Rando MotoMag Portugal (jour 1) : première panne et premières chutes…


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TIN… TIN… TIN…

 On ze road again ! It’s show time, folks….

Nayé, la rigueur militaire du chef-chef-oui-chef a repris ses droits.

7h30 petit déj’, 8h30 décollage de la troupe.

 La troupe, justement. Parlons en un peu.

Elle est motivée, et gourmande de kilomètres de petites routes en cette première journée de roulage, malgré la grisaille proposée par un ciel basque de nature contrariante ce matin.

Les groupes ont pris la route en ordre dispersé, au fur et à mesure de leur harnachement.

Quelques minutes à peine, et nous voilà déjà en terre étrangère.

Les plus prévoyants se sont rués dans la première station-service rencontrée, pendant que les autres traçaient la route.

Très vite on prend de la hauteur, nous échappant par une petite route de corniche qui nous emmène le long de la côte atlantique.

 Dommage que toute cette grisaille nous empêche de profiter à fond de la majesté du panorama.

La réalité du terrain nous ramène rapidement aux contraintes d’organisation : peu avant San Sebastian, un attroupement de motos sur le bord de la chaussée, en un endroit à priori peu propice aux investigations touristiques, attire mon attention.

Une moto est en panne chez les Jaunes. Renseignement pris, c’est une panne d’essence. Jean-Jacques et son bidon magique sont déjà partis chercher le liquide salvateur à la station la plus proche.

Je redécolle, non sans avoir pris soin de graver pour la postérité cet instant de désœuvrement, qui vaudra à son responsable une prochaine tournée dans un estaminet de bonne facture !!!

 Les kilomètres défilent, mais à un rythme mesuré.

Il faut dire que le profil du terrain et la forte fréquentation cycliste et piétonne (chemin de St Jacques) en ce dimanche de Pentecôte sur des routes particulièrement étroites, ne rendent pas la progression des plus aisées.

Entre les paysages côtiers qui vous aimantent l’œil, les chaussées sinueuses jouant aux montagnes russes, souvent sans visibilité, sur lesquelles il convient d’éviter les Miguel Indurain en herbe et les promeneurs en baguenaude, la moyenne horaire en prend un bon coup sur le carafon.

 Comment ne pas profiter du ballet des surfeurs guettant LA vague idéale, ou de ces petits ports croquignolets parsemant la côte ?

Mais ça se gâte soudainement, lorsque la grisaille fait de nouveau place à la pluie. D’abord faible crachin avant que de devenir une bonne pluie bien dense, qui justifie à elle toute seule la végétation verdoyante que nous traversons.

Nous alternons roulages en corniches, percées au cœur de forêts torturées, traversées de petits villages, bord de mer…

Le roulage est technique et parfois malaisé tant la pluie a rendu ces petites routes glissantes. Les passages en sous-bois n’arrangent rien, le sol se trouvant parfois tapissé de résidus de végétation à l’adhérence plus que douteuse.

Un des participants à l’admiration touristique appuyée, en fera la douloureuse expérience, en laissant trainer son regard un peu trop longtemps dans la contemplation des paysages, et en posant du coup sa roue avant dans l’herbe d’un bas-côté qui l’accueillera de la façon la plus amicale qui soit : en l’autorisant à s’y coucher en douceur, de tout son long.

Pas le moindre bobo, si ce n’est peut être pour son amour propre, mais une soudaine recherche d’amis à même de lui prêter main forte pour l’aider à extraire les trois quintaux de ferraille et de plastique de sa 1200 RT (le teuton fait dans le massif !!!) du petit ravin ou le paquebot s’était échue…

Heureusement, dans ce genre de situation, Philippe le magicien dans le camion mécanique n’est jamais très loin.

Notre distrait et son enclume regagneront donc sans encombre la bienveillante surface asphaltée où dame RT évolue nettement plus à son aise (fallait acheter une GS comme tout le monde, s’il était question d’aller se trainer dans la fange…)

Un peu plus loin, à une portée de Deba (généralement, c’est comme les collants, vendus par paire), je m’arrête discuter avec le groupe des Rouges qui se sont mis à l’abri de la pluie afin de se réchauffer avec un bon café.

Une petite demi-heure plus tard, l’équipe d’Isa reprend la route alors que les Bleus de Jacky viennent juste de passer.

Je prends mon temps, espérant apercevoir les Jaunes de Jean-Jacques, mais, en désespoir de cause, ne voyant rien venir, je suis à mon tour les consignes du Tripy afin de retrouver un groupe, plus loin devant moi.

Mais la prise de contact sera bien plus rapide et brutale qu’espéré.

Un km plus loin, au détour d’un virage, j’aperçois une voiture arrêtée sur la file d’en face, et plein de silhouettes qui gesticulent au bord de la chaussée.

Puis, très rapidement mon cerveau repère une moto couchée sur la route avec l’avant d’encastré sous la voiture. Je me dis que ce n’est pas une des nôtres… jusqu’à ce que j’identifie le vert lumineux de la 650 Versys d’Isa, l’ouvreuse des Rouges.

Le temps de garer le Stelvio, de prendre des nouvelles très rassurantes d’Isa qui n’a fort heureusement rien du tout, de débarrasser la chaussée de tous les débris de carénage de la petite Kawette, et je repars en sens inverse pour prévenir notre chef-chef-oui-chef qui ignore encore tout de cette première grosse galère.

Coup de chance, je le croise très rapidement, et après l’avoir mis au courant, nous identifions l’origine de la gamelle de notre pauvre Isa : une tâche de carburant traitresse juste sur la trajectoire, qui lui a fait perdre instantanément l’avant avant que d’avoir pu dire « ouf »…

La moto est prestement chargée dans le camion méca. Elle est irrémédiablement « out » pour le reste de la rando.

La police est sur place qui aide à remplir le constat amiable.

Du coup, je récupère le groupe des Rouges, laissant mon rôle de chasseur d’images de côté, et c’est avec un train de sénateur et sous une pluie redoublant de vigueur, que nous gagnons, à la bourre, le restau méridien afin de remettre du combustible dans les chaudières, bien sollicitées avec toute cette humidité ambiante.

Repas très sympa et de bonne facture au Jatetxea, en Pays basque espagnol.

On repart sous la pluie, pour une après-midi de petites routes sur lesquelles nous maudirons sans cesse cette rognududju de saleté de météo basque qui nous prive par son plafond plombé et ses averses incessantes, de paysages magnifiques et d’un plaisir de roulage boosté drastiquement (beaucoup roulent sur des œufs, voire avec le frein à main, psychologiquement coincés par la crainte d’aller aussi se manger un billet de « par terre »).

Et qu’est ce qui se passe, lorsque vous mettez tout un troupeau de motards dégoulinants dans un café, devant un écran pétant de luminosité et de soleil, sur lequel la vingtaine d’équilibristes et de funambules les plus talentueux de l’hémisphère joue des coudes et se tire la bourre ?

 Ben ça donne ça…

A mon grand dam, alors que comme quelques autres je suis – littéralement hypnotisé par le début de ce grand prix de Mugello et l’intensité de son baston – mes p’tits rouges me signifient qu’il est temps de se remettre en route…. Damned ! J’ai beau connaître le résultat (c’est une redif’), j’aurais volontiers prolongé les caméras embarquées avec un genou par terre.

Au lieu de ça, on retrouve une flotte qui ne nous lâche pas, avec deux degrés d’angle et une conduite (je n’ose parler de pilotage, vu la vitesse à laquelle nous nous déplaçons) « à l’ancienne ».

Les routes sont toujours aussi viroleuses, et on se dit que si seulement le soleil avait été de la partie….

Un peu plus haut, on s’immerge définitivement dans la brume (qui n’a rien de cotonneuse en l’espèce) des nuages. Une belle purée de poix qui rend la visibilité quasi-nulle (mais au moins il ne pleut plus).

 Le Tripy nous indiquant que, selon les consignes de notre duo de chefs-chefs-oui-chef, il y a là un spot photos incontournable, nous obéissons réglementairement aux consignes de la hiérarchie !!!!

Ce qui te permet – Ô lectorat chéri – de profiter toi aussi, dans le confort moelleux de ton canapé, de la beauté époustouflante de la vue proposée – en cet endroit béni des Dieux – à nos yeux hébétés de bonheur….

Profite, c’est gratuit et offert de bon cœur !

Si, si…

La redescente nous donne l’occasion de croiser nos premiers représentants de la faune en liberté sur les routes. Un coup de semonce pour nous préparer à la vigilance future qui devra être de mise les jours à venir.

Allez, un dernier coup de collier, et tout le monde se retrouve (sans pluie, Ô miracle ! Somme nous enfin écoutés des divinités ou d’Evelyne Dheliat ????) à l’hôtel Miera à Lierganes.

Après une séance de parcage « au cordeau », menée d’une main de fer par une Isa remise de ses émotions matinales, chacun retrouve enfin un peu de sec et de chaleur.

Soirée entamée autour d’un bon repas (‘poulet’ cette fois ci, après une excellente et copieuse assiette d’entrées variées), par petites tablées de quatre, avant de se conclure en face, au bar « las hijas del pez », ancien garage reconverti, où la mousse va couler en abondance, histoire d’étancher la déshydratation née des nombreuses discussions et anecdotes de la journée.

Bon, après ça, encore une séance de roupillon que personne n’aura volée.