Polar : dans « L’âme du chasseur » la moto est un personnage


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Avis à celui qui, durant sa villégiature estivale, cherchera à se délecter d’un vrai polar motard, dans le sens où la moto tient le rôle d’un personnage à part entière. Le second rôle, en l’occurrence. « L’âme du chasseur » est pour lui !

Ce roman policier est sorti en 2005 en France, et fut l’occasion de découvrir l’écriture précise de Deon Meyer, écrivain attachant, qui pratique par ailleurs à tours de bras la moto off comme on-road, sur les routes comme sur les pistes caillouteuses de l’hémisphère sud.

Voici ce que nous écrivions sur l’ouvrage, dans Moto Magazine lors de sa sortie, en 2005 :

Autrefois tueur d’élite au service de la cause anti-apartheid, « P’tit » Mpayipheli coule désormais des jours paisibles comme homme à tout faire dans une concession BMW de Johannesburg, jusqu’au jour où son sens de l’amitié l’invite à une mission express à l’autre bout du pays.

Seule solution : « emprunter » une R 1150 GS à son patron, pour mieux échapper aux services secrets sud-af’ qui ont donné ordre de le ramener mort ou vif. La course-poursuite plein gaz qui s’en suit est parfaitement orchestrée par l’auteur, comme ce jeu de piste où se croisent services de renseignements de tous bords, groupuscules extrémistes et même motoclubs locaux.

Bonus pour le lecteur parvenu au bout de la route : la découverte d’un personnage hors norme et attachant comme le pays qu’il traverse. Et cerise sur le gâteau : le second rôle tenu par la moto est sans fausse note. L’auteur est motard, cela transpire à toutes les pages.

Qui sonnent juste : de la prise en main de la « grosse moto » par un homme ne conduisant au quotidien qu’une légère Honda Benly 200 cc, jusqu’aux descriptions d’une très longue traversée des pistes traçant vers la Zambie fatigue au guidon inclue, Deon Meyer raconte une belle rencontre entre l’homme et la moto. Aussi sensible qu’une rencontre amoureuse, dans laquelle le partenaire, forcément, n’est pas aussi docile qu’on le souhaiterait.

Cette interaction homme-machine, qui attendrira tous les motards, s’ajoute à la narration sauce polar, si bien préparée par un auteur maîtrisant ses moyens littéraires, son style, et qui sait donc happer le lecteur pour l’emmener vers une voie dont l’issue reste incertaine jusqu’à l’ultime page.

Ce n’était pas le premier roman policier publié par le Sud-Africain en France, mais sans doute celui qui l’a fait connaître, et classer au rang de référence du genre. Celui qui fut directeur de la Série Noire Gallimard, Patrick Raynal, lui a d’ailleurs rendu hommage, en 2014 au festival Quais du polar de Lyon :

« J’ai adoré ce livre. Ce qui est formidable, c’est son intelligence. Il prend un personnage fort, un ancien tueur, un type qui n’a peur de rien. Brusquement, il vole une moto, et là il est sur le point de se faire submerger par cette machine. Il n’a pas évalué que l’engin, une BMW R 1150 GS, pouvait l’envoyer au tapis.

Donc, en même temps qu’on avance dans le voyage, on vit le domptage de la moto par son conducteur. « L’âme du chasseur » est vraiment le premier polar depuis longtemps, qui mette la moto en scène de manière extraordinaire. La moto est le second personnage. »

Couverture, version poche :

Extrait :

« Mpayipheli faillit tomber avant même de s’être vraiment mis en route. La puissance de l’énorme machine le prit totalement par surprise lorsqu’il accéléra pour tourner dans Oswald Pirow. L’engin répondait si différemment de sa petite Honda Benly qu’il manqua lui échapper. Et la taille – la GS était massive, lourde, haute et difficile à manier. Il eut un choc, l’adrénaline lui fit trembler les mains et la visière de son casque se couvrit de buée. Il lutta pour redresser la moto, remit les gaz avec précaution et parvint jusqu’au carrefour de la N1. Quand il freina, l’ABS avant se déclencha brutalement et il fut à deux doigts de basculer à nouveau. Il s’arrêta, le souffle court, les genoux flageolants. Il ne voulait pas finir sa vie sur cette machine allemande. » Deon Meyer, « L’Ame du Chasseur », 2005.

 

Polar : « L’âme du chasseur » (2005) par Deon Meyer, éditions Seuil Policier, 428 pages ; en vente en format poche à 7,51 euros ; au format original, neuf, à 7,99 euros.

Retrouvez l’interview « moto » de Deon Meyer dans le n°309 de Moto Magazine (juillet-août 2014)

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Retrouvez tous les romans publiés en France par Deon Meyer aux éditions du Seuil

Guide sur les routes de Corse : secrets de beauté


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Voici un livre de voyage qui fait aussi un bon guide sur les routes de Corse, et leurs secrets de beauté…

Marie-Sophie et Jean-Paul sillonnent le monde au guidon de leur Honda Goldwing, et ils en font de jolis livres. Après la Nationale 7, la traditionnelle Route 66, les routes Maya et les lacets des grandes Alpes, leur dernier opus à être publié déroule la Corse sous votre châssis.

Au départ de Bastia, notre couple dévoile, étape par étape, les secrets et petites anecdotes de l’île de beauté. Un travail fouillé qui fleure bon le contact avec l’habitant et la connaissance du terrain, illustré par des clichés simples, mais à propos. Bref, un ouvrage que l’on a pris plaisir à détailler, et que l’on n’oubliera pas d’emmener lors de notre prochain périple à travers les villages, montagnes et criques insulaires.

L’auteur, Jean-Paul Naddeo, n’est pas un inconnu du monde de l’édition : il a travaillé avec Robert Laffont, Pierre Belfond, avec qui il a créé les éditions Acropole. Il fut directeur commercial du Livre de Poche chez Hachette, et directeur général des éditions Larousse.

Mais ce grand motard qui fait du tourisme en Honda Goldwing est également membre du Goldwing club de France et grand amateur de voitures anciennes. Il a publié chez Gründ « Eternelle Nationale 7 ».

Guide : « Éternelles Routes Corses, entre Mer et Montagne » par Marie-Sophie Chabres et Jean-Paul Naddeo, éditions Gründ ; 216 pages, 28,5 x 22,5 cm, 24,95 euros.

La page Facebook de Jean-Paul Naddeo
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« Why we ride », documentaire made in USA


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« Why We Ride », c’est un web documentaire qui fait l’apologie de la moto made in USA. Le film n’a rien d’une superproduction hollywoodienne. Réalisé et produit par des indépendants, il retrace l’histoire de la moto et des bikers aux Etats-Unis depuis le début du 20e siècle, avec pour toile de fond, bien sûr, Harley-Davidson et Indian.

Découpé en plusieurs parties, le film présente des images d’archive sur les premières motos, une rétrospective sur Ed Kretz, multiple champion de dirt track dans les années 30-40 et premier vainqueur de la mythique course de Daytona. Grâce à de nombreux témoignages d’anonymes, de pionniers de l’industrie, mais aussi d’anciens pilotes, « Why We Ride » met en exergue l’émergence du sport moto ainsi que la camaraderie et la fratrie qui règnent au sein du monde motard.

Sur la forme, c’est une réussite. Bryan H. Carroll transmet la passion motarde, l’envie d’évasion, la recherche de sensations. Le tout parfaitement mis en scène dans des décors somptueux, avec une musique digne d’un Hans Zimmer et des slows motions époustouflants. Sans aucun doute, ce film donne envie d’enfourcher sa bécane et d’enquiller les kilomètres.

En revanche, sur le fond, les sujets traités (les différents championnats américains de MX, SBK, MotoGP, etc) manquent cruellement de profondeur. Mais le plus dérangeant, c’est la vision pro-américaine de la moto, beaucoup trop stéréotypée. À croire que tous les motards du monde sont américains, tatoués, percés, portent des blousons en cuir noir des années 70 et roulent en Harley-Davidson…

Le réalisateur de « Why We Ride », Bryan H. Carroll, est un producteur américain plutôt bien coté. On notera dans sa filmographie, en co-production : « Public Enemies » (2009), « Miami Vice » (2005) et « Collateral » en 2004.

« Why We Ride », réalisé par Bryan H. Carroll ; 89 minutes ; disponible sur whyweride.com  ; prix : 11,99 € (en téléchargement sur Itune) ou 19,90 € en DVD.

Et voici le trailer

Jeu vidéo : « MX GP » mise tout sur le réalisme


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MX GP est un jeu vidéo qui transporte en plein championnat du monde et mise tout sur le réalisme. Les 60 motos et les pilotes sont des répliques exactes du paddock de la saison 2013, tout comme les circuits, dont la surface évolue au fil des passages. Se creusent ornières et cassures… Seuls les abords des circuits paraissent quelconques. Habitués de la surenchère de tricks, amoureux d’ambiances post-apocalyptiques, passez votre chemin !

Les fans reconnaîtront, et se mettront dans la peau de leur star préférée : ici Gautier Paulin,

là-bas Antonio Cairoli…

L’accent a été mis sur les sensations de pilotage, et ça marche puisqu’il faut constamment lire l’évolution de la piste pour rester sur ses roues. Une fois le rythme acquis (pas trop difficile), on prend plaisir à trajecter entre les concurrents  et à « scruber » les sauts et bosses, grâce aux commandes dissociées machine/pilote. Une solution particulièrement réussie, qui nous paraît être la plus fidèle actuellement pour retranscrire les sensations et le plaisir du motocross.

Jeu vidéo : « MX GP », édité par Milestone, disponible sur Xbox 360/PS3/Vita/PC ; 59 euros ; www.mxgpvideogame.com.

Découvrez le trailer du jeu :

Livre : «Les Biomotorisés, ces randonneurs d’une autre nature»


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Mais qui sont les Biomotorisés ? «Ces randonneurs d’une autre nature», répond Gilles Ferrand dans un livre que promeut le Comité de défense des loisirs verts motorisés (le Codever)…

Derrière ce titre volontairement énigmatique, Gilles, ostéopathe la semaine et enduriste passionné le week-end, propose un outil pédagogique à l’intention de tous ceux, souvent prompts à des jugements hâtifs, qui ne connaissent pas la «nature» profonde des randonneurs motorisés.

En décrivant son parcours, depuis ses débuts il y a 25 ans en 125 DTMX autour de chez lui jusqu’à la découverte de territoires lointains, son amour et son respect de la nature et du monde rural, il tente de promouvoir une pratique apaisée de la moto verte.

Les adeptes de rando tout-terrain se retrouveront dans cet ouvrage mi auto-biographique mi «politique» et souriront à la lecture des anecdotes, bonnes et mauvaises, comme un écho à leurs propres expériences…

Gilles Ferrand met également en relief le flou actuel de la législation, le risque de disparition des chemins et la nécessité d’éduquer les nouveaux pratiquants. Parfois un peu fouillis dans sa construction, le propos demeure fidèle à l’objectif de l’auteur : vulgariser la moto verte et permettre le dialogue pour un partage harmonieux et pérenne des espaces ruraux.

Livre : «Les Biomotorisés, ces randonneurs d’une autre nature» par Gilles Ferrand, préface de Luc Alphand, aux éditions Abatos, 15 euros, www.abatos.fr

Par ici, le site du Codever

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Cinéma : dans « La Mante Religieuse », le curé roule en Buell


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Dans « La Mante Religieuse », comédie dramatique de Natalie Saracco qui sort au cinéma le 4 juin, l’un des principaux personnages est un curé, joué par le « beau gosse » Marc Ruchmann. Particularité, il roule en Buell.

Etonnés lors du visionnage de la bande annonce, montrant furtivement l’ecclésiastique au guidon d’une Buell XB9S, nous avons assisté à une projection presse pour en savoir plus…

Avec « La Mante Religieuse », la réalisatrice Natalie Saracco prend plaisir à déjouer les codes et à provoquer. Son héroïne, Jézabel, incarnée par la photogénique Mylène Jampanoï, vit une existence que les garants de la morale judéo-chrétienne qualifieront de débridée : homosexuelle, droguée, cette artiste peintre à la mode se pavane dans des fêtes jusqu’au bout de la nuit, lendemains qui déchantent compris. Une pécheresse, Marie-Madeleine du troisième millénaire.

Lors de l’enterrement de son père, la jeune femme rencontre un prêtre d’une beauté à embrasser n’importe quelle idéologie. Illico, Jézabel jure à son amie qu’elle le mettra dans son lit.

Ledit curé se joue lui aussi des codes : il est jeune, beau, sait séduire par passion pour son « métier », et n’a pas arrêté de circuler à moto le jour où il est entré dans les ordres. Pis, il déboule dans ce long-métrage mystique au guidon d’une Buell XB9S. Une bécane du diable !

Quant au sens choisi par la réalisatrice, eh bien… Si Natalie Saracco prend ses aises avec la morale, elle retombe gentiment sur ses pattes en orientant cette fiction vers une conclusion convenue. Dieu lui a donné la foi… Cet œcuménisme prévisible décevra le non-croyant, qui espérait une fin plus surprenante, à l’instar des transgressions vécues par l’artiste et assumées comme fondement de son œuvre.

Les scènes incluant le deux-roues sont rares, mais belles et filmées avec méticulosité. La moto évoque un personnage singulier et hors normes. Le gros plan du prêtre conduisant visière brisée restera comme une image évocatrice du drame qui se noue. Dommage que l’issue soit là encore si prévisible. Moto, accident… Une association d’un fatalisme propre à irriter les passionnés que nous sommes.

« La Mante Religieuse », réalisé par Natalie Saracco avec Mylène Jampanoï et Marc Ruchmann, distribué par Kanibal Films, 1h28, au cinéma le 4 juin.

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