Les Turkmènes


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La durée limitée (visa de transit), les routes en état moyen (ou très moyen), les distances qui se comptent uniquement par centaines de km, notre trop lente adaptation au russe, et une chaleur étouffante qui nous faisait lever à l’aube, tout semblait réuni pour rendre cette traversée pénible. Et pourtant…

La sensation du sèche-cheveux dans la figure, vous connaissez ? Et bien avec l’écran ouvert ça ressemble un peu à ça ! Bref, on avait un peu soif en cette fin d’après midi… Alors à la vue d’une (rare) escale pour routier, nos avons stoppé la moto face à la gargote. Un jeune homme se précipite vers moi avec une généreuse accolade, un grand sourire et des mots de bienvenue !

Un court instant, j’ai cru avoir à faire à l’idiot du village, mais pas du tout. Il s’agissait bien d’un des jeunes travaillant ici, auquel j’ai répondu par une autre blague avant qu’on se mette tous à rire !

Trente secondes plus tard, nous avions une grande bouteille d’eau glacée à disposition, puis enfin, le temps s’est écoulé avec une savoureuse lenteur. Pas envie de repartir, alors nous avons trainé, puis commandé une salade délicieuse (nous n’avions rien mangé de la journée), quelques brochettes (sachlikis), du yaourt aux herbes très frais… puis l’inévitable thé ! Pendant ce temps, la lumière déclinait, rasante, puis s’estompait petit à petit pour laisser place à l’obscurité.

Un des jeunes est repassé avec de la pastèque fraiche qu’il nous a offert. Fred est allée les photographier autour de la cuisine, puis les blagues et les éclats de rires sont repartis de plus belle.

Depuis l’Iran, et partout en Asie Centrale, les tables pour les repas sont souvent des plateformes recouvertes d’un tapis où l’on s’installe en tailleur pour manger. C’est l’une d’elle qui fera office de lit pour cette nuit.

Au petit matin, toute l’équipe est à nouveau autour de nous (thé obligatoire), puis quelques photos devant la moto, qui fascine tous le monde. Le patron nous offre le petit déjeuné et nous reprenons la route.

Adieu les amis.

nos hôtes

nos hôtes

nos hôtes

motards turkmènes

motards turkmènes

une petite pause

bagdad café

Dubaï et Pyongyang en Stans


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Les douaniers avaient pourtant donné le ton.

Nous avons quitté, à regrets, l’Iran pour entamer notre route des « Stans ». Or, cette route commence par le Turkménistan. Mais pour en dresser le tableau, il faut d’abord savoir que le Turkménistan délivre aux voyageurs individuels uniquement des visas de transit (5 jours maxi). Les visas touristiques sont réservés aux agences et donc aux voyages organisés. Ce passage de frontière est donc un instant à savourer,… alors nous y avons passé une demi-journée ! Mais, nécessairement, il est arrivé un moment où les douaniers nous ont chassé. Nous sommes donc allé voir du coté d’Achgabat (la capitale), qui est à deux pas de la frontière, en empruntant une route neuve (2X2 voies) aux dimensions démesurées, bordée de réverbères d’inox qui luisent au soleil. La ville en elle même est flambant neuve, les constructions (aux architectures parfois audacieuses) tout en marbre blanc (!) lui valent son surnom de ville blanche. Enfin, pour parfaire cette sobriété, des portraits immenses du chef d’état, sont disposés harmonieusement et régulièrement dans le décor. Celui-ci apparaît en uniforme, tour à tour, de cérémonie ou de camouflage à la Big Jim. Mais en dehors de ces piqures de rappel, ce garçon ne doit pas être trop pénible puisqu’il semble (d’après un de nos informateurs) qu’il ne soit que rarement présent sur le territoire national. Ainsi, récemment, il était en vacances en Australie.

En dehors de ce décor de Mickey, le reste du pays est pauvre, vide, plat, grand, désertique et il y fait très chaud !

Ashgabat

Ashgabat

Saber


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Saber, c’était d’abord notre hôte à Téhéran. Mais après tout, il y a des gens qui proposent leur canapé à des voyageurs (je ne sais plus le nom en anglais) via Internet et des forums. Raisonnablement, nous aurions pu nous attendre à un service comparable. Mais non. Saber a pris des jours de congés pour nous accueillir. Il a prévu de nous emmener passer quelques jours dans sa petite maison près de la mer Caspienne.  C’est à 4 heures de route de la capitale, à travers de beaux paysages de montagnes (une station de ski) et un micro climat qui contraste sévèrement avec la fournaise de Téhéran. La région est particulièrement boisée et il fait doux.

Pour changer de la moto (et offrir un peu de répits à ses fesses ?), Fred a pris place dans la voiture. Je suis à moto car nous ne repasserons pas par Téhéran. Pendant 3 jours, Saber nous a choyé, il a systématiquement cuisiné, mais il a tenu aussi à tout payer, jusqu’à l’essence de la moto ainsi que notre tabac !

Nous avons appris à nous connaître, à blaguer ensemble, à parler de politique, de religion, de modes de vie.

Un soir, il nous dit : si nous n’étions pas gouvernés par des religieux, ce pays serait un paradis ».

Après ces quelques jours, au moment de reprendre la route, l’émotion était palpable lors des dernières accolades. J’aurai pu prendre pour une blague le fait qu’il me propose de l’argent ( !), mais Saber a eu le mot de la fin : il nous a remercié d’être venu le voir !!!

Ils sont trop forts ces Iraniens.

chez Saber

du côté de la Caspienne

Un petit vent frais sur la nuque


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Elles me regardent avec autant d’étonnement et de curiosité que j’en ai pour elles. Le gars de l’office du tourisme à Tabriz nous explique « il y a 2 types de femmes en Iran, les religieuses et les modernes ». Je comprends ce qu’il me dit mais en Iran comme ailleurs, il y a autant de type de femmes que de femmes elles mêmes. Bon c’est vrai que des fantômes noirs par 40°, j’ai pas l’habitude. Celles-là sont assez nombreuses. D’autres sont en noir aussi mais laissent apercevoir leurs mollets (couverts de collants noirs…). D’autres adoptent la couleur, certaines enfin sont bien plus sexy que moi qui me suis péniblement déguisée en ce qui me semblait convenir à une femme en Iran, mais sans vraiment savoir. Leggins, tunique courte et hyper cintrée, foulard négligemment posé sur un chignon, lunettes de soleil sur le crane, yeux charbonneux, rouge à lèvres, tête haute…

Moi, je me bat avec mon foulard. Il glisse sans arrêt. Il fait très chaud et je m’en passerais bien. Mais ma contrainte s’arrête à ce bout de tissus. Comment font-elles ? Comment vivent-elles ? Je les dévisage avec curiosité en essayant de déchiffrer quelques codes. Mon déguisement ne fait pas illusion et elles me dévisagent tout autant. Sur la route à moto, les passagères des voitures qui nous doublent se retournent sur moi systématiquement. Certaines sont bouche-bée, d’autres jubilent visiblement, des pouces se lèvent…

Quelques jours passent, ce truc sur la tête me gave de plus en plus. Il fait trop chaud, j’ai rapidement renoncé à le porter sous mon casque, puis autours de mon cou en roulant. C’est donc une gymnastique pour l’enfiler discrètement à chaque pause lorsque j’ôte le casque. Quelle mascarade !

Trajet pour aller à la montagne. Je fais la route avec Saber en voiture. Le vent s’engouffre dans la voiture, mon foulard ne veut pas rester en place. Je suis obligée de le tenir fermement pour rester décente. La ville s’éloigne, Saber me fait signe que je peux lâcher prise…un petit vent frais me souffle sur la nuque.

Pause thé, ter…

Allo Londres ? Ici Téhéran !


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Depuis notre expérience de la mégapole Ankara (par une journée pluvieuse et 11°), nous pensions naïvement pouvoir aborder l’immensité de Téhéran avec sérénité…

Fatal Error !

Pourtant les choses semblaient bien parties. Sona, une amie iranienne qui vit à Londres, nous a arrangé une prise en charge dans la périphérie de la capitale iranienne, à Pardis. En approchant de Téhéran, j’aborde un pompiste pour obtenir plus de plus précisions sur le positionnement de cette municipalité. Tout à l’air très simple, et il m’envoie à Fardis. C’est bien, c’est sur ma route, à 20 km de la capitale, tout semble correspondre et nous sommes quasi à l’heure du rencart.

Fatal Error !

Le seul problème c’est que Fardis est en « banlieue » de Téhéran, mais à l’ouest, Pardis (où nous sommes attendus) est à l’est… Aye !

Il nous a fallu une bonne heure pour comprendre la confusion, puis à nouveau une bonne heure pour se faire indiquer la direction, enfin y aller, puis trouver.

Dit comme ça, évidemment ça à l’air bête. Seulement, pour prendre un élément de comparaison, c’est un peu comme si en arrivant à Paris par la porte de d’Auteuil, nous étions attendus à Pantin. Or, en Iran, entre la porte d’Auteuil et celle de Pantin, il y a 120 km… Les embouteillages n’ont rien à envier non-plus à ceux que nous connaissons aux heures de pointes autour de Paris. Mais, cerise sur le gâteau, le thermomètre de bord a, ce jour là indiqué : 51 º !

Fatal, mais alors vraiment fatal error !!!

Notre hôte s’appelle Saber, nous ne nous connaissons pas, il parle très mal anglais, et nous encore bien plus mal le farsi. Nos coup de fils sont donc relayés systématiquement par Sona (à Londres) qui appelle Saber à Téhéran pour lui donner de nos nouvelles… Un rien compliqué, quoi !

Bref, 4 heures plus tard, la rencontre a enfin lieu ! Il fait nuit mais toujours chaud, et nos vêtements sont collés par la transpiration, mais Saber nous accueille par de grandes accolades, comme si nous étions des êtres chers, pas vus depuis longtemps…

motards iraniens

pause thé bis

Le tour de France


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Tabriz, la première grande ville, est à environ 300 km.

« Where are you from ? » ;  «  France ? Paris. Tour Eiffel » puis, le pouce levé accompagné d’un grand sourire en guise d’approbation. Coups de klaxon, appels de phares, signes de la main, les femmes saluent Fred avec un sourire et le pouce levé, ….

A notre première halte sur le bord de la route, à l’ombre de quelques arbres, un camionneur est également en pause. Il fait (très) chaud et Fred va demander un peu d’eau au routier qui s’empresse de lui tendre un verre avec un sourire. Cinq minutes plus tard, celui-ci s’approche de nous en silence et nous tend deux verres de thé avant de s’éloigner.

Plus loin, même situation, un père de famille vient vers nous avec une assiette pleine d’abricots. Et toujours un grand sourire.

Une autre fois, c’est un pompiste qui nous propose deux verre d’eau fraiche, puis nous encourage à le suivre vers son bureau et à prendre place pour nous reposer dans ce local climatisé.

Une seule explication : il y a erreur, on nous prend pour la caravane du Tour de France. Sinon, je ne comprends pas !

la pause thé

le succès!

le bazar de Tabriz

le célèbre tapis de Tabriz

Welcome in Iran


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Au poste de douane, le dernier turc à vérifier nos passeports (avant d’ouvrir un gigantesque portail surmonté de fils barbelés, mais à commande électrique) nous demande : « mais qu’allez-vous faire en Iran ? C’est mieux ici ! ».

Le pays des mollahs a décidément mauvaise presse partout…

Fred ôte son casque réglementaire et pose son foulard, dorénavant réglementaire, sur la tête. Acheté la veille auprès d’un adorable commerçant kurde (qui nous a bien sûr offert le thé), Fred a donc sa tenue réglementaire : châle pour couvrir ses cheveux, et chemise ample à manche longue (qui doit couvrir les bras et les fesses). Ce n’est bien sûr un scoop pour personne, et donc pour nous non-plus, en Iran les femmes et les hommes n’ont pas les mêmes droits.

Pas hyper détendus, nous passons donc coté iranien et nous présentons au premier uniforme venu, passeports en main. Celui-ci s’adresse à nous avec un grand sourire : « welcome in Iran ».

moissons en Iran

welcome in Iran