J’aurais pu croire hier que dans la lancée du sauvetage, on allait enchaîner avec un camion pour Pevek, mais non, aucune animation dans le garage, je commençais à craindre le pire… Même plus moyen d’aller faire des petits tours de quartier avec la motoski. Alors, comme ça faisait plus d’une semaine que j ´étais la, je suis revenu me signaler à l’immigration. L’accorte officière n’a pas l’air très contente, mais c’est son style d’avoir l’air pas contente, c’est pour être bien dans son rôle… J’ai cru comprendre qu’elle voudrait que Hassan vienne lui expliquer…
Alors j’ai traversé une fois de plus les friches enneigées pour aller l’extirper de son boulot et nous sommes revenus ensemble au service de l’immigration.
Hassan discutait avec elle avec l’entrain qui le caractérise. Une fois sorti, il m’a tout expliqué. Comme j’avais dépassé la semaine prévue , il fallait que j’aille à l’hôpital faire une prise de sang pour prouver que je n’avais pas le sida et que je n’étais pas drogué. Après ça, je pourrais rester un mois. Hassan exulte. Niet Fransous, finish, For one month you Rousky now, comme Gérardepardiou.
Un mois… Je lui fit un peu part de mon désarroi et partit faire quelques emplettes en prévision du petit déjeuner Fransouss; ce qui pouvait signifier que, si je devais encore rester ici, je pourrais échapper au foie de renne avec le café au réveil.
Vaguement fataliste, je me préparais donc à moins me focaliser sur l’attente. J’allais essayer de regarder si j’avais des messages et puis écrire un peu… Et voilà qu’Hassan fait des bons; now, Kamaz, Pievek, Davaï….
Un camion, là, comme ça, sans prévenir… Je fis mes bagages en catastrophe , Hassan emmena tout ça dans le coffre de Sylioga qui attendait déjà en bas et Emma m’avait préparé une montagne de tartines.
Tout s’est accéléré, on retourna au garage où le pont suspendu était déjà préparé. On a chargé, on s’est congratulés, on s’est accoladés et me voilà parti dans la nuit. J’avais encore dans la tête un peu de la soirée que je pensais passer, mais c’était une réalité qui n’a pas eu lieu.
La réalité, c’est moi dans un camion qui part à la nuit tombante en direction de Pevek.