La route d’Egvekinot, deuxième étape


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Cette euphorie fut de courte durée… Après deux petites heures pendant lesquelles j’avais sombré dans un délicieux sommeil profond, voilà que rapplique Evgeniy un peu bourré ; il m’a réveillé en sursaut pour reprendre la route… Il faisait jour mais il faisait nuit, ce sont les paradoxes Arctiques…

Après deux kilomètres , il se range sur le côté et s’effondre sur son volant. Me voilà prisonnier, dans ces vieux camions , il n’y a qu’une porte côté conducteur et la voilà totalement obstruée par la masse du chauffeur. Une obligation urinaire m’a obligé à escalader l’obstacle qui n’a même pas remué d’un millimètre, je sens que la journée va être terriblement longue… Je n’ai même pas vu passer la nuit ; c’est normal en cette saison, elle dure à peine deux heures

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C’est vrai qu’elle fut longue…quand Evgeniy s’est enfin réveillé c’est pour repartir aux deux kilomètres précédents où le chauffeur du camion qui transporte la moto s’était complètement vautré dans un fossé. L’opération de sauvetage nous a pris une bonne partie de la journée. Il a d’abord fallu dégager les trains de roues à la pelle en attendant que le chauffeur ne se réveille de son coma éthylique. Ensuite, on a tracté avec cinq camions attachés les uns aux autres. Une heure plus tard, il y avait un second échouage, moins complexe, mais ça remplit vite la journée tout ça… Elle n’est pas simple la route d’Egvekinot, mais mon zèle à préférer pelleter plutôt que boire l’apéro m’a fait gagner du galon auprès des plus âgés de l’équipe et je sens que je suis nettement plus intégré que quand la journée a commencé.


Mais quand a-t-elle vraiment commencé ? Quand la nuit n’existe plus, qu’elle est remplacée par une aube interminable, un crépuscule infini, on perd bien vite quelques repères élémentaires…