Il y a juste deux petits magasins de fournitures automobiles. Le premier n’a ni pinces, ni chargeur, le deuxième est fermé. La journée commence bien. Comme j’ai mis ma batterie en charge la veille au soir, je refais l’expérience et elle n’est pas brillante ; même avec l’assistance du booster, impossible de démarrer. Il a fait très froid cette nuit. Il faudra donc qu’aux étapes éventuelles, la moto ne passe pas la nuit dehors. C’est pas gagné cette affaire. Relancer un moteur réfrigéré version polaire, ça ne peut pas se faire comme ça, d’un coup de pousse sur le démarreur. L’huile dans les carter doit être tellement froide qu’elle se gélifie. Je ne suis pas très compétent dans la science des huiles moteur. Mais si en Sibérie, on vend de l’huile 0–30, ça doit signifier quelque chose… Zéro , ça doit être la viscosité d’une huile à salade.
Il y a deux petits jeunes que je croise souvent depuis que je passe ma vie au garage. Le plus âgé, Waza, a compris le problème et il va me chercher deux câbles au milieu d’un tas de ferraille, pendant que son petit collègue ramène une grosse batterie de camion…
Et on y arrive; c’est donc ça la solution, il faut que je trouve des câbles.
Nous allons fêter ça en slurpant des soupes à la viande, tous ensemble à la cantoche et l’après-midi, c’est Sergey, celui de la motoneige, qui me trouvera des pinces dans un de ses conteneurs. Elles sont un peu délabrées, mais c’est mieux que rien… Je peux avancer mon pion d’une case avant de rentrer au chaud tenter de maîtriser cette crève sournoise qui n’est pas du tout la bienvenue…