Histoires de communication


ptiluc1

Nous communiquons par Google translate. Le traducteur intégré au téléphone est, pour le voyageur, une invention bien plus essentielle que le GPS… Encore faut-il faire des phrases courtes et soigner sa diction. Quand Hassan s’emballe en agitant les mains , comme si c’est mon téléphone qu’il devait convaincre, je doute que sa diction ne fusse compatible avec la technologie moderne ; le résultat est en tout cas souvent fort improbable.

En même temps, les sujets abordés sont loin de changer la face du monde géopolitique. Comment boivent les Français ? Portent-t-il des toasts ? Est-ce qu’on trouve du cognac à Paris ou Marseille ? Comme Ramin, pour rien au monde Hassan ne voudrait vivre ailleurs. Bilibino et Omolon sont des paradis, on peut y vivre au rythme qu’on veut, partir avec sa moto neige chasser dans la toundra et se ramener un renne qui nourrira la famille pendant quelques semaines. Pour rien au monde, ces deux là ne retourneraient au Daghestan. C’est comme pour Evgeniy à Magadan. Pourquoi avoir envie de venir en France, un pays où il n’y a rien à pêcher et où en plus, pour pêcher ce rien-là, on a besoin d’un permis ? Les chasseurs-cueilleurs n’ont pas disparu, ils se sont un peu modernisés et ils vivent ici, au Tchoukotka . Et moi, avec ou sans permis, il serait temps que j’aille à la pêche au camion… Ou que simplement je reprenne la route… Sauf qu’ici rien est simple…