Polar : Surf City, le premier roman du scénariste de Sons of Anarchy


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A l’heure où la série télé Sons of Anarchy cartonne, il est de bon ton de relire Surf City, un polar écrit en 1984 par Kem Nunn. Nunn, auteur motard qui case des bikers dans ses romans policiers, est depuis devenu scénariste de Sons of Anarchy. La boucle est bouclée.

Surf City, premier roman de Kem Nunn, a donc été rédigé voici 30 ans. Il précède La Reine de Pomona, chroniqué dans Moto Mag’ n°219 (juillet 2005), mais aussi Le Sabot du Diable. Voici trois décennies, Nunn distillait le noir du cambouis dans le bleu de l’océan.

Son personnage principal, Ike, un paumé du désert dont le seul don est de savoir régler à la perfection les twins knucklehead, doit se rendre dans une ville de la côte ouest où les surfeurs sont loin d’être les gentilles petites têtes blondes qui ornent les couvertures des magazines. Outre ces hommes et femmes en short de bain, il y croise rapidement des bikers, marginaux dans une cité balnéaire tournée vers la mer, engagés dans la criminalité, mais qui ne sont pas forcément les plus violents, ni les plus dénués de valeurs.

Entre pétarades des Harley et bruit des vagues, Nunn, de son style épuré et direct, désenchanté, assène une ligne de vie qui se dilue aux confins des sensations extrêmes. Drogues, sexe et sèche mélodie du bicylindre en V font le sel de cette écriture agitée qui, comme la mer, brise les rêves et les corps des jeunes américains en quête d’une vie moins monotone.

Polar : « Surf City » par Kem Nunn, éditions Folio Policier ; 340 pages, 10,8 x 17,8 cm, 6,20 euros.

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BD : Coluche rentre dans les cases


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Raconter la vie de Coluche en 88 pages de bande dessinée (BD), voilà qui relève du challenge tant l’humoriste a plutôt bien rempli ses journées, même s’il n’a vécu que 41 ans. Mais cette biographie a le mérite de faire entrer Coluche dans les cases, et se lira en tournant la poignée de gaz… à fond, comme l’appréciait le motard qu’il était, même si l’ouvrage ne se conservera pas aussi longtemps dans une bibliothèque que le livre « Coluche » de Philippe Boggio (1991, J’ai lu), ou le « Dossier Michel Vaillant » publié par Graton en 2011.

Ce dernier ouvrage, mêlant témoignages, dessins et récits, avait l’intérêt de s’intéresser uniquement à la passion pour l’automobile et la moto de Michel Colucci. Dans la BD, le scénariste, François Dimberton, et le dessinateur, Rémi Torregrossa, abordent tout, de l’enfance banlieusarde modeste à la création des Restos du Cœur et des Enfoirés, en passant par la campagne pour l’élection présidentielle de 1981 ou encore la carrière d’acteur de l’enfant de Montrouge.

Les références à la passion pour la moto sont plutôt bien narrées, notamment le record du monde du kilomètre lancé qu’a battu Coluche sur l’anneau de vitesse de Nardo (Italie), le 19 septembre 1985, propulsant sa Yamaha 750 OW 31 à 252,087 km/h. Texte et dessins reproduisent fidèlement les motos possédées par ce champion de la démesure qui ne faisait rien comme tout le monde.

Mais les approximations et autres anachronismes heurtent la lecture. Comme cet intérieur de berline française, dans lequel l’humoriste discute avec son producteur, doté de ceintures de sécurité à enrouleur et de sièges monoplace à l’avant, alors que les protagonistes sont censés rouler dans une Cadillac fifties (vue dans la case précédente), plus certainement équipée d’une banquette à l’avant et dénuée de ceintures.

Un immeuble de verre et des potelets anti-stationnement servent de décor à une scène en extérieur, bien loin des standards de construction des années 70-80.

Quant à l’accident de moto qui a provoqué le décès de Coluche, il est expédié en deux cases, trop hâtivement dessinées et occultant la polémique née autour du positionnement malencontreux du « putain de camion » dans ce fichu virage…

Une bonne surprise malgré tout, que cette BD, qui reste vivante et sympa, à l’image d’un personnage attendrissant dont on aimerait connaître l’avis teinté d’humour sur les événements récents…

« Coluche, une vie d’enfoiré ! » par Dimberton et Torregrossa, édition Jungle!, 30,5 x 23 cm, 88 pages, 14,95 €.

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BD : bikers, Harley et Ku Klux Klan, un cocktail détonant


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« Amerikkka » est une série BD sur le côté sombre de l’Amérique, avec Roger Martin au scénario, un expert du Ku Klux Klan et des mouvements d’extrême-droite en France. Dans le tome 9, « Cauchemar californien », son héros, l’agent spécial Steve, infiltre un gang de bikers racistes. Trafics et règlements de comptes figurent au menu cette BD rythmée mais un peu cliché, inspirée de la série TV « Sons of Anarchy ».

Un mot sur « Amerikkka », prévue en dix tomes : « En prise directe avec l’actualité et l’histoire, cette série à rebondissements vous fera découvrir à chaque nouvel épisode une région différente des États-Unis ainsi qu’une affaire impliquant les terroristes du Ku Klux Klan, l’organisation secrète ségrégationniste américaine », explique l’éditeur, Emmanuel Proust.

Pour lutter contre cette véritable pieuvre, deux agents spéciaux : Angela Freeman, la jeune métisse discrète, et Steve Ryan, un dur-à-cuire presque angélique. À l’âge de 4 ans, Steve Ryan a perdu son père, syndicaliste, conseiller de Martin Luther King et membre fondateur de l’Anti Klan Network (AKN), qui fut enlevé le jour de la création de l’organisation et n’a jamais été retrouvé.

L’oncle et parrain d’Angela, William Freeman, autre membre fondateur, a péri dans l’incendie criminel d’une église baptiste à Birmingham. La mission des deux agents infiltrés : partout où l’on signale des activités criminelles imputables au Klan et à l’ultra droite, ils viennent apporter leur expérience, engrangent les preuves pour permettre à l’AKN de porter de nouveaux coups à l’hydre sans cesse renaissante.

Dans le sud de la Californie, les affrontements entre bandes de motards pour la conquête des territoires ont fait des dizaines de morts. Quand un agent inflitré dans un des gangs les plus dangereux est découvert mort, les autorités font logiquement appel aux agents très spéciaux Steve et Angela. Angela étant enceinte, Steve part seul infiltrer le groupe de bikers extrémistes LibertAryens…

Le récit, écrit en lettres de sang par Roger Martin, est bien servi par un dessin réaliste et précis, même si on tique sur quelques croquis de motos approximatifs. Plus gênant, le récit s’embrouille à plusieurs reprises, la trame déraille comme une chaîne distendue et devient dure à suivre. La description des motards n’évite pas les clichés. Et l’on a un peu de mal à croire que ce policier infiltré puisse se faire admettre des bikers avec autant de facilité.

Mais l’ouvrage se lit vite, le rythme redoutable faisant apprécier le divertissement. En fait, cette BD se dévore comme une série télé. On pense bien sûr à l’univers de « Sons of Anarchy », même si les personnages qui défilent dans la lucarne sont plus complexes, donc plus intéressants que ceux de la BD.

« Amerikkka » par Martin et Otero, éditions EP, 24 x 32,2 cm, 48 pages, 13,50 €.

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