus légers ! C’est ça aussi, une rando Moto Mag’, de l’imprévu à gérer, et un soupçon d’aventure.

De gauche à droite : Pierre, Valérie, Anne, Jean Louis, Jules et Patrick. Il manque Françis sur la photo, certainement parti explorer le monde sur sa Harley.