Bande-dessinée : « Avec Marc, des fois, on s’échappait… »


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« La Conquête de l’Ouest », le tome 3 de la série BD « Je Veux une Harley », est l’une des meilleures ventes de livres moto de cette fin d’année. Rencontre avec Frank Margerin, dessinateur de talent plutôt amateur de motos anglaises, qui transforme le chrome en or.

Deux ans et demi après la sortie du premier tome de « Je veux une Harley », voici déjà le troisième. Cuadrado et toi êtes des stakhanovistes de la BD ! Combien de temps nécessite la confection d’un album ?
Il faut un an pour le réaliser : trois mois pour l’écriture du scénario et l’esquisse des premières planches, neuf de plus pour dessiner la totalité. Je réalise moi-même dessin et couleur. Là, j’ai d’abord rendu les quinze premières pages en couleur, puis le reste de l’album (46 pages au total) d’une traite. Je me suis tapé quinze jours de colorisation d’affilée, je n’en pouvais plus…

Cette fois, votre héros et ses copains donnent dans l’exotisme : le grand voyage en Harley !
Oui, nous avons traité d’un des clichés du milieu biker : le rêve de rouler un jour dans l’Ouest américain, de voir le Grand Canyon… C’est un fantasme pour beaucoup de motards en général.

Quelle est votre source d’inspiration, vous connaissiez la Route 66 ?
Nous avons fait le voyage en 2013. Dans cette série, on s’inspire du vécu. Nous sommes passés par un tour operator spécialisé, USA Moto Riders. On roulait sur une Harley-Davidson Electra Glide Classic.

Vous avez voyagé à deux, comme un vieux couple ?
Un jeune couple, trois ans de vie commune ! On partageait la même moto, et aussi les mêmes chambres dans les motels, avec les ronflements…

Vous avez parcouru la Route 66 dans sa totalité, de Chicago à Los Angeles ?
Non, nous avons suivi une boucle de L. A. à L. A., en passant par des morceaux de Route 66. La totalité fait 4.000 km, il faut du temps et ce n’est pas intéressant partout. Le fait de passer par un tour operator nous a permis de mettre en scène la vie de groupe. On a un peu transformé le vécu : sur les huit Français qui faisaient le voyage avec nous, il n’y avait pas une femme. On a donc rajouté Tanie, la femme de Marc (le héros), mais aussi d’autres caractères que les lecteurs apprécieront…

Il y a beaucoup d’humour sur le couple homme-moto, mais aussi sur le couple homme-femme. Les hommes s’en sortent bien…
Le rapport dans le couple est le fil conducteur de cette série. Or, ce genre de voyage, avec le cul sur la selle toute la journée, c’est surtout une affaire d’hommes. Ils veulent être entre copains, et on peut le comprendre. Nos personnages féminins apportent un regard critique sur ce trip masculin. Quand les mecs rentrent dans une boîte à strip-tease, c’est sûr qu’elles ne vont pas cautionner…

Vous aviez une Harley pour deux, qui conduisait ?
Cuadrado a plus l’habitude que moi de conduire ces gros engins, il tenait donc le guidon la plupart du temps. Sur cette moto, on est tellement bien derrière qu’on n’a pas forcément envie de conduire. Surtout que la plupart des routes sont de longues lignes droites ennuyeuses. Ce qui est amusant là-bas, ce sont les enchaînements de ligne droite… J’étais derrière, et ça tombe bien car je prenais des photos qui m’ont servi pour dessiner ensuite.

Ton impression de l’Ouest américain ?
Les routes sont souvent en parfait état. Il y a beaucoup de lignes droites, mais les paysages sont magnifiques.

Est-ce que la moto offre des rencontres particulières ?
On roulait en groupe avec un guide, on avait un timing précis à respecter, du coup on n’échangeait pas beaucoup avec les autochtones. Mais si tu es seul, oui, à moto tu peux parler aux gens plus facilement.

Avez-vous rencontré des figures de la route ?
Desert Doctor, c’est marqué sur son réservoir ! Un motard qui sillonne le désert sur une vieille Harley à fourche Springer. Il se présente aux autres motards et propose son aide en cas de pépin. On l’a mis dans la BD. Et sinon, Angel Delgadillo bien sûr, le barbier qui a fait renaître la Route 66 sous sa forme touristique. C’est lui qui a inspiré le dessin animé « Cars ». Un vieux très sympa !

Vous avez vécu l’orage de grêle, comme dans la BD ?
On avait une tenue de pluie, mais dans la voiture du guide. Or on venait de perdre le groupe parce qu’on était sorti en retard d’un café. On a parcouru 50 miles à fond pour les chercher, sans succès. Et arrive le gros orage… En fait ils nous attendaient derrière ! Les joies du voyage en groupe…

Vous utilisez le réel avec une pointe d’ironie et d’auto-dérision…
C’est de la bande-dessinée humoristique. Nous n’avons pas vécu un trip d’aventuriers, nous assumons le côté tour operator de ce voyage. C’est hallucinant : le moindre pépin mécanique, et tout est remis en question car le guide n’a aucune notion de mécanique. Il est perdu s’il n’arrive pas à joindre l’assistance sur son portable.

Les motos sont dessinées avec le respect du détail qu’on te connaît. Mais les cuirs sont d’un noir luisant, sans un écusson. Pourquoi ?
J’ai été paresseux sur ce coup, normalement je dessine tous les patches, mais là t’en sors pas, les harleyistes en ont plein ! Nos lecteurs notent tous les plans et nous font des reproches sur le fait que d’une case à l’autre, l’écusson est différent… Donc, les gilets sont vierges.

Vous avez assouvi un rêve de môme, en faisant ce voyage ?
Ah oui ! Après, la solution tour operator, il y a le pour et le contre. C’est très confortable, tu ne t’occupes de rien, mais ce n’est pas de l’aventure. Nous avons visité tous les sites touristiques, où les Américains ont tendance à recréer artificiellement les ambiances. Ils mettent de fausses épaves ici et là… Si tu veux bien manger, il faut en sortir car les restos c’est l’abattage, surtout pour moi qui ne suis pas fan des sandwiches. Avec Marc, des fois, on s’échappait…

« Je Veux une Harley, tome 3 La Conquête de l’Ouest », scénario de Marc Cuadrado et dessins de Frank Margerin, éditions Dargaud, 46 pages, 11,99 euros ; en vente dans la Boutique Motomag.com.

A lire, le portrait du scénariste de « Je Veux une Harley », Marc Cuadrado, dans le n°313 de Moto Magazine (déc. 2014), en vente dans la Boutique Motomag.

Rap : Action BronSon défoncé se paie Easy Rider


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On savait que le rappeur américain Action BronSon avait la cuisine comme passion. Il aime aussi la moto, comme le montre son dernier clip, « Easy Rider », hommage sous influence au film dans lequel Peter Fonda circule au guidon de Captain America. Oui, ce même chopper qui va finir aux enchères à 1M$

Il existe toutefois quelques différences entre le chop’ d’Action Bronson, qui est un shovelhead, et celui de Peter Fonda, un panhead ; le réservoir de l’ancêtre de 69 était bariolé de la bannière étoilée, qui, dans le clip de BronSon, n’orne que le bandana du « guitar hero ». Enfin, le rappeur se promène en solitaire, tandis que Fonda ne partait jamais sans son compère Hopper.

Ces détails mis au point, le clip d’Action BronSon, réalisé par Tom Gould, est complètement dingue :

Le film hippie n’est pas l’unique référence croisée au coin d’un plan. On y trouverait même, d’après Konbini.com, une compile de 50 ans de pop culture américaine. Nous on a reconnu une allusion au trip sous acide et alcool de Johnny Depp et Benicio del Toro dans « Las Vegas parano » de Terry Gilliam, mais aussi un hommage à Jimi Hendrix, qui aurait glissé lors de nombreux concerts, un comprimé d’acide sous son bandana ; enfin Sons of Anarchy n’est sans doute pas loin d’être la source d’inspiration du fight entre BronSon et les bikers…

Amusez-vous à reconnaître ces références, mais surtout ne cherchez pas à imiter le rappeur, qui conduit sa moto sous influence…

A découvrir, le livre « Bikers, les motards sauvages à l’écran », encyclopédie de la série B américaine, en vente dans la Boutique Motomag.com

Les coffrets DVD de la série Sons of Anarchy sont également disponibles dans la Boutique Motomag.com

Roman : « Plein Gaz » le remake moto de « Duel » !


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« Plein Gaz » est un roman court, très court même (96 pages), mais il est intéressant à plus d’un titre : il narre les déboires d’une bande de bikers américains aux prises avec un truck plutôt antipathique ; il marque la collaboration entre l’écrivain Joe Hill et son père, l’illustre auteur de récits fantastiques Stephen King ; et il s’inspire ouvertement de « Duel », ce roman écrit par Richard Matheson, adapté en film culte par Steven Spielberg, qui opposait, dans un niveau de suspens captivant, un automobiliste et un poids-lourd inquiétant dont on ne voyait jamais le conducteur.

L’histoire de Plein Gaz est tout aussi simple : sur une route désolée du Nevada, un gang de motards est pris en chasse par un camion fou, apparemment bien décidé à les éliminer un à un…

Côté lecture, c’est très efficace : les pages de ce roman court défilent à cent à l’heure entre nos mains, tant la tension est maintenue à son comble jusqu’à l’issue de la poursuite. Le cocktail ultra classique mixant gang de bikers sur des Harley, désert américain, station-service et diners déserts, chaleur torride et suspens à couper au hachoir, est respecté à la virgule près par cette paire d’écrivains. Le fils Hill n’a rien à envier au père King. Ce grand divertissement s’avalera en quelques heures de farniente estival.

Roman : « Plein Gaz », par Joe Hill et Stephen King, éditions JC Lattès ; 96 Pages, 6 €.

Allez, pour se remémorer le mythique Duel, on se repasse le trailer

Et sinon, on peut toujours aller voir dans la boutique Motomag.com les livres dédiés à la moto