Deuxième jour de camion, deuxième jour sans connexion


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Mes bagages ont été répartis sous les citernes des deux camions. Difficile donc de respecter mon engagement sacré de poster un article par jour, mon émetteur satellite est quelque part dans le convoi de citernes et puis, je pensais qu’on arriverait le deuxième jour. Mais on avance quand même, consciencieusement, inexorablement, professionnellement ; sans picole. Je suis mauvaise langue. La veille , il y avait sans doute quelque chose à fêter. La fin de la livraison ou le retour vers Bilibino sans doute. On a traîné un peu avant de repartir , nous sommes allés boire un thé chaud chez Tatiana qui, avec son amoureux qui fait la grasse mat, habite la seule maison sur les 600 bornes de trajet.

Vu comme ça, de l’extérieur, elle ne ressemble à rien, la maison. On peut même se demander, en voyant l’état des fenêtres, si c’est encore habité, s’il ne fait pas -30 là-dedans. Et pourtant dès qu’on rentre, comme d’habitude en Sibérie, on se retrouve en T-shirt. L’énorme poêle et les couches de lino font admirablement leur travail.

Je caricature, je montre mes croquis… Ça lance des discussions auxquelles bien sûr je ne comprends qu’un mot sur cent… Ça me suffit en général pour savoir quel est le sujet abordé. Météo, état de la route, camion ou conjoncture internationale.

Dans le monde des camionneurs, la conjoncture intéresse peu, le carburant n’a pas encore augmenté, c’est normal il n’est pas importés. Andreï ne fais que ça comme travail: la navette omolon-Bilibino, fenêtre ouverte car c’est le printemps… Mais bon il s’est quand même chopé un torticolis, le printemps à moins dix , ça pique un peu , alors, le matin du deuxième jour, comme il fait moins vingt sept, il se fait une piquouze, car on est pas rendu encore…

Il reste une centaine de bornes , ça paraît pas comme ça mais les ornières verglacées , ça fait chuter la moyenne; c’était la deuxième nuit dans le camion.