Polar : les Mongols, les Chinois et les quads


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Des Chinois sont retrouvés assassinés dans une usine proche d’Oulan-Bator, chez les Mongols. Qui est la fillette découverte enterrée avec son tricycle dans la steppe ? Y a-t-il un lien entre les deux affaires ? D’où viennent les mystérieux quadeurs ? Qu’est devenu le van bleu aperçu quelques années plus tôt ? Autant de questions auxquelles devra répondre au fil de l’histoire le commissaire Yeruldelgger dans ce polar sombre…

Policiers corrompus et nazillons locaux aussi bêtes que méchants ne lui rendront pas la tâche aisée. Des moines et un enfant de la rue lui seront d’une aide précieuse.

Grâce à une intrigue bien construite, un contexte dépaysant, celui de la Mongolie de l’ère post-soviétique, ce polar mongol nous a séduit.

Ian Manook fut journaliste, éditeur et publicitaire. Il est désormais romancier. Ce polar est son premier roman, et il a déjà été primé à plusieurs reprises, recevant le prix des lectrices de Elle, le prix SNCF du polar, le prix Quais du Polar / 20 minutes…

Paru dans son édition originale fin 2013 avant de passer en collection de poche, « Yeruldelgger » a connu un succès international. Il aurait été dommage qu’il n’y ait pas de suite…

Le second tome des aventures du commissaire Yeruldelgger vient de paraître chez Albin Michel, il a pour titre « Les temps sauvages ». L’action se déroule cette fois dans les steppes enneigées d’Asie centrale… On a hâte de le lire !

Bernard Lavandier  Correspondant 42

« Yeruldelgger » de Ian Manook, éditions Livre de Poche ; 648 ppages, 8,30 €.

Plus d’infos sur : http://www.albin-michel.fr/page.php?n=344

Livre : « Berezina », en side-car avec Napoléon


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Sylvain Tesson est un voyageur invétéré, que ce soit à pied, à vélo, ou à moto. C’est cette dernière passion qui va le conduire à lancer ce défi : parcourir en side-car Ural la route empruntée par Napoléon en 1812 lors de la retraite de Russie. 4 000 km au départ de Moscou, en plein hiver bien sûr.

Mordue par le froid, cahotée dans la steppe, bravant les camions fous et les pannes, l’équipée, composée de trois Français et deux Russes (Sylvain l’auteur, le géographe Cédric Gras, le photographe Thomas Goisque, ainsi que Vassili et Vitaly) se réchauffe au cœur de vieux hôtels brejnéviens, à coups de vodka.

Au fil des étapes, l’auteur convoque Caulaincourt et Tolstoï pour nous faire revivre l’enfer des troupes françaises et l’héroïque traversée de la Berezina ; mais aussi nous faire comprendre que l’âme russe, mystique, fataliste est réfractaire à la rationalité occidentale.

Un récit rafraîchissant et décapant que nous livre Sylvain Tesson, 42 ans, aventurier de renom. Le fils de Philippe Tesson, journaliste octogénaire au CV bien garni, a essaimé son propre parcours de voyages hors normes : tour du monde à bicyclette à 20 ans, traversée de l’Himalaya à pied, vie en ermite six mois durant sur les rives du lac Baïkal… Tous ou presque ont été suivis d’un livre.

Ce voyage en side-car fut sa dernière épopée avant un drame qui relèverait presque de l’accident domestique : à l’été 2014, alors qu’il grimpait sur la façade d’un chalet à Chamonix, dans les Alpes, ce stégophile avoué (personnage qui aime à escalader les toitures) a chuté de dix mètres, se fracturant le crâne en quatre endroits. Victime d’une paralysie faciale, l’aventurier a mis plusieurs mois à se rétablir. Un repos forcé, propre à lui donner de nouvelles idées pour repartir…

« L’Ural est la seule moto que rien n’arrête, même pas ses freins », constatait l’auteur dans Le Parisien, le 12 février. Pas grave, Sylvain Tesson ne s’en sert jamais…

Récit : « Berezina », par Sylvain Tesson, éditions Guérin, 200 pages, 19,50 euros. En vente dans la Boutique Motomag.com

Polar : Surf City, le premier roman du scénariste de Sons of Anarchy


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A l’heure où la série télé Sons of Anarchy cartonne, il est de bon ton de relire Surf City, un polar écrit en 1984 par Kem Nunn. Nunn, auteur motard qui case des bikers dans ses romans policiers, est depuis devenu scénariste de Sons of Anarchy. La boucle est bouclée.

Surf City, premier roman de Kem Nunn, a donc été rédigé voici 30 ans. Il précède La Reine de Pomona, chroniqué dans Moto Mag’ n°219 (juillet 2005), mais aussi Le Sabot du Diable. Voici trois décennies, Nunn distillait le noir du cambouis dans le bleu de l’océan.

Son personnage principal, Ike, un paumé du désert dont le seul don est de savoir régler à la perfection les twins knucklehead, doit se rendre dans une ville de la côte ouest où les surfeurs sont loin d’être les gentilles petites têtes blondes qui ornent les couvertures des magazines. Outre ces hommes et femmes en short de bain, il y croise rapidement des bikers, marginaux dans une cité balnéaire tournée vers la mer, engagés dans la criminalité, mais qui ne sont pas forcément les plus violents, ni les plus dénués de valeurs.

Entre pétarades des Harley et bruit des vagues, Nunn, de son style épuré et direct, désenchanté, assène une ligne de vie qui se dilue aux confins des sensations extrêmes. Drogues, sexe et sèche mélodie du bicylindre en V font le sel de cette écriture agitée qui, comme la mer, brise les rêves et les corps des jeunes américains en quête d’une vie moins monotone.

Polar : « Surf City » par Kem Nunn, éditions Folio Policier ; 340 pages, 10,8 x 17,8 cm, 6,20 euros.

Les DVD de la série Sons of Anarchy sont disponibles dans la Boutique Motomag.com

Polar : chapitres sanglants sur le chapitre boulonnais


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On a dégoté ce polar, intitulé Boulogne K et publié en 2012, qui ravira les amateurs de chapitres sanglants sur un étonnant chapter de bikers, le chapitre boulonnais en l’occurrence.

Truands dessoudés, prostituées équarries, flics ripoux, hommes de main psychopathes, came mortelle… Boulogne-sur-mer n’en a sans doute jamais autant vu ni entendu que depuis qu’un club —un chapitre— de motards vient de s’y installer…

À côté de la violente avalanche qui s’abat sur le lecteur dans Boulogne K, Sons of Anarchy relève du roman photo pour dames patronnesses. Ce polar le prendra au collet et ne le lâchera plus jusqu’à une fin apocalyptique dont nul ne sort indemne. Aucun cliché ne lui est épargné. Prenons les styles des grands auteurs du genre et… touillons !

Le récit fonctionne malgré tout très bien, mais il est usé et abusé d’un argot avec lequel contrastent des descriptions, trop pédagogiques, des motos.

L’auteur, Michel Vigneron, est en poste au commissariat de Boulogne-sur-Mer depuis 2005, où il est chargé des équipes de nuit. Il connaît bien le milieu qu’il décrit et s’inspire du quotidien vécu par ses collègues pour écrire des polars hyper réalistes. « Après Marilyne de Boulogne paru en 2008, voici le roman le plus violent de la collection polars en nord », prévient l’éditeur en 4e de couverture.

Roman noir : « Boulogne K, la sanglante histoire du chapitre boulonnais », par Michel Vigneron, éditions Ravet-Anceau, collection Polars en Nord ; 256 pages, 10 €.

Polar « Un mensonge explosif » : le flic était motard


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Quel rapport avec la moto dans le polar « Un Mensonge Explosif » ? Le flic était motard… Clovis, l’un des héros de ce roman qui oscille entre policier et espionnage, circule en effet sur une Ducati Monster. Ce qui aura, d’ailleurs, une conséquence sur sa santé…

Sinon, il s’agit d’une fiction basée sur des faits réels, selon la formule consacrée. L’auteur fouille dans le drame d’AZF (31 morts et 2 500 blessés), à Toulouse en septembre 2001. Il met en cause les conclusions de l’enquête officielle (l’accident chimique) et écrit un récit policier gigogne documenté, mené à fond de sixième. Parmi les protagonistes imaginaires, Clovis, policier à l’Antiterrorisme, qui circule entre Paris et la ville rose au guidon d’une Ducati 600 Monster, donc.

« L’affaire AZF m’avait, comme à beaucoup de gens je pense, laissé un arrière-goût d’enfumage, l’impression qu’on avait pris les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages », explique l’auteur dans un entretien publié sur le site un-polar.com. « Je me suis dit que de la traiter comme une fiction serait en quelque sorte lui rendre la monnaie de sa pièce ».

Technique, complexe, l’enquête ici livrée perd parfois le lecteur dans de multiples considérations autour du pouvoir, de l’espionnage, du terrorisme et de l’antiterrorisme. Ce policier motard évolue dans un cloaque peu propice aux belles envolées à dos de Monster…

Mais AZF a marqué la France des années 2000 et, avide de connaître une théorie alternative sur l’origine de ce désastre, on s’accroche comme un passager à la poignée (inexistante !) d’une Ducati… Pris dans l’intrigue, on parviendra à ne pas chuter avant la fin du voyage.

Roman policier : « Un Mensonge Explosif », par Christophe Reydi-Gramond, éditions Liana Levi, 14 x 21 cm ; 368 pages, 19 €.

A découvrir, tous livres traitant de moto disponibles dans la Boutique motomag.com

Roman : « Plein Gaz » le remake moto de « Duel » !


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« Plein Gaz » est un roman court, très court même (96 pages), mais il est intéressant à plus d’un titre : il narre les déboires d’une bande de bikers américains aux prises avec un truck plutôt antipathique ; il marque la collaboration entre l’écrivain Joe Hill et son père, l’illustre auteur de récits fantastiques Stephen King ; et il s’inspire ouvertement de « Duel », ce roman écrit par Richard Matheson, adapté en film culte par Steven Spielberg, qui opposait, dans un niveau de suspens captivant, un automobiliste et un poids-lourd inquiétant dont on ne voyait jamais le conducteur.

L’histoire de Plein Gaz est tout aussi simple : sur une route désolée du Nevada, un gang de motards est pris en chasse par un camion fou, apparemment bien décidé à les éliminer un à un…

Côté lecture, c’est très efficace : les pages de ce roman court défilent à cent à l’heure entre nos mains, tant la tension est maintenue à son comble jusqu’à l’issue de la poursuite. Le cocktail ultra classique mixant gang de bikers sur des Harley, désert américain, station-service et diners déserts, chaleur torride et suspens à couper au hachoir, est respecté à la virgule près par cette paire d’écrivains. Le fils Hill n’a rien à envier au père King. Ce grand divertissement s’avalera en quelques heures de farniente estival.

Roman : « Plein Gaz », par Joe Hill et Stephen King, éditions JC Lattès ; 96 Pages, 6 €.

Allez, pour se remémorer le mythique Duel, on se repasse le trailer

Et sinon, on peut toujours aller voir dans la boutique Motomag.com les livres dédiés à la moto

Polar : dans « L’âme du chasseur » la moto est un personnage


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Avis à celui qui, durant sa villégiature estivale, cherchera à se délecter d’un vrai polar motard, dans le sens où la moto tient le rôle d’un personnage à part entière. Le second rôle, en l’occurrence. « L’âme du chasseur » est pour lui !

Ce roman policier est sorti en 2005 en France, et fut l’occasion de découvrir l’écriture précise de Deon Meyer, écrivain attachant, qui pratique par ailleurs à tours de bras la moto off comme on-road, sur les routes comme sur les pistes caillouteuses de l’hémisphère sud.

Voici ce que nous écrivions sur l’ouvrage, dans Moto Magazine lors de sa sortie, en 2005 :

Autrefois tueur d’élite au service de la cause anti-apartheid, « P’tit » Mpayipheli coule désormais des jours paisibles comme homme à tout faire dans une concession BMW de Johannesburg, jusqu’au jour où son sens de l’amitié l’invite à une mission express à l’autre bout du pays.

Seule solution : « emprunter » une R 1150 GS à son patron, pour mieux échapper aux services secrets sud-af’ qui ont donné ordre de le ramener mort ou vif. La course-poursuite plein gaz qui s’en suit est parfaitement orchestrée par l’auteur, comme ce jeu de piste où se croisent services de renseignements de tous bords, groupuscules extrémistes et même motoclubs locaux.

Bonus pour le lecteur parvenu au bout de la route : la découverte d’un personnage hors norme et attachant comme le pays qu’il traverse. Et cerise sur le gâteau : le second rôle tenu par la moto est sans fausse note. L’auteur est motard, cela transpire à toutes les pages.

Qui sonnent juste : de la prise en main de la « grosse moto » par un homme ne conduisant au quotidien qu’une légère Honda Benly 200 cc, jusqu’aux descriptions d’une très longue traversée des pistes traçant vers la Zambie fatigue au guidon inclue, Deon Meyer raconte une belle rencontre entre l’homme et la moto. Aussi sensible qu’une rencontre amoureuse, dans laquelle le partenaire, forcément, n’est pas aussi docile qu’on le souhaiterait.

Cette interaction homme-machine, qui attendrira tous les motards, s’ajoute à la narration sauce polar, si bien préparée par un auteur maîtrisant ses moyens littéraires, son style, et qui sait donc happer le lecteur pour l’emmener vers une voie dont l’issue reste incertaine jusqu’à l’ultime page.

Ce n’était pas le premier roman policier publié par le Sud-Africain en France, mais sans doute celui qui l’a fait connaître, et classer au rang de référence du genre. Celui qui fut directeur de la Série Noire Gallimard, Patrick Raynal, lui a d’ailleurs rendu hommage, en 2014 au festival Quais du polar de Lyon :

« J’ai adoré ce livre. Ce qui est formidable, c’est son intelligence. Il prend un personnage fort, un ancien tueur, un type qui n’a peur de rien. Brusquement, il vole une moto, et là il est sur le point de se faire submerger par cette machine. Il n’a pas évalué que l’engin, une BMW R 1150 GS, pouvait l’envoyer au tapis.

Donc, en même temps qu’on avance dans le voyage, on vit le domptage de la moto par son conducteur. « L’âme du chasseur » est vraiment le premier polar depuis longtemps, qui mette la moto en scène de manière extraordinaire. La moto est le second personnage. »

Couverture, version poche :

Extrait :

« Mpayipheli faillit tomber avant même de s’être vraiment mis en route. La puissance de l’énorme machine le prit totalement par surprise lorsqu’il accéléra pour tourner dans Oswald Pirow. L’engin répondait si différemment de sa petite Honda Benly qu’il manqua lui échapper. Et la taille – la GS était massive, lourde, haute et difficile à manier. Il eut un choc, l’adrénaline lui fit trembler les mains et la visière de son casque se couvrit de buée. Il lutta pour redresser la moto, remit les gaz avec précaution et parvint jusqu’au carrefour de la N1. Quand il freina, l’ABS avant se déclencha brutalement et il fut à deux doigts de basculer à nouveau. Il s’arrêta, le souffle court, les genoux flageolants. Il ne voulait pas finir sa vie sur cette machine allemande. » Deon Meyer, « L’Ame du Chasseur », 2005.

 

Polar : « L’âme du chasseur » (2005) par Deon Meyer, éditions Seuil Policier, 428 pages ; en vente en format poche à 7,51 euros ; au format original, neuf, à 7,99 euros.

Retrouvez l’interview « moto » de Deon Meyer dans le n°309 de Moto Magazine (juillet-août 2014)

Retrouvez tous les livres et romans « moto » disponibles dans la Boutique Motomag.com

Retrouvez tous les romans publiés en France par Deon Meyer aux éditions du Seuil

Débarquement de Normandie : récit de la guerre au guidon


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En lisant cet ouvrage historique sur le Débarquement allié en Normandie, le 6 juin 1944, vous découvrirez un récit de la 2e Guerre Mondiale au guidon, grâce au témoignage exceptionnel d’un soldat canadien rescapé…

Lorsque Germain Nault reçoit, en 1941, un courrier lui imposant de passer des tests pour le service militaire canadien, il y voit une fierté et une opportunité. « M’enrôler dans l’armée représentait un moyen facile de faire de l’argent et de vivre une expérience hors du commun ».

Pour l’argent, notre homme n’atteindra jamais les 2 dollars canadiens/jour. Par contre pour l’expérience hors du commun, il sera copieusement servi au guidon de sa Norton 16H. Affecté au transport militaire il participera, en qualité d’estafette (dispach rider), au Débarquement de Normandie et à la libération de la France, de la Belgique et des Pays-Bas.

C’est le parcours atypique de cet homme, aujourd’hui nonagénaire, que les sœurs Doyon – ses petites-nièces – ont couché sur le papier pour préserver l’héritage familial à la veille du 70e anniversaire du Débarquement.

Si nous avons parfois regretté une certaine naïveté du récit, ce témoignage a le mérite de nous faire vivre le D-Day et ses longs préparatifs à travers le quotidien d’une de ses « petites mains ». Germain Nault aura en tout passé presque 1400 jours loin de chez lui, sautant, selon les exigences du conflit, des commandes d’un char Bren Carrier à celles d’un monocylindre britannique. Haletant.

Récit historique : « J’ai Survécu au Débarquement », Marilou et Martine Doyon, France Loisirs, 304 pages, 12,5 x 20 cm, 16,95 €.

Lire le reportage : « Sur les traces des motards du D-Day » dans Moto Magazine n°307 (mai 2014) 

« J’ai Survécu au Débarquement » sur Facebook

Commander le livre sur le site de l’éditeur québécois

Commander le livre en ebook sur le site de France Loisirs

Roman de poche : les tribulations d’un motard coincé à l’hôpital


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Il y a peu, pour préparer une rencontre entre écrivains motards organisée par le musée d’art contemporain de Lyon dans le cadre du festival Quais du Polar, on s’est relu et délecté du court mais intense, et farfelu roman écrit par Patrick Raynal, « La Poignée dans le Coin », sorti en 2001 aux éditions La Baleine, oui celles qui publiaient la collec’ du Poulpe au début de ce siècle (et aussi à la fin du dernier).

Mais tout d’abord, et gaz en grand, le scénar’: à plus de 70 ans, James Durham ne connaissait rien à la vieillesse. Il chevauchait son Heritage Softail 1300 sur les routes du midi avec une seule idée en tête : rejoindre sa ville natale, Oakland, Californie, USA. L’ennui c’est que le redoutable dieu des bikers n’est pas différent des autres. Il adore jouer avec ses sujets, et le destin de James croisa celui de Carlotta dans un hôpital où seule la mort lance les dés…

James contre Carlotta, ou 70 ans de vie infernale dévouée aux anges du même nom contre 87 de dissimulation bourgeoise. La partie semble inégale : un vieux biker ricain contre une encore plus antique rassie antiboise, voilà un combat perdu d’avance ! Mais le destin ne bascule pas du côté que l’on croit…

À la lecture du titre, après inspection de la couverture, on s’attendait à un récit sombre, et peut-être même à la description de rides (et non de rides…) tendus sur les corniches des Alpes-Maritimes. Il n’en est rien. Le Niçois Raynal délaisse machine, routes et paysages pour se concentrer sur le motard, James, ricain perdu dans un hosto français.

« Impavide, James accueillit le pronostic sans tiquer. Il le savait. Il avait roulé la poignée dans le coin toute sa vie et ne s’était jamais vu dans la peau d’un centenaire ».


« Je venais d’avoir un accident avec ma moto préférée », une Norton Commando, explique Patrick Raynal, qui fut le directeur de la Série Noire Gallimard (rien que ça !). Et a signé un des meilleurs romans policiers de la collec’ Lecouvreur, « Arrêtez le Carrelage » (Baleine, 1998), dans lequel la Norton a son mot à dire, d’ailleurs…

« A l’hôpital, ils m’ont soigné et mis dans une chambre. Et là, j’ai vu débouler un tas de blessés qui attendaient le petit nouveau pour tuer le temps en discutant accidents, meules et routes. C’est ce qui m’a inspiré cette histoire ». Avant de se planter devant la machine à écrire, Raynal avait aussi rencontré, sur la Côte d’Azur, des bikers américains en villégiature. Il s’était demandé ce qu’il pourrait leur arriver s’ils restaient coincés de ce côté-ci de l’Atlantique.

Amusante et peu ordinaire, cette fiction courte (120 pages écrites en caractères gros mais jamais gras), bien plus colorée que la couleur grise de la collection dans laquelle l’éditeur l’a rangée, se lit d’un trait, la plume de Raynal, trempée dans une encre fleurie, ne se montrant jamais plombée.

On sent que l’auteur, harleyiste revendiqué (même si ex-maoiste, si si c’est possible !) qui s’est mis à la BMW contraint par l’âge, a pris malin plaisir et jubilation à décrire les aventures hôpitalistiques d’un motard qui, faute de guidon, ne peut s’accrocher qu’à des béquilles et déambuler dans d’immaculés corridors n’ayant rien à voir avec un quelconque accès au paradis.

Ce livre, on l’a lu la poignée dans le coin, sans jamais le poser sur la table de nuit, et on s’est bien amusé. Allez, si, juste une fois, qu’on l’a posé, pour remplir le réservoir, minuscule comme celui d’une Harley… et une autre, pour aller vidanger. 

Roman : « La Poignée dans le Coin » de Patrick Raynal aux éditions La Baleine, 120 pages format poche. Quelques exemplaires sont encore en vente, via la guerrière américaine, au prix de 9 euros. 

Rencontre : quand la moto vient au polar, à Lyon le 6 avril


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L’auteur français Patrick Raynal, le Sud-Africain Deon Meyer, l’Américain Craig Johnson… C’est le plateau XXL de stars de l’écriture noire, qui paraderont à moto, dimanche 6 avril à Lyon, capitale des Gaules, et de la « moto culture » !

Ce rassemblement est organisé par le Musée d’art contemporain de Lyon, qui propose l’exposition Motopoétique jusqu’au 20 avril, en collaboration avec le festival de littérature Quais du Polar, du 4 au 6 avril à Lyon.

Au croisement de ces rendez-vous culturels lyonnais, le directeur du musée, Thierry Raspail, qui est aussi fan de littérature policière, a eu l’idée de réunir les deux univers. Il a fait le tour des écrivains invités lors de l’édition 2014 de Quais du polar, et bouclé un plateau somptueux, composé des trois auteurs cités, pour une parade dans la ville suivie d’une rencontre au musée.

Après la photo officielle du festival, les motards s’équiperont et prendront place sur des Harley Davidson prêtées par les concessionnaires du Grand Lyon, pour une virée en direction du musée.

Patrick Raynal, Deon Meyer et Craig Johnson échangeront ensuite sur leur passion pour l’écriture et la moto, lors d’une conférence d’une heure, animée par Nicolas Grumel, rédacteur en chef adjoint de Moto Magazine et animateur du blog Moto culture.

Patrick Raynal, ex-directeur de la Série Noire chez Gallimard, est un ponte du polar français, auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels le Poulpe « Arrêtez le Carrelage » (éditions La Baleine).

Il a également publié « La Poignée dans le Coin » en 2001 (éditions La Baleine), et la même année, il essayait une Harley Davidson Electra Glide sur l’île de Groix en Bretagne, dans Moto Magazine n°176 (avril 2001).

L’écrivain sud-africain Deon Meyer s’est fait connaître en France avec « L’Ame du Chasseur » (éditions du Seuil), polar dans lequel l’un des personnages s’enfuit à travers les grands espaces, aux confins du Continent Noir, sur une BMW R1150GS, l’heureux homme…

Quant à Craig Johnson, il est l’auteur de « Little Bird » et « Le Camps des Morts » (éditions Gallmeister). Son héros, le shérif Walt Longmire, a inspiré la série télé du même nom. Son style, sa description précise et poétique des paysages de l’état du Wyoming, de la nature qu’il intègre à ses romans comme un personnage, donnent envie de traverser l’Atlantique et de louer un twin pour mieux connaître cet environnement.

C’est dimanche 6 avril à Lyon !
Amateurs de cette littérature populaire qui s’accommode si bien de la moto :

. Joignez-vous aux trois auteurs au départ du parcours afin de les encourager ou de les accompagner à moto !
Rendez-vous dimanche 6 avril
, à 10h30 place de la Comédie, devant l’Hôtel de Ville de Lyon.

. Venez accueillir le cortège devant le musée MAC Lyon, à 11h. La rencontre se déroulera dans la salle de conférences et sera suivie d’une séance de dédicace dans le hall.


Accès libre, réservation conseillée pour le parcours à moto, merci de vous inscrire aussi auprès du service des publics du musée : du lundi au vendredi, de 9h à 13h et de 14h à 17h ; téléphone : 04 72 69 17 19 ; mail : publics@mac-lyon.

Sites : www.mac-lyon.com et www.quaisdupolar.com