Seconde journée à Pevek


ptiluc1

Quel étrange deuxième jour. Andrey, la nuit dernière, est sorti de son côté et visiblement pas chez des évangélistes ; à deux heures du matin, je le retrouve comme la veille, prostré devant une bouteille vide dans sa cuisine. Je retourne me coucher, je sais que je ne peux rien faire… Le matin, il va un peu mieux et il m’explique que la recette idéale après une cuite, c’est de boire un petit verre à jeun au lever . Je connais bien cette théorie, ce n’est pas une spécialité russe, mais lui, c’est une bouteille d’un demi litre qu’il m’a vidé. Évidemment, il y a toujours un moment où il devient incohérent et comme on ne parle pas la même langue, très vite ça vire au complètement chiant. Il n’arrête pas de me dire qu’il y a un big problem parce que je n’ai pas dormi à l’hôtel, mais je ne comprends rien aux explications. Un ami à lui passe, un qui devrait tout arranger, mais ça n’arrange rien. J’ai même l’impression qu’ils s’engueulent… On finira par aller à l’hôtel où tout se passera sans problème, enregistrement tampon et c’est réglé. Retour ensuite au garage où une sorte de fête arrosée se tient à la cantine. Il y a là ceux qu’on m’avait présentés la veille et les épouses qui trinquent avec la même vigueur.


Elle n’en finit pas cette journée.
Vient le moment où le frère d’Andrey, un immense gaillard à la bonne gueule qui est quand même un peu le boss, me dit de le suivre… On part à l’autre bout de la ville ou, dans un appartement un peu pourri, au cinquième étage d’un immeuble, on retrouve trois gaillards tout à fait patibulaires avec lesquels le frangin parlemente vigoureusement ; ça passe des invectives aux réconciliations arrosées mais je ne sais pas vraiment de quoi ça parle. Après une bonne demi-heure, les frangins se lèvent et on se salue virilement après avoir trinqué deux ou trois fois. En sortant, ils me disent que c’est bon, qu’on a trouvé le chauffeur. Moi je suis dans un état totalement second, toutes ces conversations donc je suis l’enjeu et auxquelles je ne comprends rien, c’est comme nager en eaux troubles. Et ce n’est pas fini… On retourne au garage pour continuer la journée festive. À la fin d’après-midi, j’arrive à trouver quelqu’un qui me ramène, je suis complètement cuit mais je dors à l’hôtel… Je n’aurai pas à finir la soirée avec Andrey…